Vifs débats autour du commandement de l'opération militaire en Libye

Vifs débats autour du commandement de l'opération militaire en Libye

Au quatrième jour de l'intervention internationale, les forces de Kadhafi poursuivent leur offensive dans l'ouest du pays.

De violents combats opposaient mardi les rebelles aux forces pro-Kadhafi dans l'ouest du pays, au quatrième jour de l'offensive aérienne internationale contre la Libye, l'Otan ayant pris en charge le respect de l'embargo sur les armes au terme de débats houleux. Les pays de l'Otan, en quête d'un compromis après leurs débats violents de lundi sur le bien-fondé et les modalités d'une participation de l'Alliance à l'intervention en Libye, se sont chargés mardi de la mission de faire respecter l'embargo sur les armes. Les 28 ambassadeurs des pays de l'Otan "sont tombés d'accord pour imposer un embargo sur les armes qui seraient acheminées" au large des côtes libyennes, a indiqué un diplomate.

Lundi soir, un avion de chasse américain F-15 s'est écrasé en Libye en raison d'un "dysfonctionnement de son équipement". Ses deux membres d'équipage se sont éjectés et un a été récupéré, a annoncé le commandement américain Africa Command, basé en Allemagne. L'usage exclusif de l'arme aérienne imposé par la résolution de l'ONU commence déjà à montrer ses limites face à des forces loyalistes et rebelles de plus en plus imbriquées et indiscernables. À Paris, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées, l'a reconnu sans ambages : "C'est une situation extrêmement complexe et difficile."

L'opération militaire de la coalition peut s'arrêter "à tout moment" si Muammar Kadhafi se conforme aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et accepte un cessez-le-feu, a déclaré le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. Le colonel Kadhafi avait annoncé un nouveau cessez-le-feu dimanche soir, mais la répression sanglante n'a pas cessé pour autant. Cinq personnes, dont quatre enfants, ont été tuées à Misrata, troisième ville du pays (200 kilomètres à l'est de Tripoli), par des tirs de pro-Kadhafi, selon les rebelles. La veille, 40 personnes y avaient déjà été tuées et plus de 300 blessées.

Offensive meurtrière des pro-Khadafi

Des chars et des snipers déployés dans la principale artère ont ouvert le feu "aveuglément", selon un porte-parole rebelle. Un porte-parole du régime avait indiqué lundi que cette ville avait été reprise des mains des insurgés "il y a trois jours" mais que les forces gouvernementales y recherchaient des "éléments terroristes". À Yefren (130 kilomètres au sud-ouest de Tripoli), "les forces de Kadhafi ont entrepris une offensive meurtrière lundi et mardi dans la région. Les combats ont fait au moins 9 morts à Yefren et beaucoup de blessés, a indiqué un habitant. "Nous nous attendions à ce que la coalition (internationale) empêche les bataillons de Kadhafi d'avancer vers cette région", sous contrôle de la rébellion, a-t-il ajouté. Dans la même région d'Al-Jabal Al-Gharbi, la ville de Zenten sous contrôle de la rébellion était toujours visée par des attaques des pro-Kadhafi lundi, selon des habitants.

Selon le régime libyen, depuis samedi, la coalition a mené des raids sur Tripoli, Zouara, Misrata, Syrte, ciblant notamment des aéroports et faisant de "nombreuses victimes" parmi les civils. Elle a aussi visé lundi Sebha, un fief de Kadhafi dans le sud du pays. Dans la nuit de lundi à mardi, des tirs de la défense antiaérienne suivis d'explosions ont retenti à Tripoli près de la résidence du dirigeant libyen. La nuit précédente, des missiles avaient détruit un bâtiment au sein de cette résidence-caserne dans le sud de la capitale. Une base navale à 10 kilomètres à l'est de Tripoli a également été touchée par des bombardements lundi soir, selon des témoins. Mais l'intensité et le nombre des attaques a diminué depuis la première nuit de samedi à dimanche.

"Dans la mesure où nous parvenons avec succès à supprimer les systèmes de défense aérienne, le niveau d'activité cinétique devrait baisser", a déclaré le secrétaire américain à la Défense Robert Gates. La veille, le président Barack Obama avait indiqué que Washington réduirait bientôt son rôle dans les opérations en Libye. Mardi, les avions de chasse Rafale du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle ont conduit une première mission au-dessus de la Libye, a annoncé l'état-major des armées.

Débat autour du commandement de l'opération internationale

Au sein de la coalition - à laquelle participent, côté UE, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l'Espagne -, des voix dissonantes se font entendre au sujet du commandement que plusieurs pays souhaiteraient voir confié à l'Otan. "L'Otan jouera un rôle" dans la nouvelle phase militaire en Libye, a affirmé Barack Obama. L'Italie et la Grande-Bretagne réclament aussi que l'Otan prenne un rôle de contrôle des opérations. Mais Paris estime que si l'Otan dirige l'intervention, les pays arabes ne voudront pas s'y rallier et finiront par la dénoncer. Le Royaume-Uni est en discussion avec des pays arabes en vue de "développer" la coalition, a annoncé un porte-parole du Premier ministre britannique David Cameron, mardi, à Londres. Trois avions du Qatar engagés dans la coalition ont fait le plein mardi à Chypre.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, le Jordanien Abdel Ilah Khatib, a eu un premier entretien tard lundi soir avec la direction des forces rebelles libyennes à Tobrouk. Trois journalistes occidentaux, deux de l'Agence France-Presse et un photographe de l'agence Getty Images qui couvrent les événements en Libye, ont été arrêtés le 19 mars dans la région de Tobrouk (est) par l'armée libyenne, selon le témoignage de leur chauffeur. Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, fait face depuis le 15 février à une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300 000 personnes à la fuite.

AFP

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