C’est demain mardi, au lendemain de la commémoration de la triste journée du 17 octobre 1961, à quelques jours de la célébration du 1er novembre en Algérie, que sera officiellement installée à l’hôtel des Invalides, à Paris, la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, des combats de Tunisie et du Maroc.

Cette fondation est prévue par l’article 3 de la loi du 23 février 2005 jugée scélérate par une grande partie de la société civile du fait qu’elle faisait l’apologie du colonialisme. L’article 13 de cette loi indemnise les anciens membres de l’organisation criminelle OAS.

De nombreuses voix, notamment d’historiens français, s’élèvent contre l’installation de cette Fondation pour la mémoire conçue, selon eux, au seul service des nostalgiques de la colonisation et du courant xénophobe d’extrême-droite.

Selon Hubert Falco, secrétaire d’Etat français à la Défense et aux Anciens Combattants, c'est l’occasion de "réconcilier toutes les mémoires » entre les ennemis d’hier, qu’ils soient issus du FLN ou de l’OAS ". Vaste programme pour lequel les Français mettent les moyens. Le budget de la Fondation sera de 7,2 millions d’euros (dont trois versés par l’Etat). L'homme d'affaires Claude Bébéar (personnalité incontournable du CAC 40, fondateur d’Axa et « ancien » d’Algérie, est pressenti pour la diriger. Un comité scientifique conduira les travaux sous l’égide de trois grandes associations : les Gueules cassées, la Fédération nationale André-Maginot et le Souvenir français. .

Les explications de Hubert Falco

J’ai récemment rencontré un harki qui me disait, les larmes aux yeux : « Aidez-moi ! Aidez-moi à expliquer aux miens, à mes enfants, le pourquoi de notre histoire. Pourquoi j’ai quitté l’Algérie, pourquoi je suis resté fidèle à la France. » Vis-à-vis de ces hommes et de ces femmes, nous avons un devoir de vérité. C’est à cela que devra servir la Fondation. Songeons à la façon dont, après la Seconde Guerre mondiale, la France de De Gaulle et l’Allemagne d’Adenauer ont, à partir de 1963, organisé leur réconciliation.

La Fondation est au service de l’histoire. Elle doit faire avancer la recherche historique et être ouverte à tous. La réconciliation ne passe ni par l’oubli ni par la falsification de la réalité, mais par le fait de regarder les réalités. La Fondation doit être ouverte à tous : historiens, scientifiques, militaires français, harkis, rapatriés, proches du FLN ou sympathisants de l’OAS.

Chacun pourra venir dire « sa » vérité. Continuer, comme on le fait aujourd’hui, à mettre un mouchoir sur ces événements, ce n’est pas la solution ! La Fondation doit être un lieu de débat ouvert à tous, y compris aux Algériens.
La Fondation peut offrir à l’Education nationale des ressources complémentaires, des moyens documentaires. On peut imaginer la création d’un concours sur le modèle de celui dédié à la mémoire de la déportation, auquel 40.000 jeunes participent chaque année.

D.F.

Source : France-Soir

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