Alger, l’année de Krishna et du steak indien

 Alger, l’année de Krishna et du steak indien

A la douzième année du règne de Abdelaziz 1er , nous mangeâmes de la viande indienne. Que Krishna nous pardonne, mais l’idée était originale. Quoi de plus opportun, je vous le demande, qu’une vache sacrée pour marquer un mois sacré ? Et puis, avait-on le choix ? A la douzième année du règne de Abdelaziz 1er , il n’y avait toujours pas suffisamment de viande pour tous. Oh, il y a bien eu le PNDA, plan national pour le développement agricole, un bidule qui a coûté à l’Etat, depuis 2000 à 2005, près de 217 milliards de dinars et qui ne garantit toujours pas la chorba de 2010. Il y a bien eu le plan de relance économique 2004-2009, dit « plan du président de la République », un truc ambitieux qui devait créer un million de logements, abolir le chômage et assurer le steak quotidien, un plan avec des spécialistes et tout et tout, qui est passé successivement de 55 milliards de dollars fin 2004 à 200 milliards de dollars à fin 2009. Mais tout ça c’était pour le troisième mandat ! Personne ne saura dans quelle poche a fini l’argent puisque nous n’avons eu ni le million de logements ni le steak quotidien et que nous ne savons pas ce qu’est devenu ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat. Mais l’essentiel, n’est-ce-pas, est que Abdelaziz 1er ait été réélu haut la main. Ce ne sont pas les plans qui manquent. La preuve : on parle déjà de « l’imposant plan de relance agricole, doté d’une importante enveloppe financière de 1 000 milliards de dinars pour la période 2010-2014 dans le cadre du programme quinquennal » Je sais, tout ça vous promet de la viande de Guinée-Equatoriale pour le Ramadhan 2014, mais rendons grâce à Abdelaziz 1er des efforts qu’il déploie pour maintenir l’Algérie dans le peloton de tête des pays les plus corrompus de la planète. Sans grandes enveloppes, où pourrait se nicher le bakchich ?

Notre président ne fait, après tout, que rétablir les anciens sacrifices védiques célébrés par les brahmanes, du temps où la vache était encore un animal de sacrifice. Les fidèles se partageaient la viande, mais les meilleurs morceaux revenaient bien sûr aux brahmanes.

L’offrande sacrificielle était à base de beurre fondu généralement, d’où, sans doute, la formule appropriée « faire son beurre » qui est restée dans le lexique du commerce international.

Et puis, en cette années de vache mythique, recueillons-nous, pour l’instant sur le ragoût de 2010. N’oublions pas, quoiqu’il arrive, que Khamdenu, la vache sacrée de Krishna, huitième incarnation de Vishnou, cette vache-là exauce tous les vœux. C’est ce que disent les textes sacrés très anciens, les puranas auxquels je vous invite à croire sans craintes. Diable ! Quand on a gobé au plan de relance économique du président de la République qui devait créer un million de logements, abolir le chômage et assurer le steak quotidien, pourquoi ne pas croire aux puranas ? Ça ne coûte rien. En tout cas moins de 200 milliards de dollars.

Zaouèche

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Commentaires (12) | Réagir ?

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Bey Mustapha BEBBOUCHE

Les Algériens n'ont que faire d'un gouvernement qui n'arrive même pas à gérer les pâturages du pays et le littorale algérien pour assurer le minimum de protéines nécessaires à la subsistance des citoyens. L'Etat importe des médicaments à outrance alors que le peuple a besoin de nourriture pour ne pas tomber malade. A quand notre indépendance alimentaire?

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Halima G.

@Ghanima : C'est génial, du régal "sacré"!! " La Sourate El Bakara"!! Programme n° 1 des prochains "Tharaouih"! Bien visé!!

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