David Cameron s'emploie à calmer les craintes sur la Libye

Le pays reste traumatisé par "la misérable expérience irakienne".

Le Premier ministre David Cameron s'est employé lundi à justifier l'engagement militaire britannique en Libye et à le distinguer de la guerre en Irak, qui avait pesé sur la popularité de Tony Blair. Après six heures de débat, la Chambre des communes a massivement approuvé, par 557 voix contre 13, la décision du Premier ministre conservateur d'envoyer des navires et des avions de combat frapper des cibles en Libye pour y protéger les populations civiles. Certains élus, issus notamment de la gauche du Parti travailliste, ont cependant déclaré redouter le risque d'un enlisement et d'autres ont demandé pourquoi intervenir en Libye et pas dans d'autres pays secoués par des crises.

Les Britanniques, avec leurs partenaires américains ou français, disent agir conformément au mandat de la résolution 1973 votée jeudi par le Conseil de sécurité de l'ONU. Celle-ci autorise "toutes les mesures nécessaires", et donc le recours à la force, pour protéger les populations civiles mais exclut toute occupation de troupes au sol. "C'est différent de l'Irak. Ce n'est pas entrer dans un pays, renverser le gouvernement et devenir responsable de tout ce qui se produit ensuite", a martelé Cameron à la tribune. "Il s'agit de protéger la population et donner au peuple libyen une chance de se forger son propre destin." Le leader travailliste Ed Miliband a soutenu la position de son rival conservateur. "Nous avons vu de nos propres yeux ce dont le régime libyen est capable. Nous avons vu des canons pointés contre des manifestants désarmés", a-t-il dit.

"Misérable expérience irakienne" (député)

Il y a presque exactement huit ans jour pour jour, le Parlement donnait au Premier ministre travailliste Tony Blair l'autorisation d'engager les forces britanniques aux côtés des Américains pour envahir l'Irak, le 20 mars 2003. Le conflit a coûté la vie à 179 soldats britanniques, provoqué une grave fronde au sein du Labour et fait chuter la cote de popularité de Tony Blair. Face à l'opération libyenne, des élus de l'aile gauche du Parti travailliste ont manifesté leurs doutes. "Je suis loin d'être convaincu que l'opinion est derrière, a déclaré le député Jeremy Corbyn. Les gens ont connu la misérable expérience irakienne et sont, en outre, profondément inquiets à propos de l'Afghanistan." Dix mille soldats britanniques y luttent actuellement contre les talibans.

Interrogé par Reuters à propos de la Libye, Neil Wozencroft, un plombier de 35 ans, a critiqué la position gouvernementale : "C'est une guerre civile. On ne devrait pas s'impliquer. Et il y a d'autres atrocités dans le monde, au Congo, au Zimbabwe. On ne peut pas être les Casques bleus du monde entier." Au Parlement, David Cameron a reconnu que l'action engagée en Libye n'était pas dépourvue de risques. "Mais, a-t-il dit, nous devons soupeser les risques de l'inaction (...), les conséquences pour l'Europe d'un État paria à sa frontière sud. Tout cela est bien trop important pour être ignoré."

AFP

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