L’Algérie est un butin de guerre

Jeune étudiant à l’époque, sous le règne d’un certain H.Boumediene, il me revient cette blague qui circulait à Alger dans les années 1970.

Devant les abus quotidiens des autorités, des « ayants droit » des« anciens moudjahids », des « membres du parti unique » et des parasites en tous genres, un vieux monsieur fait la queue pendant de longues minutes, pour monter dans le bus, quand il est violemment bousculé par un nouvel arrivant, qui monte avant tout le monde, au mépris de la queue.

Médusé, il lui demande de quel droit, l’autre lui exhibe alors une Carte d’ancien moudjahid ou du parti, sensée lui donner la priorité.

Le vieux choqué lui dit alors : « Si on avait fait appel à des mercenaires, ça nous aurait couté moins Cher ».

La symbolique de cette phrase est restée dans la vox populi, elle prend tout son sens, aujourd’hui 40 ans après. Seul la forme a changé.

La genèse de l’Histoire des dupés que nous sommes n’est pas récente, elle remonte à l’indépendance, sinon avant même.

1963, un an juste après l’indépendance, la campagne de «sandouk tadha-moun » (la caisse de la solidarité ), avait dépouillée nos parents de leurs argent et bijoux, bercés ou bernés par le discours moralisateur des aventuriers faussaires venus en conquérants prendre possession d’un pays devenu « bien vacant ».

Ils étaient arrivés des frontières dans leurs treillis tout neufs, leurs chars et leurs camions encore rodage, jamais servis, mais dans leurs bagages des desseins diaboliques et discours démagogiques et moralisateurs.

Pour développer le pays sorti exsangue de la colonisation nous disaient ils !

Tout est partis en fumée à ce jour, peut être dans les banques suisse ou ailleurs, l’histoire ne nous le dira plus.

Qui ne se souvient dans les mêmes années, des panneaux pédago-publicitaires (3mx4m biens avant ceux de Decaux) qui avaient fleuris dans nos rues pour nous éduquer : ils disaient « Cracher par terre, c’est cracher sur son pays » ! Curieuse façon d’enseigner l’éducation.

Il eut été plus simple et plus honnête de nous dire seulement, « parce que c’est sale » sans faire dans le discours idéologique creux de tartuffe.

Nos dirigeants à l’époque, les mêmes qu’aujourd’hui, nous signifiaient que nous n’étions que des gueux seulement, capable de manger, de forniquer et, de cracher par terre. L’élite, c’est bien sûr eux.

Les jeunes nés après ces années là, qui n’ont connu ni la révolution ni l’après, pourrons mieux comprendre comment leurs parents furent floués par les discours hypocrites et prédateurs de ces mercenaires qui sévissent encore aujourd’hui.

Cette jeunesse, aujourd'hui brimée, méprisée, réduite à la fuite sur des radeaux de fortune ou au suicide sous toutes ses formes pourraient méditer la blague caustique de ce vieux monsieur, qui n’a prédit que la genèse de notre malheur actuel.

Nos dirigeants, les mêmes depuis 1962, se targuent de leur légitimité, juste par leur participation à la guerre d’indépendance, et surtout d’avoir été en tête « de gondole »en costumes cravates, pour se croire, au dessus du lot, et des lois, comme les rois légitiment leurs trônes par le don de dieu.

C’est leur butin de guerre en somme.

L’Algérie, butin de guerre de quelque mercenaires, « sans foi, ni loi, ni patrie pour certains » gouvernent ce beau pays à travers des petits sous traitants insignifiants, devenus à leur tour aussi prédateurs que leurs maitres.

Finalement l’arnaque des bijoux de «sandouk tadhamoun » partis en fumée n’étaient en somme que le hors d’œuvre, la mise en bouche (comme ont dit dans ces milieux d’éduqués qui ne crachent pas par terre, mais seulement sur le peuple).

