Chakib Khelil : crevette ou gros poisson ? ( PARTIE 2 : L'AMI)

Chakib Khelil : crevette ou gros poisson ? ( PARTIE 2 : L'AMI)

On se souvient qu’à l’occasion de sa première visite aux Etats-Unis, en septembre 1999 lors de la réunion annuelle de l’assemblée générale des Nations Unies, Abdelaziz Bouteflika avait pris contact avec son ami d’enfance, celui avec lequel il avait usé ses fonds de culotte sur les bancs de l’école à Oujda, Chakib Khelil, et lui avait proposé de rejoindre l’équipe gouvernementale qu’il était entrain de constituer. Il l’avait alors nommé conseiller à la présidence avant de le désigner ministre de l’énergie et des mines au début de l’année 2000, un poste qu’il occupe encore aujourd’hui. Entre autres raisons qui avaient motivé ce choix, il y avait le fait que l’intéressé avait passé, à cette date, quelques 30 années aux USA. Il y avait fait ses études universitaires, avait travaillé durant quelques années dans une société conseil ayant pignon sur rue à Dallas (Texas), avant de rejoindre la Banque Mondiale à Washington vers la fin des années 70, où il a été en charge des études et évaluations pétrolières pour la zone Amérique latine. Lors de ces longues années passées aux Etats-Unis, Chakib Khelil avait noué de profondes relations avec les pétroliers texans, dont certains occupèrent plus tard des fonctions éminentes dans l’administration Clinton et dans celle de George W. Bush. C’était donc pour le président algérien le candidat idéal pour le poste de ministre en charge du secteur pétrolier, compte tenu des relations qu’il envisageait, déjà à cette date, d’entretenir avec les Américains.

Abdelaziz Bouteflika sortait, comme on le sait, d’une longue traversée du désert au cours de laquelle il avait vu le monde changer par rapport à ce qu’il était durant les années 60 et 70 quand il avait été l’un des plus proches collaborateurs du président Houari Boumediene : le bloc soviétique n’existait plus, le non alignement était devenu une notion désuète et il n’y avait plus qu’une seule super puissance, les Etats-Unis. Ces facteurs, auxquels s’ajoute son désir probable d’échapper autant que faire se peut à l’influence de l’autre grande puissance qui compte en Algérie, la France, ainsi que son ambition de voir les Américains lui accorder un traitement au moins égal à celui réservé aux deux autres leaders du monde arabe, le roi Fahd et le président Hosni Moubarak, sont autant d’éléments – parmi d’autres - qui l’avaient amené à vouloir entretenir une relation privilégiée avec l’administration américaine. N’oublions pas non plus que lors de l’élection présidentielle d’avril 1999, Abdelaziz Bouteflika s’était retrouvé seul en course à la veille du scrutin, que les autres candidats s’étaient retirés en dernière minute, considérant que les dés étaient pipés et que l’armée avait décidé de soutenir le "candidat indépendant" Bouteflika. C’est donc un président mal élu qui était arrivé à la tête de l’Etat. Bénéficier dans ces conditions du soutien du président de la plus grande puissance mondiale lui permettait d’acquérir la légitimité qu’il n’avait pas eue par les urnes, de s’imposer face à ceux qui l’avaient choisi pour remplacer Liamine Zeroual et aussi ne pas être un "trois quart de président", comme il ne cessait de le répéter. A cette date, (nous sommes en 1999/2000, les attentats du 11 septembre n’ont pas encore eu lieu) il n’existe qu’un seul moyen pour acquérir les bonnes grâces de l’administration américaine : il faut l’intéresser au secteur pétrolier algérien. Ceci se vérifiera tout particulièrement avec l’arrivée à la Maison Blanche de l’équipe de pétroliers texans emmenée par George W. Bush.

Si le choix de Chakib Khelil correspond bien à la politique de rapprochement que Bouteflika envisageait d’instaurer avec les Etats-Unis, elle remplissait d’aise les Américains aussi. Lors de la trentaine d’années qu’il a passées en Amérique, Chakib Khelil a appris à connaître ce pays mieux qu’il ne connaît celui de ses parents. Il est devenu un ardent défenseur de la politique ultra libérale prônée au sein de la Banque Mondiale, tout comme il est aussi devenu un fervent partisan de la politique "d’ouverture" des lobbys pétroliers américains. La presse algérienne a même rapporté qu’il avait la nationalité américaine. Si l’on rajoutait à cela les relations étroites qu’il a tissées au pays de l’oncle Sam, il représentait donc bien un jackpot pour les Etats-Unis. Ils sont d’ailleurs nombreux en Algérie, y compris au sein de la classe politique et au sein de l’équipe dirigeante elle-même, à considérer que l’intéressé est un cheval de Troie US placé au point le plus névralgique du pouvoir algérien ; certains, telle Louisa Hanoune le disent même à haute voix. On s’est rendu compte avec l’arrivée de George W. Bush et son équipe à la Maison Blanche, puis au lendemain des attentats du 11 septembre, combien il était important pour l’administration US d’avoir un interlocuteur si bien disposé à son égard et si haut placé dans la hiérarchie gouvernementale algérienne.

Moins de quinze jours après sa prise de fonctions, George W. Bush mettait sur pied un groupe de réflexion dénommé NEPD Group (National Energy Policy Development Group), présidé par le vice président Dick Cheyney. La tâche assignée à ce groupe de travail était d’étudier et proposer une politique nationale énergétique destinée à aider le secteur privé mais aussi l’Etat fédéral et les collectivités locales à promouvoir pour l’avenir, la production et la distribution d’une énergie sure, d’un coût abordable et respectueuse de l’environnement.

HOCINE MALTI

(EXTRAIT D'UN ARTICLE PUBLIE DANS ALGERIA-WATCH "Les américains en Algérie: Pétrole, magouilles et terrorisme" , Algeria-Watch, 13 octobre 2007

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Commentaires (14) | Réagir ?

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salamat

lt lilya de 28ans, soit courageuse et lutter à fond aider ton bled par tous les moyens, dire ce que tu dans le coeur, car ce journal te donne l'occasion pour envoyer ton message et orienter les jeunes des sections DRS, pour continuer à nettoyer ton bled. certains ont signalé des anomalies à SH et régions SH,

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mouh oulamine

MALG, DRS Groupe de OUJDA, le Système actuel, Boumediene le criminel, Chadli l'analphabète, celui qui est plus haut de 2 cm que Bonaparte etc.. sont tus de la même horde, c'est du Kif KIf, ils n'ont rien à foutre de l'Algérie ou des Algériens. Le plus important c'est qu'ils ont plein les comptes à l'étranger, leurs enfant ne sont pas touchés par l'arabisation et leur système éducatif ou dictatorial. Aujourd'hui le déballage se fait juste pour régler leurs comptes, ce n'est pas à cause du patriotisme, ou du 1er novembre de l'islam "dine wa dawla" c'est du Khorti et de l'aveuglement.

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