Libye: le Conseil de sécurité vote sur une zone d'exclusion aérienne

Le Conseil de sécurité de l'ONU va voter jeudi sur un projet de résolution qui prévoit une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, ont indiqué mercredi des diplomates au terme de sept heures de négociations marathon.

Ce vote arrive au moment où le colonel Mouammar Kadhafi, déterminé à écraser la révolte, a continué mercredi de pilonner les positions des insurgés, se rapprochant de leur fief de Benghazi.

"Il y a un projet de résolution qui a été mis au point et qui a tenu compte d'un certain nombre d'observations. Mais cela ne veut pas dire qu'il est gravé dans le marbre", a souligné un diplomate onusien sous couvert de l'anonymat, soulignant que les 15 pays membres pouvaient encore modifier le texte jeudi.

"Nous avons un texte sur lequel nous allons voter demain", a déclaré un autre diplomate, ajoutant lui aussi qu'il pouvait "encore être changé".

De son côté, l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a estimé que le Conseil de sécurité devrait peut-être envisager des mesures allant au-delà d'une simple zone d'exclusion aérienne en Libye.

"Nous avons besoin d'envisager des étapes qui comprennent une zone d'exclusion aérienne mais peut-être qui aillent au-delà", a dit Mme Rice à la presse sans donner plus de précisions, au second jour des discussions au Conseil sur ce projet de résolution visant à contrer la répression sanglante de Mouammar Kadhafi.

L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a expliqué à la presse que la Russie avait présenté mercredi une contre-proposition au projet de résolution, un texte beaucoup plus court prévoyant un cessez-le-feu de toutes les parties au conflit. "Nous sommes venus avec l'idée d'adopter une résolution courte mais musclée sur un cessez-le-feu", a-t-il dit. Ce texte pourrait techniquement être lui aussi mis au vote jeudi.

La Russie et la Chine ont été jusqu'à présent réticentes à l'idée d'une zone d'exclusion aérienne. L'Allemagne, l'Inde, l'Afrique du Sud avaient également exprimé des réserves.

Le président français Nicolas Sarkozy a appelé mercredi "solennellement" les membres du Conseil de sécurité à "soutenir" l'appel de la Ligue arabe en faveur d'une zone d'exclusion aérienne, dans une lettre adressée à leurs chefs d'Etat et de gouvernement. La Grande-Bretagne a aussi exhorté mercredi les membres du Conseil à prendre des décisions au plus vite sur la Libye et à surmonter leurs divisions sur l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne.

Avant la fin des discussions au siège de l'ONU, l'ambassadeur libyen adjoint Ibrahim Dabbachi, qui a fait défection au régime Kadhafi, avait indiqué que la Libye avait besoin d'une résolution du Conseil de sécurité "dans les dix heures".

"Dans les heures à venir, nous allons voir un vrai génocide si la communauté internationale n'agit pas rapidement", a-t-il insisté. "Environ cinq" pays arabes sont prêts à participer au dispositif de la zone d'exclusion aérienne sur la Libye si la résolution du Conseil de sécurité est adoptée, a encore souligné M. Dabbachi. "Je pense qu'il y a beaucoup de pays (arabes qui s'engageraient) et qu'il n'y a pas de limites en ce qui concerne les ressources engagées. C'est un engagement ouvert", a-t-il dit.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a affirmé mercredi sur son blog que "plusieurs pays arabes" étaient prêts à "une participation effective" à une opération militaire en Libye, ajoutant qu'il n'était "pas encore trop tard" pour intervenir.

AFP

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