Libye: l'après-Kadhafi discuté à Londres, les rebelles reculent à l'Est

Dans l'Est, après avoir rapidement progressé ces derniers jours, les rebelles visaient Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi, mais ils ont reculé, sous le feu des forces régulières, à plus d'une centaine de kilomètres de leur objectif, selon des journalistes de l'AFP.

Un "groupe de contact" sur la Libye s'est formé mardi à Londres avec l'ambition d'esquisser l'après-Kadhafi, mais sur le terrain, les forces du dirigeant libyen ont réussi à faire reculer les rebelles dans l'Est.

A Londres, une quarantaine de pays et d'organisations régionales sur la Libye ont confirmé officiellement la création de ce "groupe de contact" chargé du pilotage politique de l'opération internationale dont l'Otan doit prendre en main le volet militaire jeudi à 6H00 GMT.

Même si les pays arabes sont apparus en retrait -- et l'Union africaine a décliné l'invitation --, la prochaine réunion du groupe se tiendra au Qatar, seul pays arabe, avec les Emirats arabes unis, à participer aux opérations militaires en Libye, selon le communiqué final.

"Kadhafi et son régime ont perdu toute légitimité et seront tenus responsables de leur action", a insisté le texte, tout en précisant que "seuls les Libyens" pouvaient choisir leur avenir.

A l'ouverture de la réunion, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait prévenu: les frappes de la coalition continueront "jusqu'à ce que Kadhafi remplisse pleinement les conditions de la résolution de l'ONU", soit un cessez-le-feu immédiat et un accès pour l'aide humanitaire.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré que la France était prête à discuter avec ses alliés d'une aide militaire aux rebelles libyens, tout en reconnaissant que ce n'était pas prévu par les récentes résolutions de l'ONU.

La principale formation d'opposition libyenne, le Conseil national de transition (CNT), n'a pas été autorisée à participer, mais elle a enregistré plusieurs avancées.

Mahmoud Jibril, son responsable des affaires internationales, a rencontré à Londres les ministres des Affaires étrangères américaine, britannique et français. Washington a annoncé l'envoi prochain d'un diplomate à Benghazi, fief de la rébellion, où un ambassadeur français, Antoine Sivan, était en passe de prendre ses fonctions.

Ainsi conforté, le CNT a promis des "élections libres et justes" et souligné ses "aspirations à un Etat uni, libre et moderne". Il a aussi insisté pour que "les crimes" commis par le colonel Kadhafi ne restent "pas impunis".

Dans la matinée, Mouammar Kadhafi a appelé la coalition à arrêter son "offensive barbare et injuste contre la Libye" entamée le 19 mars pour tenter de mettre fin à plus d'un mois de répression d'une révolte populaire entamée le 15 février.

Mardi en fin d'après-midi, des avions ont survolé Tripoli et de fortes explosions ont secoué la ville peu après, selon un journaliste de l'AFP.

Deux détonations ont résonné à trois minutes d'intervalle vers 16H30 GMT dans le secteur de la résidence du colonel Kadhafi. Et sept fortes détonations ont retenti à Tajoura, un secteur visé presque chaque jour par la coalition. Selon des témoins, un site de radars a été touché.

A 200 km plus à l'est, les forces pro-Kadhafi continuaient de progresser dans Misrata, ville rebelle assiégée par l'armée régulière, selon les rebelles à Benghazi, qui redoutaient "un massacre".

Un médecin de l'hôpital de la ville joint par téléphone a déclaré que l'offensive avait déjà fait au moins 142 morts et 1.400 blessés depuis le 18 mars. Un ferry turc était en route pour Misrata pour évacuer des blessés.

Dans l'Est, après avoir rapidement progressé ces derniers jours, les rebelles visaient Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi, mais ils ont reculé, sous le feu des forces régulières, à plus d'une centaine de kilomètres de leur objectif, selon des journalistes de l'AFP.

Aucun missile air-sol n'a frappé l'armée libyenne sur la route de Syrte depuis plus de 24 heures. Or, l'appui aérien est essentiel pour les rebelles, qui ressemblent davantage à des manifestants en armes qu'à une force combattante.

"L'Otan, ce n'est pas bon. Ils ne veulent pas nous aider (...). Nous ne voulons que la France et l'Angleterre. Eux, ce sont les vrais amis de la Libye. Ils attaquent les hommes de Kadhafi avec leurs avions", a déclaré Ramadan Berki, vendeur de vêtements à Benghazi et volontaire de la rébellion.

L'amiral James Stavridis, patron militaire de l'Otan et commandant des forces américaines en Europe, a déclaré mardi que l'Otan n'avait "pas de représentant" en Libye pour assurer une liaison avec les rebelles. Lundi, le Pentagone avait reconnu ne "pas savoir" grand-chose des rebelles.

Selon le Pentagone, l'opération a déjà coûté 550 millions de dollars à l'armée américaine.

Plus de 330.000 personnes, principalement des étrangers, ont déjà fui les violences en Libye, et environ 9.000 de ces déplacés étaient encore bloqués aux frontières avec l'Egypte et la Tunisie, selon l'ONU.

L'agence de l'ONU pour les réfugiés a aussi signalé la présence de "bateaux en détresse" en Méditerranée, avec à leur bord des personnes fuyant les combats en Libye.

A Doha, l'opposition libyenne a créé une chaîne de télévision, Libya TV, avec des programmes axés sur le conflit en Libye. Elle devait commencer à émettre dans la soirée sur le satellite Nilesat.

AFP

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