Libye: l'Otan va aider Misrata, le régime prêt au dialogue

Libye: l'Otan va aider Misrata, le régime prêt au dialogue

Le chef militaire des rebelles libyens, le général Abdel Fattah Younés, a accusé mardi l'Otan d'abandonner Misrata (214 km à l'est de Tripoli), exposée depuis des jours aux tirs des forces de Mouammar Kadhafi.

L'Otan, mise en cause par les rebelles, a promis mercredi de protéger les habitants de Misrata, ville de l'ouest de la Libye bombardée par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, au lendemain d'une ouverture du régime en faveur du dialogue.

L'Otan "va tout faire pour protéger les civils de Misrata", assiégée depuis plus de 40 jours par les pro-Kadhafi, a déclaré à l'AFP la porte-parole adjointe de l'Otan, Carmen Romero.

Le chef militaire des rebelles, le général Abdel Fattah Younés, avait accusé mardi soir l'Otan de "laisser mourir les habitants de Misrata" (214 km à l'est de Tripoli). "Si l'Otan attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata", avait-il dit.

"L'eau y est coupée, il n'y a plus d'électricité ou de produits alimentaires, il n'y a plus de lait pour enfants depuis 40 jours, alors que les forces de Kadhafi bombardent tous les jours maisons, mosquées et hôpitaux à l'artillerie lourde", avait-il ajouté.

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait lui-même estimé mercredi matin que la situation ne pouvait "pas durer".

"Misrata est bien notre priorité numéro un", a répondu Mme Romero. "Nous avons procédé lundi à des bombardements autour de la ville ciblant des équipements de l'armée de Kadhafi", a-t-elle souligné, rappelant les chiffres communiqués mardi par l'organisation, soit 851 sorties aériennes depuis le 31 mars dont 334 pour préparer ou effectuer des frappes.

"Les opérations continuent au même rythme" et "la précision de nos frappes n'a pas changé", a-t-elle dit.

Depuis mardi, l'Otan est privée des services de l'aviation américaine pour des opérations de bombardement, Washington entendant ne conserver qu'un rôle de soutien, en retrait. La question se pose de savoir si les pays engagés vont pouvoir pallier l'absence des dizaines d'avions américains.

"Nous avons toutes les ressources nécessaires pour appliquer les résolutions des Nations unies", a assuré Mme Romero.

Le ministre français de la Défense Gérard Longuet a de son côté indiqué que Misrata pourrait désormais être ravitaillé par la mer par les insurgés, promettant que la coalition ferait en sorte "qu'à aucun moment les moyens militaires kadhafistes ne puissent l'empêcher".

A l'autre bout du pays, des bombardements se poursuivaient près du site pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli), à environ 40 kilomètres d'Ajdabiya, selon les rebelles.

"Nous arrêtons les jeunes qui viennent avec des armes. Qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire contre les tirs d'obus?", a déclaré Sherif Mohammad, un ancien soldat ayant rejoint la rébellion, à un point de contrôle de la ville.

Mardi, sur le front de Brega, les insurgés avaient reculé d'une trentaine de km vers l'est face aux coups de boutoir de l'armée loyaliste, selon un journaliste de l'AFP.

Côté politique, le régime libyen, cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile, s'est dit prêt au dialogue à condition que la rébellion dépose les armes.

"Ils (les rebelles) doivent déposer les armes. Ils pourront par la suite participer au processus politique", a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaïm mardi soir.

Tout en soulignant que le Conseil national de transition (CNT) formé par la rébellion "ne représente pas la base populaire en Libye", il a expliqué qu'"il y aurait des garanties pour tout processus politique par le biais d'observateurs de l'Union africaine et de l'ONU capables de dissiper tout doute".

Le pape Benoît XVI a lancé un appel "à toutes les parties en cause" pour "engager un travail de pacification et de dialogue et éviter de nouvelles effusions de sang".

La priorité doit être un cessez-le-feu et la mise en place de couloirs humanitaires, avant de discuter des changements politiques, a estimé de son côté le ministre turc chargé des Affaires européennes Egemen Bagis.

La Commissaire européenne chargée des questions d'immigration Cecilia Malmström a demandé pour sa part aux Etats de l'UE de prendre en charge les Libyens fuyant les combats.

Environ 150 réfugiés somaliens ou érythréens sont morts ou portés disparus mercredi après le naufrage en Méditerranée de leur embarcation en provenance de Libye, selon les autorités italiennes.

Sur le plan économique, un pétrolier doit charger mercredi à Tobrouk, dans l'est du pays, la première cargaison de pétrole effectuée par la rébellion depuis l'arrêt total des exportations du pays. Le pétrole doit permettre de financer l'insurrection.

AFP

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