ALGÉRIE-KOWEÏT : Une coopération pas si concrète

Arrivé hier matin à Alger pour une visite officielle de deux jours, l’émir du Koweït, Cheikh Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah, en tournée depuis lundi dernier au Maghreb, marque ainsi sa deuxième halte, après celle effectuée en Tunisie. La visite s’inscrit, souligne un communiqué de la présidence relayé par l’APS, dans le cadre de la «consolidation des relations de fraternité et de la coopération bilatérale avec l’Algérie». Une coopération d’un niveau plutôt «très limité», vu le volume annuel d’affaires entre les deux pays et le peu d’investissements koweïtiens réalisés en Algérie.

De tous temps, les engagements des opérateurs de cet émirat pétrolier du Golfe arabe n’ont que rarement dépassé le stade d’intentions, souvent annoncées avec bruit. Et la coopération bilatérale entre les deux pays a été beaucoup plus marquée par le scandale financier ayant secoué le Fonds algéro-koweïtiens d’investissement (Faki) et qui a subi un préjudice de 800 milliards de centimes, détournés sous forme de transferts à l’étranger ou de crédits non remboursés et dont les principaux accusés demeurent en fuite, que d’affaires fructueuses. Le Faki, créé en 1988 à l’issue de la quatrième session de la commission mixte, tenue une année avant, soit en 1987, pour justement promouvoir l’investissement koweïtien en Algérie, fut ainsi détourné de sa vocation initiale. Depuis, d’innombrables projets ont été annoncés pompeusement tout au long des années 1990 et début 2000, mais n’ont jamais été réalisés. La commission mixte ne s’est plus réunie depuis et ne s’est «réveillée» qu’au mois de novembre 2008, soit 21 ans après, au cœur du scandale du Faki. Plusieurs accords ont été quand même signés, notamment dans le domaine du transport aérien, lequel prévoit l’ouverture d’une ligne aérienne entre Koweit-City et Alger avec 7 vols hebdomadaires, et ce, à l’issue de cette 5e session de la commission mixte, une session tenue à Alger après la visite du président Bouteflika au Koweït en avril de la même année. Outre la création d’une société d’investissement algéro-koweïtienne pour faciliter aux investisseurs koweïtiens et algériens de monter des affaires. La 6e session de cette même commission, tenue en juin dernier à Koweit-City, a encore accouché de six nouveaux accords et conventions de coopération. Respectivement, dans les domaines de l’énergie, les transports, l’agriculture, les ressources en eau, la formation et l’enseignement professionnels et la culture. Elle a également institué le «Comité de suivi de la coopération bilatérale», devant se réunir entre deux sessions de la commission mixte pour «faire le bilan de l’état d’exécution des recommandations arrêtées d’un commun accord». Mais, pour le moment, aucun bilan officiel n’est encore rendu public et les quelques bribes d’informations relayées ici et là font état d’une coopération pas si concrète entre les deux pays arabes. Il convient de noter dans ce sens les engagements pris par les groupes Kuwait Investment Building (KIB), National Bank of Kuwait (NBK) et Babitine. Le premier compte construire un centre touristique à Aïn Taya, à l’est d’Alger. Le deuxième a tenu à être opérationnel en Algérie à travers une filiale de sa banque courant 2009 et le troisième mise plutôt sur une aventure industrielle et le montage d’une usine de construction de voitures à Tiaret et une autre de plâtre blanc à Laghouat. Des projets qui n’ont toujours pas vu le jour. Et encore, pas de liaison jusqu’ici entre Alger et Koweit-City. Sur le plan politique, les divergences de vue sont aussi criantes, surtout pour ce qui a trait au règlement du conflit palestinien. Le sommet de Doha, en 2009, auquel a appelé l’émir du Qatar pour dénoncer les agressions israéliennes contre le peuple palestinien, boycotté par l’Égypte, l’Arabie saoudite et le Koweït, rappelle bien les positions de chacun. Bref, Alger est la deuxième halte de l’émir koweïtien, en tournée au Maghreb qui intervient après le double sommet de Syrte en Libye — le 2e sommet arabo-africain et celui extraordinaire de la Ligue arabe — et qui le conduira également au Maroc et enfin en Mauritanie. Avec la Tunisie, la coopération est déjà forte de 35 conventions dans tous les domaines, surtout financiers, et où les Koweïtiens sont présents à travers la production du ciment. Cette visite donnera-telle un nouveau souffle à la coopération avec l’Algérie ? Rien n’est moins sûr...

L. H.

Source : http://www.lesoirdalgerie.com

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walid crsic

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