Algérie: les jeunes empêchés de manifester pour le changement à Alger

Tout le centre-ville était quadrillé par des policiers, casque à la ceinture et équipés de boucliers.
Tout le centre-ville était quadrillé par des policiers, casque à la ceinture et équipés de boucliers.

La jeunesse algérienne qui s'était donné rendez-vous sur Facebook samedi matin devant la Grande Poste d'Alger pour réclamer le changement du régime, en a été tenue à l'écart par la police et peu de contestataires ont pu s'y exprimer, a constaté une journaliste de l'AFP.

A quelque 3 km de là sur la Place du 1er mai, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) avait appelé à sa manifestation hebdomadaire contre le "système politique", la 7e depuis janvier. Mais il y avait sur place plus de policiers que de militants, de badauds et de journalistes.

Malgré la levée de l'état d'urgence le mois dernier, les manifestations de rue sont interdites à Alger depuis la marche des Kabyles en juin 2001 qui avait fait huit morts.

Toute le centre-ville était quadrillé par des policiers, casque à la ceinture et équipés de boucliers.

Des barrières métalliques disposées sur les trottoirs empêchaient tout rassemblement tandis que les forces de l'ordre facilitaient la circulation automobile en repoussant les manifestants.

Au-dessus du vieil Alger historique, un hélicoptère effectuait des rondes de surveillance.

Place du 1er mai, parmi quelques militants, figurait le député du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) Tahar Besbes qui avait été blessé lors d'une précédente manifestation.

Etait également présent le président d'honneur de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), Ali Yahia Abdennour, 90 ans, qui s'est vite retrouvé immobilisé sur un trottoir par la police. "Nous continuerons à essayer de marcher chaque samedi. Il faut que ce pouvoir parte. 50 ans, ça suffit", a-t-il lancé.

Ce 19 mars marque le 49e anniversaire de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie qui a conduit à son indépendance de la France en juillet 1962.

Les jeunes inscrits sur le réseau social de Facebook avaient fixé cette date au début du mois pour se retrouver et faire entendre leur voix. 700 d'entre eux avaient répondu à cette "démarche indépendante des partis politiques", selon l'un d'eux.

A la Grande Poste, il n'y avait guère que des journalistes poursuivant les quelques représentants du mouvement de leurs caméras et crayons.

Le tout entouré par des dizaines de policiers souriants qui séparaient dans le calme les groupes en train de se former.

Amine, cadre de 29 ans, était un peu déçu: la présence policière est "démesurée", la Grande Poste "est un lieu public et pourtant c'est truffé de policiers".

"Je sais qu'une cinquantaine de mes amis sont là", a affirmé à l'AFP Walid, un autre cadre de 26 ans.

La CNCD, créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début de l'année contre la vie chère qui ont fait 5 morts et quelque 800 blessés, s'est scindée le mois dernier en raison de désaccords sur la stratégie pour obtenir un changement de régime.

Vendredi, une nouvelle Alliance nationale pour le changement (ANC) formée de petites formations dont des islamistes modérés et le très respecté ancien Premier ministre Ahmed Benbitour, a tenu son premier meeting dans une salle d'Alger. Les participants ont réclamé un changement profond mais pacifique du régime.

Les chômeurs se sont eux donnés rendez-vous dimanche Place du 1er mai pour faire entendre leurs revendications d'ordre social et économique.

Côté gouvernemental, la presse a fait état ces derniers jours de réunions autour du président Abdelaziz Bouteflika, avec ses proches, les partis de la majorité et les militaires.

Des décisions sont attendues mais ni leur nature ni la date à laquelle elles seront annoncées, ne sont connues.

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?