Libye: les rebelles reculent, accusent l'Otan de "laisser mourir" Misrata

Libye: les rebelles reculent, accusent l'Otan de "laisser mourir" Misrata

L'Otan a mené un raid aérien mardi contre des forces loyalistes au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à une trentaine de km à l'est du port pétrolier de Brega où des combats pour le contrôle de cette ville font rage depuis plusieurs jours, selon un journaliste de l'AFP.

Le chef militaire des rebelles libyens a lancé mardi une attaque en règle contre l'Otan, l'accusant de "laisser mourir les habitants de Misrata" (ouest) sous les tirs des forces de Mouammar Kadhafi, qui ont également gagné du terrain dans l'Est, près de Brega.

"La presse internationale doit soutenir avec force le peuple de Misrata et appeler (à l'aide) l'Otan qui croit nous rendre service en bombardant ici et là alors qu'il laisse les habitants de Misrata mourir tous les jours", a déclaré le général Abdel Fattah Younés lors d'une conférence de presse dans le fief rebelle de Benghazi (est).

"Si l'Otan attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata; nous ne trouverons plus personne là-bas", a ajouté le général, ancien ministre de l'Intérieur de Kadhafi qui s'est rallié à la rébellion en février.

Misrata, troisième ville du pays, est située à 214 km à l'est de la capitale Tripoli, bastion du régime Kadhafi. Depuis plus de 40 jours, les rebelles défendent sans relâche Misrata bombardée et assiégée par les forces loyalistes. Selon les rebelles, plus de 200 personnes ont péri dans les combats.

Selon le chef militaire rebelle, les habitants de Misrata sont désormais menacés "d'extermination au vrai sens du terme".

"L'eau y est coupée, il n'y a plus d'électricité ou de produits alimentaires, il n'y pas plus de lait pour enfants depuis 40 jours, alors que les forces de Kadhafi bombardent tous les jours maisons, mosquées et hôpitaux à l'artillerie lourde (...). Les habitants boivent de l'eau des égouts".

"Si l'Otan voulait briser le blocus de la ville, il l'aurait fait depuis plusieurs jours", a-t-il poursuivi. "Tous les jours, des civils, vieillards et enfants meurent à Misrata. L'Otan n'a rien fait, il bombarde ici et là".

Ces accusations d'une virulence sans précédent interviennent quelques heures après que l'Alliance atlantique eut pourtant annoncé qu'elle avait fait de la défense de Misrata sa "priorité numéro un".

A Bruxelles, le général néerlandais Mark van Uhm, responsable des opérations conjointes alliées, a vanté l'efficacité des frappes alliées, expliquant que l'armée de Mouammar Kadhafi avait perdu le tiers de son potentiel après 17 jours de bombardements. L'Otan avait pris le relais de la coalition multinationale le 31 mars dernier.

Les avions de l'Otan ont effectué 14 bombardements lundi, a-t-il indiqué, y compris sur des défenses antiaériennes et des blindés des forces pro-Kadhafi dans la région de Misrata qui est la "priorité numéro un, en raison de ce qui se passe sur le terrain".

A l'autre bout du pays, dans la bataille qui oppose depuis près d'une semaine rebelles et loyalistes près du site pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli), l'Otan a mené mardi matin un raid aérien à une trentaine de km à l'est du port. Cette frappe a détruit deux pick-up des forces loyalistes venant de l'ouest qui avaient effectué une incursion dans le secteur déserté. Le raid n'a pas fait de victimes.

Les rebelles se trouvaient en fin d'après-midi à quelques dizaines de km d'Ajdabiya, reculant d'environ une trentaine de km vers l'est face aux coups de boutoir de l'armée loyaliste, selon un journaliste de l'AFP.

"Il n'y a pas de révolution sans revers", a déclaré à l'AFP Moustafa Gheriani, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT), organe représentatif des rebelles.

Il s'était pour sa part refusé à montrer du doigt l'Otan pour expliquer ces revers. "Le peuple vaincra. Kadhafi ne peut pas diriger la Libye avec sa grosse machine, ses milices et ses mercenaires... Nous sommes déterminés à combattre ce tyran, et soit on le chassera, soit il dirigera un pays vide", a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a affirmé mardi que la France cherchait une solution politique au conflit.

"Nous sommes en train de voir avec qui on peut travailler à Tripoli. Il va y avoir de plus en plus de défections autour de Kadhafi et il faut détecter les bons interlocuteurs", a indiqué Alain Juppé, jugeant la situation sur le terrain "confuse et indécise".

Alain Juppé a enfin indiqué que la prochaine réunion du Groupe de contact sur la Libye, créé à Londres il y a une semaine, se réunirait "peut-être le 12 ou 13 avril au Qatar".

Le porte-parole du gouvernement libyen avait affirmé lundi soir que le régime était prêt à négocier des élections ou un référendum notamment. "Quel système politique à appliquer dans le pays? Ceci est négociable. Nous pouvons en parler. Nous pouvons avoir tout, élections, référendum, etc.", avait déclaré Moussa Ibrahim à des journalistes.

Mardi après-midi, un pétrolier a par ailleurs accosté à Tobrouk, dans l'est de la Libye à 130 km de l'Egypte, selon un journaliste de l'AFP.

Le tanker doit charger mercredi la première cargaison de pétrole effectuée par la rébellion libyenne depuis l'arrêt total des exportations du pays, ce qui permettrait de financer l'insurrection contre le colonel Mouammar Kadhafi.

Le régime autoritaire du colonel Kadhafi est la cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile entre insurgés et forces loyales au dirigeant.

AFP

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