Nationalisation des Hydrocarbures : Et si c'était une erreur?
Et si la Nationalisation des Hydrocarbures en Algérie, le 24 Février 1971, était une Erreur !… à Moins qu’elle cachait Autre Chose !
En écrivant cela, je sais que je vais me faire taper sur les doigts et que certains, à peine avoir lu le titre, vont commencer à insulter, c’est souvent le cas quand ils n’ont plus d’arguments ; et surtout quand ils connaissent mon passé politique !
Car depuis un demi-siècle on entend, et on lit, toujours les mêmes expressions dites et redites du genre “Les acquis inéluctables, indestructibles et irréversibles du peuple” et le 24 Février en fait partie; et ce n’est pas parce qu’on se répète cela, à soi-même et aux autres, que cela va devenir une réalité !
Car la réalité est là, terrible comme le décrit si bien “M.L. Un Nationaliste scandalisé, Cadre à Sonatrach / Hassi Messaoud” dans son article “Que reste-t-il du célèbre 24 Février…!” publié le 24/02/2011dans LeMatinDz (https://www.lematindz.net/news/3751-que-reste-t-il-du-celebre-24-fevrier-.html), et tous les conflits sociaux et les actes de corruption publiés chaque jour dans les journaux, à l’intérieur de l’Algérie.
En premier lieu il est bon de préciser qu’à cette période de l’Indépendance de l’Algérie, et dans une grande partie du monde libéré du colonialisme, les idées du socialisme étaient très fortes et très populaires ; donc pour un politicien, du système au pouvoir en Algérie, dire le contraire aurait été un suicide.
Il est aussi possible qu’une certaine ignorance des aspects techniques et scientifiques de l’industrie pétrolière prédominait et que l’on croyait qu’il suffisait d’ouvrir le robinet et le pétrole coulerait pour des décennies.
Car il est évident que l’industrie des hydrocarbures, depuis les premiers pas de l’exploration jusqu’à la commercialisation des produits et leurs utilisations industrielles, était, et est encore, un domaine scientifique et technique réservé, une chasse gardée, où le savoir faire de pointe est loin de faire partie du domaine publique.
Ainsi édifier une compagnie pétrolière est un travail de longue haleine qui prend du temps, si l’on veut que le travail technique et scientifique soit fait par des équipes internes, et non pas sous-traité à des compagnies de services, ou opératrices. Il est connu que la formation d’équipes composites, avec des expertises différentes et complémentaires, venus d’horizons différents, prend beaucoup de temps, même dans une atmosphère d’échanges conviviaux et non sous une chape de plomb d’autoritarisme. La formation de telles équipes signifie aussi, en plus de leur formation supérieure, l’apprentissage dans le travail, en prenant à bras le corps des taches techniques à réaliser, et accepter le risque que cela induit. Une équipe vivante, efficace est composée de jeunes à peine sortis de l’Université et d’autres avec des cheveux blancs, s’il n’y a que des jeunes ce n’est pas normal, et s’il n’y a que des cheveux blancs c’est aussi anormal !
Ne pas passer par ce chemin signifie que très vite les scientifiques et techniciens deviennent des administratifs, voire des bureaucrates, à peine capables de ne réaliser que des avis d’appels d’offres, quand ils ne sont pas directement faits par les fournisseurs et/ou opérateurs extérieurs.
Cela veut dire aussi que le cadre à peine sortit des grandes écoles et universités doit en premier lieu commencer par le travail technique et scientifique et continuer à le faire pendant des années pour accumuler savoir faire et expérience et devenir le maillon central d’une équipe technique et scientifique ; Et non pas très vite être chargé par du travail bureaucratique d’administration et de gestion ; Or c’est ce qui s’est passé !
Sonatrach créée en 1963, avec comme objectif de prendre en charge tous les aspects, par tous les côtés et en même temps à la fois, de l’industrie des hydrocarbures en Algérie, avait drainé beaucoup de jeunes diplômés des grandes écoles et universités du pays et d’ailleurs. En 1971, donc 8 ans après sa naissance, et au cours d’une période d’enthousiasme euphorique et d’instabilité politique dans le pays, avec la nationalisation des compagnies pétrolières étrangères, Sonatrach devait prendre en charge toutes les autres compagnies existantes en Algérie, des dizaines !
Un fardeau énorme qui s’est imposé aux jeunes diplômés de devenir des directeurs, sans passer par les années de travail dans des équipes, à la base et sur le terrain. Certains n’ont jamais appris depuis car au bout de quelques années, de nouvelles habitudes sont prises et revenir à la case de départ de jeune ingénieur n’est plus possible !
A peine le bébé a commencé à marcher à 4 pattes, on lui a mis une charge sur le dos, sans avoir peur de le déformer à vie!
Avec le recul je dirais qu’il était préférable de négocier avec les compagnies pétrolières étrangères pour que Sonatrach rentre comme partenaire avec des pourcentages variables, d’un cas à l’autre, et de permettre à ces compagnies de continuer à travailler dans le pays, de se développer. Elles auraient pris le statut de compagnies algériennes, ou filiales algériennes des grands groupes pétroliers connus. Une telle politique aurait ouvert un champ large pour les algériens et à Sonatrach d’apprendre à partir de chaque compagnie. Car chaque compagnie a ses propres expérience et culture de gestion, une telle diversité aurait été très bénéfique pour la croissance et le développement durable de Sonatrach.
Je dirais encore plus, que dans certains cas Sonatrach aurait pu négocier aussi sa participation dans des projets ailleurs dans le monde, pour apprendre aussi à prendre des risques et à les mesurer.
