Libye: les loyalistes reprennent Ras Lanouf, fissures dans l'entourage de Kadhafi

Pris sous d'intenses tirs de chars et d'artillerie, des centaines de rebelles paniqués ont dans un premier temps reflué vers la ville de Brega, à une centaine de km plus à l'est.

Les frappes aériennes se sont poursuivies dans la nuit de mercredi à jeudi sur la Libye, où des fissures sont apparues dans l'entourage proche de Mouammar Kadhafi, dont les forces ont repris le site pétrolier de Ras Lanouf et progressé vers Brega.

Des appareils de la coalition ont survolé Tripoli dans la nuit, avant que des explosions ne soient entendues dans la banlieue de Salaheddine, au sud-est de la capitale, à rapporté un témoin à l'AFP.

L'Otan a de son côté annoncé avoir commencé mercredi à assurer le commandement des opérations aériennes, prenant la suite de la coalition dirigée par les Etats-Unis.

Au plan politique, le colonel Kadhafi a subi un grave revers avec la démission de son ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, une des principales figures du régime, annoncée à son arrivée mercredi soir à Londres, après un bref séjour en Tunisie.

Un haut responsable américain a qualifié cette défection de "très importante", estimant qu'elle montrait que l'entourage de Mouammar Kadhafi n'avait plus confiance dans la solidité du régime.

"Nous encourageons ceux de l'entourage de Kadhafi à le quitter", a déclaré de son côté le Foreign Office à Londres dans un communiqué.

Au pouvoir depuis 42 ans, le colonel Kadhafi, confronté à une révolte populaire sans précédent, ne s'est pas exprimé en public depuis plusieurs jours.

Sur le terrain, de "petits groupes" d'agents de la CIA sont déployés en Libye pour prendre contact avec la rébellion et guider les frappes de la coalition, a affirmé mercredi le New York Times. La chaîne ABC a assuré que le président Barack Obama avait donné l'autorisation d'aider secrètement les rebelles.

De même source, "des dizaines de membres des forces spéciales britanniques et d'agents du service d'espionnage MI6 travaillent en Libye", en particulier pour recueillir des renseignements sur les positions des forces loyalistes.

Réagissant à ces révélations, le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a dit refuser "de s'exprimer sur des questions de renseignement".

Dans la journée, un raid aérien a été mené peu avant 15h00 GMT à l'ouest d'Ajdabiya, a constaté un journaliste de l'AFP. A plusieurs km de la ville, une énorme boule de feu de plusieurs dizaines de mètres est montée dans le ciel.

Le raid a été immédiatement salué par une centaine de rebelles rassemblés à la porte ouest d'Ajdabiya.

Le régime libyen a dénoncé le "soutien" militaire de la coalition internationale aux rebelles.

L'avancée des insurgés a été stoppée puis inversée ces deux derniers jours par les forces du régime.

Les loyalistes, revigorées par l'absence de frappes aériennes depuis plusieurs jours, ont repris mercredi matin le port pétrolier de Ras Lanouf et progressé vers Brega, à environ 80 km à l'ouest d'Ajdabiya. Les rebelles ont multiplié les appels à l'aide à la coalition internationale.

Ras Lanouf, à 370 km à l'ouest de Benghazi, avait été prise par les insurgés le 27 mars.

Pris sous d'intenses tirs de chars et d'artillerie, des centaines de rebelles paniqués ont dans un premier temps reflué vers Brega, une centaine de km plus à l'est.

"Nous voulons que les Français bombardent les soldats (de Kadhafi, ndlr)", a lancé à l'AFP un rebelle, Ali Atia al-Fatouri, alors que s'intensifiaient les tirs d'armes lourdes et légères.

Dans l'après-midi, les insurgés ont poursuivi leur repli vers l'est.

Selon les rebelles, Brega est tombé aux mains de l'armée gouvernementale dans l'après-midi, une information invérifiable directement. Mais depuis Ajdabiya, un journaliste de l'AFP a pu entendre le bruit de la canonnade.

A l'ouest de Syrte, les loyalistes ont à nouveau attaqué Misrata, à coups d'obus de chars et de roquettes, au lendemain d'une attaque qui a fait 18 morts selon la rébellion et un médecin.

Dans une conférence de presse à Benghazi, un porte-parole des rebelles a expliqué le retrait des insurgés par le fait qu'ils étaient confrontés à des milliers d'hommes, membres selon lui de la garde républicaine tchadienne.

"La meilleure réponse était d'opérer un repli tactique", a ajouté le colonel Ahmad Bani, qui a par ailleurs nié catégoriquement que des éléments d'Al-Qaïda se trouvent dans les rangs des rebelles, comme l'a laissé entendre un chef militaire de l'Otan.

Les rebelles réclamaient à cor et à cri la reprise des frappes aériennes internationales sur la route de Syrte, ville natale du colonel Kadhafi.

"Nous voulons deux choses", a expliqué à l'AFP un combattant, Younes Abdelghaim, près de Brega, brandissant une kalachnikov et un drapeau français: "Que les avions bombardent les chars et l'artillerie lourde de Kadhafi, et qu'ils (la coalition) nous donnent des armes".

L'Otan a commencé mercredi à assurer le commandement des opérations aériennes. Le transfert se fait "graduellement", a affirmé un responsable de l'Alliance atlantique à l'AFP.

Au 12ème jour de l'intervention, le cap des 2.000 sorties aériennes a été franchi mercredi, dont 60% par des avions américains, selon le Pentagone.

A l'ONU, l'ancien ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, Miguel D'Escoto, nommé mardi représentant du régime de Mouammar Kadhafi, a été qualifié de "mercenaire" par l'ancien ambassadeur de Libye, Abdulrahman Shalgham, qui a fait défection.

Le Nicaragua de Daniel Ortega, proche allié d'Hugo Chavez, son homologue du Venezuela, a pris la défense de Mouammar Kadhafi et Managua a annoncé mardi que Miguel D'Escoto serait dorénavant le représentant libyen à l'ONU.

AFP

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