Depuis ce sont des milliards de dollars qui fuitent à l’ombre des discours moralisateurs, et de la répression policière et militaire.

Ils nous abreuvé à satiété, de leurs discours à l’emporte pièce, qu’ils nous exhibent comme des épouvantails pour nous réduire au silence et, à la soumission.

Chez les anciens résonnent encore ces formules toutes faites « notre socialisme spécifique », « défendre les acquis de la révolution », »préserver nos valeurs », se méfier « de l’occident et ses valets » et « des complots ourdis par ??? », etc.…

Aujourd’hui, le discours démagogique a évolué dans sa forme, mais son dessein reste le même : nous faire taire.

Les laboratoires oocultes du pouvoir ne chôment pas, leurs cartons sont remplis d’épouvantails gravés de lettres telles que FIS, GIA, AQMI, pour justifier le climat de terreur dans lequel ils nous maintiennent pour mieux profiter de leur butin.

Les scandales se suivent et se succèdent, ils ont pour nom : Enapal ,Sonatrach, Khalifa Bna Cpa autoroute est ouest ,le clan Présidentiel , les fils des généraux ,Les commissions occultes ,les marchés truqué, les copains et coquins, le bourrage des urnes, et le mépris en sus ,…la liste est trop longue pour qu’on s’y attarde ici.

Alors que pendant ce temps, nos enfant ne crachent plus par terre, mais crachent sur leurs vies, pour se précipiter dans le vide, dans le bras des barbus, dans la mer, et maintenant dans le feu.

Irrémédiablement l’Algérie est bel et bien un butin de guerre, vous aviez raison, cher vieux sage, des mercenaires auraient coûtés moins cher.

Said Ouidir

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Commentaires (45) | Réagir ?

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Mohamed Samir

Salut à tous les algériens.

J’attire l’attention sur une nouveau cas de figure que le pouvoir voudra mette en scene en Algérie..

Comme le montre la situation mondiale, le pouvoir en place essayera de mettre en place un terrorisme de taille ou une anarchie préfabriquée.

Biensur où s’exacerbent les contradictions, où intervient un changement de

relations sociales ou de régime, où naît une instabilité politique, économique

ou sociale, où se libèrent des potentialités agressives, où intervient

la déchéance morale, où triomphent le cynisme et le nihilisme, où le vice se légalise et la criminalité explose.

C’est la globalisation qui crée les conditions pour ces phénomènes extrêmement dangereux, et que le

système de droit international est mis en pièces, que les particularités culturelles sont effacées, que la vie spirituelle s’appauvrit…

Le terrorisme actuel est un phénomène qui combine l’emploi de la terreur par des structures politiques, étatiques et non étatiques, comme moyen d’atteindre ses objectifs politiques par la voie de l’intimidation, la peur (terreur) et par la déstabilisation sociale et psychologique de la population, par l’écrasement de la volonté de résister des organes du pouvoir et la

création des conditions propices à la manipulation de la politique de l’État

et de la conduite de ses citoyens.

Ce terrorisme est l’instrument d’une guerre d’un nouveau type. Simultanément, ce terrorisme, en accord avec les médias, devient le système de gestion des processus globaux. C’est précisément la symbiose des médias et de la terreur qui crée les conditions permettant des tournants dans notre politique et des modifications de la réalité existante.

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nedjma hilal

chers compatriotes,

L'Algérie, ce beau pays, que chante Serge Lama nous appartient. Qu'on soit descendant de phéniciens, berbères, romains, vandales, grecs, arabes, turcs, français, de confession juive, musulmane, chrétienne ou tout simplement non croyant, battons-nous pour notre pays même si nous n'y résidons pas. Tout mon soutien à ceux qui vont manifester demain 12 Février.

Tous ceux qui sont morts pour que nous puissions vivre aujourd'hui nous observent peut-être de là-haut. Paix à nos martyrs et à tous ceux qui sont morts pour que l'Algérie sorte de l'obscurité et de l'obscurantisme.

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