L'Algérie s'est enfoncée dans la corruption

L'Algérie s'est enfoncée dans la corruption

L'Algérie recule à la 99ème position

Transparency international (TI) a rendu public hier son rapport 2007 sur l'Indice de perception de la corruption (IPC) qui a concerné cette année 180 pays, dont l'Algérie. Selon le document qui nous a été transmis, l'Algérie a reculé de 15 places par rapport à l'année dernière, puisque sa note n'a pas évolué pour la cinquième année consécutive (3/10). Ce qui la classe à la 99e position sur les 173 pays où les enquêtes sur la corruption ont été menées. C'est dire que le phénomène n'est pas près d'être éradiqué, en dépit de la multitude des discours officiels sur la lutte contre ce fléau et la transparence. Le constat de TI n'a d'ailleurs pas étonné l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) qui estime, tout comme TI, dont elle est la section locale, que la note obtenue par l'Algérie signifie la «persistance du haut niveau de corruption au sein des institutions de l'Etat».

«Les résultats de l'IPC 2007 montrent par ailleurs que la grande corruption dans les transactions commerciales internationales prend des proportions de plus en plus inquiétantes», estime l'association qui ajoute que l'Algérie est devenue un «acteur» important de ce type de corruption, et ce n'est pas un hasard si 4 principaux fournisseurs de l'Algérie -l'Allemagne, le Canada, l'Italie et le Japon (membres du G 8)- n'ont toujours pas ratifié la Convention des Nations unies contre la corruption ! Et ce n'est pas un hasard non plus si les relations économiques et commerciales de l'Algérie avec les 10 pays en tête de ce classement -Danemark, Finlande, Nouvelle Zélande, Singapour, Suède, Islande, Pays-Bas, Suisse, Norvège, Australie- ne représentent même pas 1% de ses importations». Pour sa part, le président de Transparency International juge qu'en dépit «de quelques avancées, la corruption continue de siphonner de manière dramatique les ressources affectées à l'éducation, à la santé et aux infrastructures».

Le rapport de cette ONG indique que «la forte corrélation entre corruption et pauvreté reste évidente», en ce sens que 40% des pays «dont la note est inférieure à trois [indiquant que la corruption est perçue comme endémique], sont classés par la Banque mondiale comme pays à faible revenu». Le rapport indique également que dans plusieurs pays d'Afrique, les notes sont plus élevées que par le passé en raison des efforts consentis dans la lutte contre la corruption. Ce qui n'est pas le cas dans notre pays où l'on constate malheureusement que l'instance chargée du suivi du phénomène de la corruption n'a jusqu'à présent pas été installée, en dépit de la promulgation du décret fixant ses missions, ses prérogatives et ses attributions. Aussi, TI exhorte-t-elle les pays à faible note dans IPC à assumer leurs responsabilités en s'attaquant au phénomène. «Les faibles notes de l'IPC indiquent que les institutions publiques sont fortement compromises. La priorité est d'améliorer la transparence dans la gestion financière, dans la collecte des impôts aux dépenses publiques, de renforcer les procédures de contrôle et de mettre fin à l'impunité dont bénéficient les responsables corrompus». L'organisation non gouvernementale constate par ailleurs que dans les pays en voie de développement, les gouvernements appréhendent, voire proscrivent, la contribution de la société civile dans la lutte contre la corruption, alors qu'elles «jouent un rôle central de surveillance».

L'indice de perception de la corruption pour 2007 classe le Danemark en pole-position parmi les pays non corrompus avec une note de 9,4, suivi de la Finlande, La Nouvelle Zélande avec la même note. Viennent ensuite Singapour, la Suède, l'Islande, Les Pays-Bas, La Suisse, le Canada, la Norvège, l'Australie, le Luxembourg, le Royaume-Uni et Hong Kong. La dernière position est attribuée à Malte avec 5,8. Sur le continent africain, l'Algérie est classée 16e. Alors que c'est l'un des premiers pour ne pas dire le premier Etat à avoir ratifié la convention internationale de lutte contre la corruption. Cependant, il n'a pas encore mis en place l'ensemble des mécanismes à même de venir à bout de ce phénomène qui constitue un véritable danger pour la stabilité du pays.

L'Association algérienne de lutte contre la corruption qui attend toujours son agrément par le ministère de l'Intérieur qui n'a pas été surprise par les résultats de l'IPC, poursuit son combat de sensibilisation et dénonce le détournement systématique de la réglementation des marchés publics où le gré à gré est en passe de devenir la règle alors qu'il constitue une exception. L'AACC s'est également déclarée offusquée des déclarations de M. Ghlamallah qui, à l'occasion de l'ouverture des plis pour la construction de la Mosquée d'Alger, a indiqué que le choix du bureau d'études sera du ressort exclusif du président de la République, alors qu'il s'agit là d'un appel d'offres qui devrait aller au moins-disant à même de répondre aux exigences de la construction de ladite mosquée. «Face à une pauvreté et un chômage en très forte hausse, à une économie informelle qui se généralise et à un semblant de démocratie de façade, l'Algérie entre dans une zone de forte tempête entretenue par toutes sortes d'impunités, d'amnisties en tous genres et de grande corruption sur fond de crime organisé tentaculaire», conclut le communiqué de l'association en réaction aux résultats de l'IPC.

Par Faouzia Ababsa (La Tribune)

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Commentaires (4) | Réagir ?

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madjid ali

Il est temps que le peuple bouge. Il y aura beaucoup de morts mais certains seront pendus sur les places publiques

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ediss

la corruption aujourd'hui fait parti du paysage des algérien le corrompu est vu par la societé comme quelqu'un kafez. Ce qui a ligitimer la corruption et actuelement tous veulemnt le pratiquer puisque C'EST RENTABLE ET SA PAYE ; Même l'état "le pouvoir est devenu corrupteur en vendant des reves aux algeriens pendans des mois pour qu'il leurs donnent un quitus de bonne conduite.

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