Le Charles de Gaulle met le cap sur la Libye

Le plus gros navire de guerre militaire européen sera aux premières loges pour faire respecter la zone d'exclusion aérienne.

"Flagship" français et plus gros navire de guerre militaire européen, le Charles de Gaulle met le cap sur la Libye avec, sur son pont, dans ses cales, et autour de lui, un impressionnant arsenal d'avions de chasse et de missiles, lourd de menaces pour le régime de Kadhafi. "Nos avions de chasse étaient à deux heures de vol de la Libye, maintenant, ils seront à dix minutes, c'est un gage de réactivité majeur, ils n'auront plus besoin de se ravitailler en vol", souligne une source militaire française sous le couvert de l'anonymat.

Le porte-avions a appareillé dimanche à la mi-journée de son port d'attache de Toulon avec 2 000 marins à son bord. En croisant à 20 noeuds (37 km/h), il ne lui faudrait que 24 heures pour rejoindre les côtes libyennes. Mais quelques heures de navigation supplémentaires seront nécessaires pour permettre à la vingtaine d'appareils de son "groupe aérien" de le rejoindre en haute mer et d'effectuer quelques exercices d'appontage, une "mise en jambe" indispensable.

Un signe militaire très fort

Le groupe aérien sera fort de quatorze avions de chasse, huit Rafale Marine mais aussi six vénérables et éprouvés Super Étendards. Deux appareils de contrôle aérien Hawkeye, sortes d'Awacs miniatures conçus pour être embarqués, ainsi que cinq hélicoptères complètent ce dispositif. Parmi ces hélicoptères figurent de très récents et versatiles Caracal, utilisés par les forces spéciales françaises et susceptibles d"'extraire" des équipages d'avions de chasse alliés qui seraient contraints de s'éjecter au-dessus du territoire libyen. Eux aussi seront désormais à petite distance des côtes. "Plus qu'un signe diplomatique, c'est un signe militaire très fort", ajoute-t-on de même source. Il s'agit de consacrer le leadership diplomatique, politique et désormais aussi militaire endossé par la France.

Le Charles de Gaulle, fait-on valoir, sera, au moins dans un premier temps, seul de son espèce au large des côtes libyennes. Ni les États-Unis ni les autres nations européennes n'ont prévu pour le moment de déployer leurs porte-avions ou porte-aéronefs dans la zone. Très concrètement, les avions de chasse du porte-avions seront aux premières loges pour faire respecter la zone d'exclusion aérienne décrétée par l'ONU dans le ciel libyen. Mais les Rafale, dans leur version marine et contrairement à leurs cousins de l'armée de l'air, disposent aussi de missiles anti-navires Exocet AM 39. Ils ne laisseraient aucune chance à la marine libyenne si, par extraordinaire, il venait à l'esprit du colonel Kadhafi de mettre à exécution sa menace de transformer la Méditerranée en "champ de bataille".

Trois frégates en escorte

Samedi soir, des navires et sous-marins américains et britanniques ont lancé une première vague d'environ 110 missiles Tomahawk sur une vingtaine d'objectifs stratégiques libyens. Le fleuron de la marine nationale pourrait à son tour entrer dans la danse avec ses missiles de croisière Scalp, dont la portée serait supérieure à un millier de kilomètres. "Les Scalp pourraient être très utiles pour frapper des cibles bien protégées, à longue distance, et inaccessibles à l'aviation en raison de leur éloignement, des conditions météo ou des défenses aériennes", explique-t-on encore de source militaire.

Le Charles de Gaulle sera, de surcroît, escorté par trois frégates, l'une anti-sous-marine, le Dupleix, l'autre anti-aérienne, le Forbin, une troisième multimission, l'Aconit, et par un pétrolier ravitailleur, la Meuse. Un sous-marin nucléaire d'attaque assurera également sa protection rapprochée. Et tous ces navires disposent d'un armement redoutable.

AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?