Ce que signifierait la réhabilitation officielle de Ferhat Abbas

Ce que signifierait la réhabilitation officielle de Ferhat Abbas

Un appel solennel vient d'être lancé à l’Etat algérien afin de réhabiliter par un discours officiel la mémoire du défunt Ferhat Abbas, premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), à l'occasion de l’hommage rendu hier à Ferhat Abbas au centre de presse du journal El Moudjahid, en commémoration du 25 anniversaire de son décès.

« Nous espérons de l’Etat qu’il corrige l’histoire par un discours officiel ainsi qu’en baptisant du nom de Ferhat Abbas un édifice prestigieux à la capitale », a déclaré l’écrivaine Leila Benmansour, qui a coordonné le livre post mortem de Ferhat Abbas, Demain se lèvera le jour, publié récemment, et qui a axé son intervention sur le combat de Ferhat Abbas pour la liberté et le progrès. Mme Benmansour n’a pas été tendre à l’égard de ceux qui ont persécuté Ferhat Abbas. « Un si grand et si généreux personnage a subi l’insupportable à la libération de son pays », a-t-elle regretté, accusant « les ennemis de la liberté et du progrès qui ont enterré son histoire ».
Tout est là.
Qui sont donc ces " ennemis de la liberté et du progrès qui ont enterré son histoire » et que Ferhat Abbas désigne comme les "confiscateurs de l'histoire" ? Ce sont nos gouvernants depuis 1962 ! Le clan d'Oujda. Ceux qui ont pris le pouvoir par la force en lieu et place du GPRA !
L'un de ces illustres personnages de ces " ennemis de la liberté et du progrès qui ont enterré son histoire » s'appelle...Abdelaziz Bouteflika.
Quand Boumediène se fût décidé à barrer la route du trône au Gouvernement provisoire de Ferhat Abbas et de le prendre de vitesse en plaçant un chef d’Etat acquis à l’Armée parmi les cinq leaders du FLN détenus à Aulnoy, il dépêcha l’homme idoine qui était ...Abdelaziz Bouteflika.La mission de Bouteflika, confirme le premier président du GPRA, Ferhat Abbas, « consistait à trouver parmi les cinq prisonniers un éventuel allié (aux chefs militaires) »
Le capitaine Abdelkader, alias Abdelaziz Bouteflika, entrera au château d’Aulnoy avec un nom d’emprunt : Boukharta.
Il en sortira avec un président d’emprunt : Ben Bella.
« Bouteflika s’adressa alors à Ben Bella qui accepta d’être l’homme de l’état-major, raconte Ferhat Abbas. Cette alliance, demeurée secrète, allait peser lourdement sur l’avenir du pays. » (1)
Ferhat Abbas gardera une rancune terrible envers Bouteflika : « Avant même notre retour en Algérie, Bouteflika disait à des
amis tunisiens : “Retenez bien mon nom, vous entendrez parler de moi.” Il est regrettable que l’on n’ait pas entendu parler de lui pendant que des hommes de son âge mouraient dans les maquis. » (2)
L’allusion est claire : le commandant Abdelkader, alias Abdelaziz Bouteflika, n’est pas connu pour avoir pris les armes.
N’ayant jamais exposé sa vie face à l’ennemi, il ne devrait sa notoriété de maquisard qu’à l’irradiation du prestige de Boumediène
dont il aurait abusé de l’aile protectrice.
Réhabiliter Ferhat Abbas, c'est faire la lumière sur le vrai rôle historique de Bouteflika.

L.M.

1 et 2 : Ferhat Abbas, L’indépendance confisquée, Flammarion, 1984.

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Commentaires (32) | Réagir ?

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algerie

merci

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