La coalition se prépare pour une nouvelle phase de son offensive en Libye

Carte de localisation des raids lancés par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (90 x 83 mm)
Carte de localisation des raids lancés par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (90 x 83 mm)

La coalition internationale se préparait dimanche soir à une nouvelle phase de son offensive en Libye, lancée samedi sous mandat de l'ONU, pour parvenir à faire cesser la répression sanglante d'une révolte sans précédent contre le régime de Mouammar Kadhafi.

La première phase de frappes aériennes est "un succès" et a permis d'instaurer une zone d'exclusion aérienne, a déclaré dimanche le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen, assurant que les pro-Kadhafi n'avançaient plus vers le fief des insurgés, Benghazi, situé à un millier de km à l'est de Tripoli.

La coalition, avec à sa tête les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, est entrée en action samedi en bombardant par air et par mer des objectifs militaires libyens, en vertu de la résolution 1973 de l'ONU adoptée jeudi soir.

Le secrétaire américain à la défense Robert Gates a assuré que les Etats-Unis ne joueraient pas "de rôle dominant" dans l'intervention, d'autres pays étant amenés à prendre les devants "dans les prochains jours". "Nous aurons un rôle militaire dans la coalition, mais pas un rôle dominant", a-t-il insisté en relevant que les pays arabes étaient hostiles à l'idée de passer sous le drapeau de l'OTAN.

Après s'être engagé à un cessez-le-feu vendredi, qui n'avait pas été respecté, le régime libyen a renouvelé cette annonce dimanche soir assurant l'appliquer dès 19H00 GMT. Ce cessez-le-feu intervient en réponse à l'appel lancé samedi par l'Union africaine à "la cessation immédiate des hostilités", selon un porte-parole de l'armée.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a dit espérer que la Libye tiendrait sa promesse.

A Londres, un porte-parole du Premier ministre David Cameron a averti que les autorités britanniques jugeraient l'annonce de cessez-le-feu comme la première: "sur les actes et non sur les mots".

Le dernier cessez-le-feu annoncé par le régime de Kadhafi en Libye est "un mensonge" ou a été "immédiatement violé" par ses forces, a affirmé pour sa part le conseiller du président Barack Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon.

Dans la soirée, de violentes explosions ont secoué Tripoli, dont l'une dans le secteur de la résidence du dirigeant Mouammar Kadhafi d'où s'élevait une colonne de fumée, alors que des tirs de batteries antiaériennes étaient entendus dans la capitale, selon des journalistes de l'AFP.

Un bâtiment administratif situé dans le complexe résidentiel du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Bab el-Aziziya, à Tripoli, a été totalement détruit par un tir de missile, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Nous sommes les victorieux, vous êtes les vaincus. Nous ne nous replierons pas du champ de bataille", avait proclamé dans la matinée le dirigeant libyen, au pouvoir depuis près de 42 ans et contesté depuis le 15 février par une révolte qui s'est transformée en guerre civile.

"Nous allons vous combattre. Nous ne vous laisserons pas notre terre", a poursuivi le colonel Kadhafi, prévoyant une "longue guerre".

Un de ses fils, Seïf Al-Islam, a cependant exclu dimanche d'abattre des avions civils en Méditerranée interrogé sur les menaces proférées la veille par son père qui avait juré de s'attaquer à "tout objectif civil ou militaire" en Méditerranée.

Les forces de la coalition ont poursuivi dimanche l'opération militaire, baptisée "Aube de l'Odyssée" par le Pentagone.

L'Italie, la Belgique et l'Espagne ont annoncé leur participation à l'opération, tout comme le Qatar et les Emirats. La France a fait appareiller dimanche à 13H00 (12H00 GMT) du port méditerranéen de Toulon son porte-avions Charles-de-Gaulle.

Après la première vague de frappes contre les défenses antiaériennes et des blindés près des lignes des insurgés, la prochaine étape consistera, selon l'amiral Mullen, à attaquer les lignes de ravitaillement des pro-Kadhafi pour limiter leur capacité à se battre.

"Ses forces sont plutôt éparpillées entre Tripoli et Benghazi et nous allons essayer de couper le soutien logistique à partir de demain" (lundi), a précisé l'amiral.

Des "systèmes clés de la défense antiaérienne et des sites de missiles SAM près de Tripoli, de Misrata, et de Syrte" ont été attaqués, selon le commandement militaire américain.

"Les frappes ont été très efficaces et ont fortement endommagé les défenses antiaériennes du régime" libyen, a affirmé le vice-amiral américain Bill Gortney.

Robert Gates s'est prononcé dimanche contre une frappe militaire qui ciblerait directement Mouammar Kadhafi, en insistant sur la nécessité de s'en tenir à la résolution du Conseil de sécurité.

Les opérations n'ont pas pour objectif de "chasser Kadhafi du pouvoir" mais de "protéger les civils" libyens, a rappelé de son côté l'amiral Mullen.

A l'ouest de Benghazi, des frappes contre des véhicules militaires des forces de Kadhafi ont eu lieu dimanche à l'aube.

L'intervention militaire était souhaitée par l'opposition libyenne, surtout depuis la reprise ces derniers jours par les forces gouvernementales de plusieurs villes sous contrôle des rebelles. Elle a débuté par une frappe aérienne française à 16H45 GMT.

Le chef de la Ligue arabe Amr Moussa a critiqué les bombardements estimant qu'ils s'écartaient "du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne".

La Turquie a demandé aux autres pays de l'Otan de revoir les plans d'une éventuelle intervention de l'alliance en Libye, jugeant que les bombardements de la coalition avaient changé la donne et qu'il fallait épargner les civils libyens.

Le Pentagone a affirmé dimanche soir qu'il n'y avait "pas d'indication" de victimes civiles dans les zones qui ont fait l'objet de frappes aériennes.

La résolution 1973 exige l'arrêt complet des attaques contre des civils, impose une zone d'exclusion aérienne en Libye et permet des frappes pour contraindre les pro-Kadhafi à cesser la répression qui a fait des centaines de morts et poussé 300.000 personnes à fuir le pays depuis le 15 février.

Alors que l'opération militaire semblait imminente samedi, les forces de M. Kadhafi avaient attaqué Benghazi. Plus de 90 personnes ont été tuées, selon des sources hospitalières.

AFP

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