La crise nucléaire reste grave, Kan appelle le Japon à se relever

La crise nucléaire reste grave, Kan appelle le Japon à se relever

Une semaine après le séisme le plus violent de son histoire, le Japon luttait toujours pour éviter une catastrophe nucléaire et secourir des centaines de milliers de sinistrés, mais le Premier ministre a promis que le pays allait surmonter cette tragédie et se reconstruire.

"C'est une course contre la montre", a déclaré Yukiya Amano, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), venu spécialement à Tokyo pour discuter avec les autorités japonaises de l'accident nucléaire le plus grave depuis celui de Tchernobyl en 1986.

Les difficultés sont "énormes", a reconnu dans un discours télévisé le Premier ministre Naoto Kan. "Nous allons agir avec détermination pour surmonter cette tragédie et reconstruire le pays en tant que nation", a-t-il assuré.

Le bilan humain du séisme et du tsunami dans le nord-est a désormais dépassé celui du tremblement de terre de Kobe de 1995, avec 6.911 morts confirmés. Il devrait continuer à s'aggraver puisque plus de 10.000 personnes étaient officiellement portées disparues, selon la police.

Une minute de silence a été observée par les survivants et les sauveteurs à 14H46 (05H46 GMT) heure exacte où la première secousse a été ressentie. Selon une étude japonaise, le tsunami a atteint une hauteur d'au moins 23 mètres.

Bravant les risques radioactifs, soldats et pompiers ont déversé vendredi des dizaines de tonnes d'eau à l'aide de camions citernes pour refroidir les réacteurs de la centrale de Fukushima, où la situation restait "très grave" selon M. Amano.

Dans la nuit de vendredi à samedi une trentaine de camions de pompiers se relayant par groupes de cinq en raison de la radioactivité élevée sont à nouveau entrés en action pour arroser le réacteur 3.

Entamées jeudi, ces opérations sont destinées à empêcher les barres de combustible d'entrer en fusion et éviter ainsi un accident nucléaire majeur.

Dans le réacteur 3, dont la structure externe a été détruite par une explosion d'hydrogène, la piscine de stockage du combustible usagé, située hors de l'enceinte de confinement, a été endommagée.

Les opérations visent aussi à refroidir les réacteurs 1, 2 et 4 ainsi que la piscine de stockage de ce dernier.

Les efforts pour rétablir le courant, qui permettrait de remettre en route les pompes des circuits de refroidissement "progressent mais l'électricité n'a pas encore été rétablie", a assuré de son côté le porte-parole du gouvernement nippon, Yukio Edano.

L'ampleur des dommages d'ores et déjà constatés sur les réacteurs 1 à 4 a conduit l'Agence de sûreté nucléaire japonaise à relever de 4 à 5 la gravité de l'accident sur l'échelle internationale INES, qui va jusqu'à 7.

"La perte du système de refroidissement a entraîné des dommages sur le coeur du réacteur. Des particules radioactives continuent à être libérées dans l'environnement", selon l'agence.

Ces systèmes sont tombés en panne lorsque le séisme de magnitude 9 et le tsunami ont détruit les protections maritimes de la centrale construite dans les années 1970.

Si le Japon le demande, 450 militaires américains spécialistes du nucléaire se tiennent prêts à intervenir, a annoncé le commandant des forces américaines du Pacifique.

L'industrie nucléaire française a annoncé l'envoi de robots capables d'intervenir à la place de l'homme en cas d'accident nucléaire.

A cause du risque de contamination radioactive, de nombreuses capitales ont continué à organiser le départ de leurs ressortissants présents dans la zone à risque et dans l'immense mégapole de Tokyo, située à moins de 250 km de Fukushima.

Pour tenter de rassurer la population, l'AIEA a annoncé qu'elle allait effectuer des mesures de radioactivité à Tokyo, distinctes de celles du gouvernement.

Ceux qui ne quittent pas le Japon trouvent refuge dans le sud de l'archipel, notamment à Osaka, la deuxième ville du pays où, par exemple, l'Allemagne a installé une ambassade provisoire.

L'activité s'est nettement réduite dans la capitale, où de nombreuses entreprises fonctionnent au ralenti et où les ventes aux enchères de thon ont été suspendues à Tsukiji, le plus grand marché aux poissons du monde. Mais aucune panique n'a saisi les Tokyoïtes, qui ont stocké des vivres au cas où ils devraient être confinés chez eux.

Les rues de la capitale habituellement illuminées la nuit sont dans certains quartiers plongées dans la pénombre en raison des restrictions d'électricité. "Cette ville est devenue si triste la nuit tombée, parce que la plupart des magasins éteignent leurs lumières et ferment plus tôt", s'est désolé Shin Fujii, le patron d'un restaurant espagnol qui n'accueille que quelques clients par soir.

Dans le nord-est, malgré une mobilisation sans précédent de 80.000 soldats et secouristes, les espoirs de retrouver des survivants se sont quasiment évanouis, d'autant qu'une vague de froid affecte la zone dévastée.

Le gouvernement a assuré que les opérations d'aide aux quelque 440.000 sinistrés allaient être améliorées pour répondre aux plaintes concernant les pénuries d'eau potable et de vivres.

Dans la ville de Katahama, les réfugiés tentent de résister à des températures tombées à 0°C dans un centre social où il n'y a ni électricité, ni gaz, ni eau. "Nous avons des lampes de poche pour la nuit et nous nous enroulons dans des couvertures", a témoigné Kikuo Nomura, 70 ans.

Ces conditions extrêmes fragilisent aussi la santé des personnes évacuées les plus vulnérables comme les personnes âgées et les enfants, dont 100.000 seraient sans logis, selon l'organisation Save The Children.

AFP

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