Libye: les forces de Kadhafi sur la défensive, la pression militaire est maintenue

Le Qatar a annoncé vendredi que certains de ses avions de combat avaient survolé la Libye, devenant le premier pays arabe à participer à l'opération militaire internationale.

Un porte-parole de la rébellion en Libye a affirmé samedi à Benghazi, fief des insurgés dans l'est, que les forces fidèles au colonel Mouammar Kadhafi étaient maintenant "sur la défensive", poursuivies par les rebelles depuis la ville stratégique d'Ajbadiya.

"Ajdabiya est à 100% sous le contrôle de nos forces, et nous poursuivons les forces de Kadhafi sur la route de Brega, à 75 kilomètres de là" plus à l'ouest, a déclaré à des journalistes le porte-parole, Chamsiddin Abdoulmolah.

Des journalistes de l'AFP ont constaté samedi matin qu'Ajdabiya était tombée aux mains des rebelles.

La ville, désormais calme, résonnait dans la matinée du bruit des avertisseurs des voitures de rebelles, qui faisaient le V de la victoire, et des tirs de joie.

Vendredi, la coalition internationale avait maintenu la pression militaire sur les forces du colonel Mouammar Kadhafi, tout en commençant à chercher une issue politique à une opération qui risque de s'enliser.

Le régime libyen s'est dit prêt "à mettre en oeuvre" un plan de l'Union africaine (UA) qui propose la cessation des combats et l'ouverture d'un dialogue entre Libyens en préalable à une "transition" démocratique.

"Nous sommes prêts à mettre en oeuvre la feuille de route" envisagée par l'UA, y compris "la mise en oeuvre d'une politique qui réponde aux aspirations du peuple libyen de façon pacifique et démocratique", ont affirmé les membres d'une forte délégation gouvernementale à une importante réunion de l'UA à Addis Abeba, où aucun représentant de la rébellion n'était présent.

Mais "ce qui se passe aujourd'hui en Libye est un problème strictement africain qui ne peut être réglé que par la seule Union africaine", ont-ils précisé.

Le président américain Barack Obama a déclaré samedi que la mission internationale en Libye était claire, ciblée et en train de réussir, et avait évité à d'innombrables innocents le "bain de sang" dont menaçait le leader libyen Mouammar Khadafi.

Barack Obama prononcera lundi à 19H30 (23H30 GMT), une allocution consacrée à la Libye.

Dans son discours, il abordera "les actions entreprises avec nos alliés et partenaires pour protéger le peuple libyen de la brutalité de Mouammar Kadhafi, la transmission à l'Otan des opérations de commandement et de contrôle et la suite de notre politique", selon la Maison Blanche.

Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé que la France et le Royaume-Uni préparaient une initiative commune en vue d'une solution politique au conflit, à l'approche du sommet de Londres prévu mardi.

"Ce sera une initiative franco-britannique pour bien montrer que la solution ne peut pas être que militaire, elle sera forcément une solution politique et diplomatique", a-t-il expliqué.

Quelques heures plus tôt, le chef d'état-major français, Edouard Guillaud, avait déclaré que les opérations militaires allaient vraisemblablement se prolonger des "semaines".

Dans l'ouest, les forces pro-Kadhafi continuaient de pilonner Misrata, à 200 km à l'est de la capitale, a déclaré un témoin, précisant qu'une mère et ses quatre enfants avaient été tués. Jeudi, un médecin de l'hôpital de Misrata a fait état de 109 tués et 1.300 blessés en une semaine dans cette ville.

"Les bombardements aveugles à l'artillerie se poursuivent depuis jeudi soir, ils tirent sur tout (...). Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau et tout commence à manquer dans la ville", a raconté le témoin par téléphone.

Les Etats-Unis ont annoncé avoir tiré 16 Tomahawks contre des cibles libyennes au cours des 24 dernières heures.

Parallèlement, les avions de la coalition ont effectué 153 sorties. La montée en puissance des pays participants (France, Royaume-Uni, Canada, Italie, Espagne, Belgique, Espagne, Belgique, Danemark et pour la première fois le Qatar) s'est confirmée avec 86 sorties contre 67 pour les appareils américains.

Selon le vice-amiral américain Bill Gortney, l'armée libyenne a été considérablement affaiblie: "Kadhafi n'a quasiment plus de défense anti-aérienne (...). Son aviation ne peut plus voler, ses navires restent au port, ses dépôts de munitions continuent d'être détruits, les tours de communications sont abattues, ses bunkers de commandement inutilisables".

Le colonel Kadhafi a cependant décidé de promouvoir au rang supérieur tous les soldats et officiers pour leur "lutte héroïque et courageuse contre l'agression croisée et colonialiste", a rapporté l'agence libyenne Jana.

Selon un responsable du ministère libyen de la Santé, les raids internationaux ont fait au moins 114 morts, essentiellement à Tripoli et dans sa banlieue, et 445 blessé de dimanche à mercredi. Il n'a pas précisé la proportion de victimes civiles.

A Benghazi, des milliers de personnes se sont rassemblées pour la prière du vendredi, défendant ardemment les frappes aériennes entamées le 19 mars.

L'imam Wanis al-Mabruk al-Fisay a remercié les pays de la coalition, et assuré qu'il ne s'agissait pas d'une "guerre chrétienne". "Les avions protègent nos femmes et nos enfants à notre demande", a-t-il insisté.

Concernant la conduite des opérations, les pays de l'Otan ont conclu jeudi un compromis laborieux: ils vont prendre dans l'immédiat le relais de la coalition pour la zone d'exclusion aérienne, mais pas tout de suite pour les frappes au sol.

Des négociations doivent se poursuivre dimanche, pour faire en sorte que l'Otan prenne bientôt toutes les opérations en main, sans que l'ensemble de ses 28 pays membres n'aient à assumer des bombardements, que refuse notamment la Turquie.

En attendant, le général canadien Charles Bouchard a été nommé à la tête des opérations de l'Alliance en Libye.

Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, fait face depuis le 15 février à une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à fuir.

AFP

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