Cour des comptes : Comment éviter une "affaire Bouteflika" bis ?

Cour des comptes : Comment éviter une "affaire Bouteflika" bis ?

Une semaine après la parution et l’adoption - contre le gré de Bouteflika - d’une nouvelle ordonnance élargissant les attributions de la Cour des comptes, désormais habilitée à "formuler des recommandations" pour la protection des deniers publics, et la lutte contre les fraudes et préjudices au Trésor public, la dite Cour passe à l'action.

Elle organise en partenariat avec le groupe arabe des organismes de contrôle financier et comptable, les 6 et 11 novembre prochain, une réunion arabe sur « le contrôle financier des missions diplomatiques à l’étranger », à laquelle participeront des experts et des représentants des structures arabe de contrôle financier.

Autrement dit, la Cour va débattre de la question saugrenue : comment éviter une "affaire Bouteflika" bis ?

L'actuel chef de l'Etat avait été jugé par cette même Cour en 1983, pour détournement des fonds des ambassades.
Depuis son retour au pouvoir,1999, Bouteflika n’a jamais voulu entendre parler de cette institution constitutionnelle de contrôle, qui lui rappelle de très mauvais souvenirs. Il l’a mise en quarantaine, ignorée, abandonnée et, pour tout dire, sabotée. Il a refusé, entre autres, de publier le rapport annuel de l’institution au Journal officiel, alors que c'est une obligation législative. Il a bloqué le statut de ses magistrats. Le syndicat des magistrats de la Cour des comptes avait, on le rappelle, dénoncé à plusieurs reprises la situation catastrophique de la Cour des comptes, muselée et moribonde. « N'eût été la consécration constitutionnelle de cet organe de contrôle, on peut penser que Bouteflika aurait dissout la Cour des comptes, réglant à son tour des comptes »

Aujourd'hui, la Cour des comptes se venge.

Cette réunion de novembre prochain aura pour objectif d’initier des experts de la cour des comptes en sa qualité d’organisme gouvernementale chargé du contrôle des structures et institutions qui gèrent les deniers publics, et des organismes arabes de contrôle aux mécanismes de contrôle financier des missions diplomatiques à l’étranger.
La manifestation étudiera également les techniques de contrôle des données financières électroniques ainsi que les difficultés auxquelles font face les services de contrôle dans le suivi des activités des institutions gouvernementales. Des cas pratiques et des expériences des services arabes de contrôle financiers des missions diplomatiques à l’étranger et la lutte contre toute forme de fraude et d’exploitation illégale de fonds publics seront également présentés.

Même le cas Bouteflika ?

L.M.

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Commentaires (22) | Réagir ?

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Azoumba

Azul, @Lahrani le dernier paragraphe de l article de Kamel Daoud du journal le quotidien d oran du 08/09, reflete ton idee.

Le visage d'un président la nuit du Destin

par Kamel Daoud

Saâdane ou pas, il y a chez les Algériens, aujourd'hui, une sorte de pessimisme brut qui les fait regarder la mer comme un mur à enjamber pour se sauver et qui les fait voir l'avenir comme une possible dispersion: on replie le drapeau pour le ranger, que chacun reprenne ses martyrs ou son argent, les plus pauvres prendront leurs chaussures et que chacun aille se chercher un autre pays pour tout refaire à partir du générique de l'accouchement. Vision extrême ? Non, presque tous en sont convaincus, au plus haut sommet. Personne n'y croit. Même le président de la République, vu avant-hier à la télé, pendant la célébration de la 27e nuit du ramadhan, avait un visage de colère triste. Le visage d'un homme qui veut aller ailleurs, qui ne veut pas rester, qui veut refaire sa vie, qui regrette un peu et se contente de subir son temps comme on subit un mauvais mariage.

Récapitulons donc: on a des routes, une partie de l'histoire nationale visible, beaucoup d'argent, des maisons, la possibilité de ne pas crever de faim, des papiers mais il manque quelque chose. Même pour les derniers nationalistes algériens, ceux vaincus par la pesanteur et pas convaincus par l'émotion, il «manque quelque chose». Le quoi ? «L'envie de vivre ensemble». Techniquement, lorsqu'on fait une sorte de bilan émotionnel de la nation, on aboutit à ce constat: on ne veut pas vivre ensemble, tout simplement. On veut mordre, prendre un gros morceau de viande et s'en aller en courant vers un endroit caché pour le manger toute une vie, mais on ne veut pas rester ensemble. On ne veut pas.

D'où ce pessimiste national algérien. L'autre raison est qu'il n'y a pas de raisons de croire à autre chose. On a tout essayé: du coup d'Etat, à l'islamisme en armes. Rien n'y fait. Le pays reste un lot de terrain mal partagé, à peine une terre. Pour les plus perspicaces, il n'y a plus d'espoir, seulement une grosse discipline d'endurance. Dans les villes, les Algériens attendent le salaire et le jugement dernier. Dans les villages, ils attendent le jugement dernier en s'attroupant près des postes. D'où cette question: que faut-il pour sauver un pays qui a tout pour être un pays mais qui n'en est pas un encore ? De l'argent ? Non. Des routes ? A peine. Des élections ? Un autre président ? Non, non, répond une sorte d'intuition partagée. Le cycle est fermé: chaque dix ans, nous avons droit à un nouveau président, un nouveau cycle d'islamistes et un quota de partance vers des pays possibles. Chaque dix ans, l'Algérie fait le tour complet de son désastre, entre rumeurs, perte d'image internationale, guerre de clans, consensus, répressions, distributions de logements et d'augmentations de salaires, grèves et enterrements. Au bout de dix ans, le cycle est fermé, le président du moment part, on en choisit un autre et on recommence.

La sortie ? Il n'y en a pas. Ou seulement une seule: l'école. Réformer l'école. Profondément. Y introduire l'algérien comme langue nationale, la rationalité, la tolérance et l'utilité de l'apprentissage en fonction de nos besoins et pas de nos mythes. Ce n'est pas pour rien que le pouvoir garde un ministre de l'Education plus longtemps qu'il ne garde un président. La colonne vertébrale de l'idéologie du système, c'est l'école où il forme ses zombies et ses domestiques. Ce qu'il faut, c'est libérer l'école, et attendre une 3e génération, dans quelques décennies. Une génération exempte de nos pessimismes, comme de nos bigoteries et de l'histoire nationale. Capable de reprendre le pays à partir d'un meilleur alphabet et de fonder une nation autrement que sur le butin. Possible ? Si peu. Le système est capable de vous donner un pipe-line mais jamais de vous céder «son» école. L'une des guerres les plus sourdes de la décennie a été celle contre les «écoles dites privées». Celles qui échappent un peu à ce monopole d'appareils de l'Etat. Car avec une bonne école libre, on aura de vrais électeurs, des chambres de commerce avec un vrai patronat, une vraie élite, un réel rapport au réel, moins de kasma et de Belkhadem et plus d'entreprises et de livres et de récoltes. C'est-à-dire qu'on n'aura pas le pouvoir que nous subissons aujourd'hui. Ni cette grosse douleur d'avoir été trompés après l'indépendance, par l'indépendance.

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el-menfi

Aujourd'hui, la Cour des comptes se venge. je n'ai pas aimer du tout cette phrase qui c, est glisser au milieu du paragraphe. non la cour des compte fait sont travail c, est tout, je suis tres fiere que cette haute institution redeviene fonctionnelle, au moins ceux qui se disent que le pays est une vache a traire auront des surprisent, ceux qui ont trahis la memoire, oui le trou est immense mais nous pouvant la recoudre et la cimenté.

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