Cet Homme a existé...

Tel Diogène, je cherche un Homme.

Un Homme capable d’éclairer cette route qui se perd dans l’obscurité. Je cherche un Homme qui écoute, qui ne juge pas, ne condamne pas surtout, un Homme dont le désir est d’ouvrir les portes du Futur.

J’ai beau chercher, regarder autour de moi, lire les écrits, déclarations des uns et des autres, croire en des promesses qui ne se concrétisent jamais, imaginer que les projets pharaoniques se réaliseront, je ne trouve personne. Et quand je dis personne, c’est personne !

Il est malheureusement impossible de trouver ici et maintenant dans le microcosme qui a phagocyté la Société Algérienne, un seul individu capable de répondre concrètement, intelligemment aux attentes simples de nos concitoyens.

Par simple il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’être simpliste et par glissement entamer un discours populiste et démagogique.

J’ai donc beau chercher et espérer, je dois me rendre à l’évidence. L’homme providentiel n’existe pas. Mais c’est tant mieux car cela me ramène à une vérité exigeante et à une réalité dans laquelle il est impératif d’être parfaitement enraciné.

Peut on, en effet, encore se permettre de rêver et de feindre de croire en des discours stériles qui n’ont eu pour finalité qu’une fuite en avant dont chacun peut témoigner avec résignation ?

Le Futur, que nous conjuguons déjà au passé, et que des dizaines, des centaines de dirigeants nous ont fait miroiter s’avère non seulement mutilé mais surtout à l’opposé des objectifs présentés, à l’époque, comme les seuls valables.

Croire encore, ne serait ce qu’un instant, que ce Futur illusoire est réalisable serait se mentir à soi même, que ce soit sur le plan politique, économique, religieux ou culturel.

Alors comme je ne trouve personne, je me tourne vers le passé afin de trouver, peut être, une réponse à un questionnement lancinant et particulièrement angoissant.

Un livre, caché dans ma bibliothèque comme pour se préserver, m’a encouragé à reprendre le fil d’une conversation interrompue il y a 1/2 siècle.

En 63, déjà, Ferhat Abbas, Président de l’Assemblée Nationale, exposait dans sa lettre de démission, les arguments qui le poussaient à quitter ses fonctions. Plus tard, son livre prémonitoire, « L’Indépendance Confisquée » , avait été perçu comme un camouflet contre le Pouvoir d’ alors. Incontestablement, c’en était un, mais il aurait été judicieux de le lire pour ce qu’il disait véritablement, afin de comprendre sans équivoque, le risque, aujourd’hui mille fois vérifié, qui malheureusement guettait notre pays.

Que disait le Président Abbas, incarcéré ( sans aucune forme de procès avec d’autres députés de l’Assemblée Nationale malgré leur immunité parlementaire), puis mis en résidence surveillé durant une année par Ben Bella, Président tout aussi irresponsable que responsable de la dérive du Navire Algérie ? en voici quelques extraits à méditer :

« Alger, le 12 août 1963
Pourquoi je ne suis pas d’accord avec le projet de Constitution établi par le Gouvernement

Par Ferhat Abbas, Député de Sétif.

…Avant d’engager l’avenir, celui du pays, celui de nos femmes et de nos enfants, chacun de nous doit prendre conscience de ses responsabilités pour mieux les assumer. Sinon, il renonce, par un lâche opportunisme, au devoir élémentaire de tout citoyen…
…Humilier une Assemblée souveraine, qui a toujours apporté sa collaboration loyale et son appui au gouvernement, est un geste extrêmement grave…
…Le procédé relève de la mystification…
… Elle aboutit à la formation de la « République des Camarades », contre laquelle tout Algérien a le devoir de s’élever…
…Nous ne sommes pas encore au stade d’un régime policier. Mais, si nous ne prenons pas garde, nous y arriverons à brève échéance…
Le régime présidentiel et le pouvoir personnel
…La concentration des pouvoirs entre les mêmes mains relève d’une autre forme de délire. Le projet de Constitution fait du président de la République, en même temps que le chef de l’État, le chef du gouvernement et le chef du Parti…
…Le dialogue entre le législatif et l’exécutif, si fructueux pour le pays, devient un simple monologue. Le peuple est absent et n’est pas représenté. Ses représentants sont de simples figurants…

…Quant à notre jeunesse, elle sera condamnée à ne plus penser. Le régime fabriquera des robots, des opportunistes et des courtisans...

…Un tel régime finira par engendrer des activités subversives, des coups d’État et des complots…

…Un seul régime : la démocratie…

…Il est indispensable que le chef du gouvernement soit contrôlé. Il est indispensable qu’il rende des comptes aux représentants de la nation…

…Depuis l’indépendance le peuple n’a pas encore été une seule fois librement consulté. Il est temps de le faire participer à la vie publique. Il est temps qu’il retrouve son enthousiasme et sa foi. Ce peuple sait voter. Il l’a hautement prouvé. Il a surtout su résister, pendant sept ans, à l’une des plus grandes armées du monde. Il a acquis par son héroïsme le droit de choisir ses représentants et de se donner le gouvernement de son choix. Nous devons lui faire confiance. Et même s’il se trompait cette erreur serait moins grave de conséquences que le fait de le museler, et de lui imposer une camisole de force. Il a mérité mieux que cette suprême injure... »

Cet Homme existait. Faudra-t-il attendre encore 50 ans pour ré-écrire le Futur ?

Pour mieux saisir la dimension visionnaire du Président Ferhat Abbas, j’invite chacun à lire sur le site « http://www.afrique-du-nord.com/article.php3?id_article=1446 » , ce qui aujourd’hui à de quoi faire frémir .

Aziz FARES

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Commentaires (17) | Réagir ?

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algerie

merci

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arine arma

merci pour le partage

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