Les Occidentaux cherchent un compromis sur la Libye

Les pays européens tentent toujours de se mettre d'accord sur le rôle que l'Otan aura à jouer dans le conflit.

Les pays européens et occidentaux tentaient, jeudi à Bruxelles, de surmonter leurs divergences sur l'intervention militaire déclenchée en Libye, un compromis semblant se dessiner à l'Otan sur le rôle exact conféré à l'Alliance atlantique dans l'opération. Le conflit en Libye est au menu à la fois d'une réunion de deux jours des chefs d'État et de gouvernement européens, qui a débuté vers 17 heures, et d'une nouvelle réunion prévue dans l'après-midi des représentants des pays de l'Otan, dont la plupart des pays de l'UE font partie. Depuis plusieurs jours, les pays de l'Alliance atlantique négocient d'arrache-pied, mais en vain, pour s'accorder sur la place précise qu'occupera l'Otan.

Le sujet est très sensible. La France, à l'origine avec la Grande-Bretagne des frappes en Libye, est d'accord pour que l'Alliance prenne le commandement des opérations militaires, mais pas du pilotage "politique". Paris redoute, à défaut, de s'aliéner les pays arabes et entend garder une marge de manoeuvre pour pouvoir mener des frappes au sol, sans avoir à demander l'autorisation de tous les pays de l'Alliance. La France a donc obtenu que le pilotage politique soit confié à un "groupe de contact" des pays participant à l'intervention en Libye, avec la Ligue arabe et l'Union africaine. Une première réunion de ce forum est prévue mardi à Londres.

Les États-Unis veulent se désengager

Toutefois, selon un diplomate allié, il n'est pas exclu au final que les pays de l'Otan y soient représentés d'une manière ou d'une autre. Car le commandement bicéphale irrite plusieurs pays, à commencer par la Turquie. "Nous ne souhaitons pas un commandement à deux", a déclaré mercredi son chef de la diplomatie, Ahmet Davutoglu. L'Otan a déjà commencé à s'occuper de l'embargo maritime sur les armes à destination de la Libye. Mais Ankara refuse encore d'autoriser l'Alliance à passer à l'étape suivante en prenant en charge la zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen. La Turquie demande, en préalable, que la coalition cesse ses bombardements. Or la France a affirmé jeudi que la coalition allait "continuer les frappes aériennes" sur des cibles militaires. "Cela va continuer le temps nécessaire", a déclaré son chef de la diplomatie, Alain Juppé.

Le temps presse. Les États-Unis veulent se désengager le plus rapidement possible de la conduite des opérations. Le président Barack Obama fait face à de virulentes critiques dans son pays à propos du rôle des États-Unis dans les frappes contre la Libye, de l'incertitude sur l'issue de l'intervention et le coût de la guerre, alors que le pays est déjà lourdement engagé en Afghanistan et en Irak. Selon une source diplomatique, un compromis est toutefois en vue. Il verrait "les pays souhaitant mener des frappes en Libye le faire et ceux qui y sont opposés ne pas le faire". Concrètement, les premiers se chargeraient d'une zone d'exclusion aérienne élargie, où les bombardements sur des cibles au sol seraient autorisés, appelée "No-fly zone plus". Les seconds se chargeraient uniquement de la surveillance aérienne et des batteries de défense antiaérienne.

L'Otan doit diriger dès que possible les opérations de la coalition internationale militaire en Libye, a averti jeudi le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, précisant : "Nous nous attendons à ce que cela soit bientôt effectif." L'Union européenne se chargera, elle, du volet humanitaire en Libye, dans un deuxième temps. La guerre en Libye a mis à rude épreuve la cohésion de ses pays membres et fait voler en éclats sa politique étrangère commune. Mais ses dirigeants sont d'accord pour la charger d'une mission d'aide aux réfugiés et aux populations civiles, sécurisée s'il le faut par des moyens militaires. L'UE veut aussi se préparer à un éventuel afflux d'immigrants clandestins d'Afrique du Nord et cherche à augmenter son aide économique à la région.

AFP

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