Libye: les rebelles avancent rapidement vers l'ouest

Samedi, la reprise d'Ajdabiya et du site pétrolier voisin de Brega avait constitué la première victoire des rebelles depuis le début de l'intervention militaire de la coalition internationale.

Les insurgés libyens avançaient rapidement dimanche vers l'ouest, en direction de Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi, profitant de la débandade de ses forces affaiblies par les frappes de la coalition internationale.

L'Otan se prépare à prendre le commandement de toutes les opérations militaires en Libye et des diplomates ont indiqué à l'AFP que l'Alliance avait l'intention de limiter strictement les frappes à la protection des civils et des zones habitées.

Dimanche matin, les rebelles ont repris le terminal pétrolier de Ras Lanouf (est), selon des journalistes de l'AFP. Ce bourg est situé à 210 km à l'ouest d'Ajdabiya, carrefour stratégique reconquis samedi par la rébellion.

Les pro-Kadhafi "ont fui hier soir, après le raid aérien", raconte un insurgé, Mohsen Omar, 30 ans. "Ils ont pris la fuite, et aujourd'hui nous les poursuivons. On ne s'arrête pas avant d'avoir libéré Misrata, et puis Tripoli!"

Les insurgés ont ensuite pris la localité de Ben Jawad, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Ras Lanouf.

Les forces pro-Kadhafi se replient en direction de Syrte, à 200 km plus à l'ouest, le long d'une côte plate et désertique difficile à défendre sans aviation ni artillerie lourde.

Selon une habitante de Syrte jointe par téléphone, la ville a été pilonnée toute la nuit par des frappes aériennes. "La ville est devenue une boule de feu". La plupart des habitants, terrifiés, ont fui dans le désert.

La coalition a aussi mené des raids intensifs sur la route côtière entre Ajdabiya et Syrte. "Les frappes aériennes (sur Syrte) ont continué pendant des heures et des heures, sans arrêt", selon un porte-parole du régime.

Samedi, la reprise d'Ajdabiya et du site pétrolier voisin de Brega avait constitué la première victoire des rebelles depuis le début de l'intervention militaire de la coalition internationale le 19 mars, inversant la tendance après une longue reculade et une semaine de stagnation.

Depuis jeudi, les raids ont "préparé le champ de bataille" et des officiers et soldats ayant rejoint la rébellion ont joué un rôle majeur, coordonnant leurs attaques avec la coalition, a expliqué un porte-parole rebelle à Benghazi, Chamseddine Abdoulmolah.

Alors que les craintes de voir les combats ou des sabotages toucher les infrastructures pétrolières avaient fait grimper les cours du brut, les journalistes de l'AFP n'ont vu aucun signe de dégâts importants sur les terminaux de Brega et de Ras Lanouf.

Selon les rebelles, les champs pétroliers situés dans les régions qu'ils contrôlent produisent actuellement 100.000 à 130.000 barils par jour. L'opposition projette d'exporter du pétrole d'ici "moins d'une semaine", a déclaré un porte-parole rebelle, Ali Tarhoni, ajoutant que la rébellion a délégué au Qatar la commercialisation du brut.

Accusé de s'être lancé dans un conflit sans stratégie de sortie en Libye, le président américain Barack Obama s'est réjoui de l'évolution de la situation, déclarant que la mission internationale était "ciblée et en train de réussir".

La situation en Libye menace de déstabiliser la Tunisie et l'Egypte et de "mettre en danger" les révolutions dans ces deux pays voisins, a justifié le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.

"Il y a de nombreux diplomates et chefs militaires en Libye qui basculent, qui changent de côté, qui font défection parce qu'ils voient comment ça va se terminer", a pour sa part noté la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, sur CBS.

Le département d'Etat américain a loué les efforts de l'Union africaine pour tenter de trouver une solution négociée à la crise libyenne.

Le régime libyen s'est d'ailleurs dit prêt à accepter le plan de l'UA prévoyant la cessation des combats et un dialogue en vue d'une "transition" démocratique. Mais les rebelles l'ont rejeté, exigeant le départ du colonel Kadhafi.

Des négociations se poursuivaient dimanche pour que l'Otan prenne toutes les opérations en main. Selon des diplomates, l'Otan souhaite strictement limiter les frappes à la protection des civils et des zones habitées.

A l'approche de la réunion du groupe de contact mardi à Londres, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé une initiative franco-britannique en vue d'une solution politique.

L'Italie, ancienne puissance coloniale, a annoncé qu'elle présenterait elle aussi un plan, qui prévoit un exil du colonel Kadhafi. "Même à l'intérieur du régime, il y a des gens qui travaillent à cette solution", selon le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini.

Benoît XVI a lancé un appel pour l'ouverture "immédiate d'un dialogue" afin d'aboutir à un cessez-le-feu en Libye.

Un bateau transportant près de 300 migrants africains est arrivé dans la nuit de samedi à dimanche dans le sud de l'Italie, la première embarcation en provenance de Libye depuis le début de la rébellion. D'autres étaient en route.

Après le début de l'insurrection libyenne, réprimée dans le sang, et le lancement de l'intervention militaire, le colonel Kadhafi a affirmé qu'il cesserait "de lutter contre l'immigration clandestine pour que des millions de noirs affluent vers l'Europe".

Rome a affirmé craindre une vague d'au moins 200.000 à 300.000 immigrés en cas de chute de Mouammar Kadhafi.

AFP

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