En fin de compte cette option est revenue sur la table vers le début des années 1980 pour permettre à des compagnies internationales de revenir avec de nouvelles idées et méthodes pour le bien fait de l’exploration.
Avec le recul toujours, je me pose la question pourquoi une telle solution n’a pas été sur la table dans les années 1960-1970 ; il est peu probable que parmi tous les cadres qui existaient et qui étaient impliqués dans les rouages de l’état, qu’aucun n’ait pensé à cela !
Mais souvent en politique, telle que nous la connaissons en Algérie, une décision politique cache autre chose, souvent très importante. La transparence est encore loin d’être la règle. Ainsi à travers la nationalisation des hydrocarbures en Algérie, le pouvoir de Boumediene, avait très probablement comme but de renforcer son pouvoir personnel en initiant le front des forces progressistes pour s’assurer une base populaire. Et cela avait continué, avec la révolution agraire dans le même but, alors que le secteur d’état de l’agriculture, largement dominant était négligé et abandonné. Les intérêts supérieurs du pays et du peuple passaient en deuxième plan par rapport à des objectifs politiques pour Boumediene une seule chose primait pour lui : garder le pouvoir, et s’y renforcer !
Cette tendance a continué tout en se détériorant lamentablement, car des décisions importantes sont prises pour initier et cacher carrément la corruption en affaiblissant considérablement l’économie de l’Algérie, avec des cas si grossiers que personne ne peut les cacher au point qu’ils forment les manchettes des journaux à l’intérieur du pays.
Partant de cet enseignement la question du jour qui se pose c’est comment affronter les nouveaux dangers et challenges que le secteur de l’énergie et des mines, dont Sonatrach en est le cœur, fait face au siècle 21, et en ce printemps arabe, où en ce moment même nos frères libyens payent le prix très fort. Et comme on dit en arabe chez nous, “ Rabi rah chouf fi el arab”, (enfin Dieu regarde les peuples arabes).
Là c’est une question si importante qu’elle nécessite un autre débat qui peut être vital au pays et à notre peuple.
Dr Abdelkader Saadallah, 06 Mars 2011.
Commentaires (8) | Réagir ?
Monsieur Saadallah, je me souviens qu'un jour dans un amphithéâtre à l'USTHB de Bab-Ezzouar, en 91 exactement, au moment fort de l'ouverture politique, vous disiez qu'un intellectuel est celui qui produit des idées, sinon il ne sera pas considéré ainsi s'il ne produit rien même s'il possède les diplômes les plus élevés. Je me suis toujours identifié à vous surtout avec le parcours et le cheminement qui vous a amené à BRITISH PETROLEUM. Quoi que je n'adorai pas les idées du PAGS à l'époque, d'ailleurs même aujourd'hui avec ce qui reste de ce parti, j'admirai votre lucidité dans les analyses politiques mais voilà aujourd'hui je suis très déçu d'apprendre qu'un chercheur comme vous a cru vraiment aux differentes nationalisations que ce soit les mines en 1966 ou les hydrocarbures en 1971, ignorant que tout a été ficelé dans les accords d'evian bis qu'a signés la France avec le clan de Oudjda. Ce qui m'amène à dire que notre élite est vraiment incapable d'aider ce peuple à se libérer des contraintes du HIZB FRANÇA, car cette élite ignore tout finalement de l'histoire de ce pays pour qui des centaines de milliers de citoyens se sont sacrifiés à travers les luttes pour la libération nationale, je dis bien les luttes car celle contre la France était la première et les autres qui suivirent sont contre le régime en place qui s'inscrit dans la continuité du colonialisme moderne et qui travaille toujours pour les intérêts du colonialisme d"hier. Finalement la vraie révolution c'est le petit peuple qui pourra la faire, sans les élites (si elles existent vraiment) et sans les politicards qui se sont tous imprégnés des méthodes FLNistes. À part Sadek Hedjres qui a préféré laisser sa place, les autres leaders de pseudo partis sont des apprentis dictateurs. Car comment expliquer le fait qu'ils sont là depuis 1989 ou 90 sans organiser même pas une rotation dans la présidence de leurs partis. Vraiment la fin du règne de la médiocrité n'est pas pour demain.
La question est farfelue. heureusement que c est la seule et meilleur chose que Boumediane a réalisé pour l Algerie. maintenant si vous vous vous referez a la gestion de cette société nationale c est a discuter. Les résultats obtenus de cette société nationale depuis l indépendance par les différents ministres et présidents ne sont pas très reluisants lorsqu un fait une analyse coût/bénéfice. je pense ce qui est plus inquiétant que la nationalisation qui est maintenant une histoire du passe c est la façon de brader les ressources naturelles du pays par l actuel gouvernement et ses ministres. Le présent et l avenir de la gestion des ressources naturelles ainsi que des sociétés nationales offertes sur un plateau a des compagnies étrangères cela mériterait un procès public a l échelle nationale, pénaliser ceux qui ont commis ces erreurs monumentales et trouver un moyen de récupérer ces resources et les protéger... le reste n est que du baratin stérile....
Avoir donne la sidérurgie algerienne, les mines, les concessions d hydrocarbures, les cimenteries a des sociétés étrangères est considéré par des intellectuels nationalistes de la revolution 54/62 comme un crime contre la nation. Un lègue de ce gouvernement qui restera triste dans l histoire de l économie algerienne pendant des siècles, surtout lorsque les générations futures se retrouverons avec un sous sol algerien vidé... Nous assistons avec tristesse au debacle du probleme de la recupertion de Djezzi par le gouvernement algerien... combien cela va couter au tresor algerien....