« Immigration choisie » : par qui ?

« Immigration choisie » : par qui ?

Avec la France nous sommes souvent trahis par nos sentiments et victimes de notre crédulité qui nous fait croire que nous traitons avec elle d’égal à égal. Nous nous laissons abuser par les mots et oublions toujours que si tous les pays sont égaux, il y en a qui sont plus égaux que d’autres et que « dans tous les rapports où l’une des parties n’est pas assez libre ni égale le viol, souvent, commence par le langage » (A. Mbembé). Le français est une langue concise et c’est déjà dans les mots que se dessinent les nuances. Un « immigré » c’est, selon Littré, quelqu’un qui est « venu dans un pays pour s’y établir », mais si un Sénégalais qui vit et travaille en France est un immigré, un Français qui vit et travaille chez nous est désigné par le terme autrement plus valorisant d’« expatrié ». Un Français qui vient pour un court séjour au Sénégal est un « touriste », accueilli à bras ouverts, même quand il est sans le sou, un Sénégalais dans la même situation est versé dans la catégorie d’immigré potentiel et soumis à des tracasseries administratives. On veut nous faire croire qu’il est venu le temps de l’« immigration choisie » et que celle-ci est une « chance » pour les Africains, une entente « négociée entre les pays d’origine et les pays de destination » (Sarkozy, Bamako, mai 2007).

Négociée ? Certainement pas ! Choisie ? Oui, mais par une seule des parties ! C’est en réalité un concept inventé, mis en forme et servi tout prêt à ses « partenaires » africains par la France. C’est une notion à sens unique puisque l’immigration n’est « choisie » que dans le sens Afrique-Europe. Pour qui se rend de France au Sénégal, notamment, l’immigration n’est ni sélective ni discriminatoire ni même onéreuse, puisque contrairement au Sénégalais, le Français qui veut venir chez nous n’a pas besoin de visa ni même de justifier ses moyens d’existence dans notre pays. Pourtant la réciprocité est l’un des principes fondamentaux des rapports entre nations et M. Sarkozy lui-même nous a assez martelé que « les relations entre états modernes doivent dépendre de la confrontation de (leurs) intérêts respectifs » (Bamako, juillet 2007). La France ne peut évidemment être seule mise en cause ici puisque d’autres pays africains de la sous-région appliquent ce principe de réciprocité. [...]

Rencontres manquées, espoirs déçus !

Si la France veut, comme elle le prétend, faciliter la circulation des hommes de culture, des artistes, des chercheurs..., il faut qu’elle cesse d’ajouter des barrières aux anciennes barrières. Qu’au moins elle n’oblige pas ces « immigrés » choisis par elle à négocier chaque séjour au jour près, et accepte de leur délivrer des visas à longue durée, comme le font déjà les Américains, ou qu’elle leur facilite le contact avec une autorité qualifiée, en cas d’extrême urgence. Que le Consulat cesse d’être inaccessible, sourd à tous les appels, y compris ceux d’officiels sénégalais que l’on croyait « influents », sourd aux cris de détresse électroniques venus de France et qui expriment la gêne et le désarroi.

L’Ambassadeur de France rêve de « pouvoir expliquer librement l’action de son pays au Sénégal ». Il est sûr, dit- il, « d’être entendu sans parler » : il a de la chance car beaucoup d’Africains parlent à la France sans espoir d’être entendus ni même écoutés ! Moi même, je m’y suis essayé, en « laissant parler mon cœur », comme lui-même l’a fait devant ses invités, le 14 juillet dernier. Son Excellence a préféré « tenir entre ses mains » mon livre, plutôt que de le lire, le soupçonnant de n’exprimer que « la part amère de la rencontre entre nos deux pays et nos deux cultures ». Il préfère, pour ce qui le concerne, « la part féconde et enrichissante de cette rencontre, notamment dans le domaine des lettres ». C’est justement de cette part qu’on m’a privé en me faisant rater le rendez-vous d’Africajarc, ne me laissant que l’amertume.

Extrait de l’ouvrage : « A mes chers parents gaulois », Editions des Arènes, Paris 2007.

* Soit 300 € environ.

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Commentaires (12) | Réagir ?

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algériennelibre

@oran justement, les chouhada que tu aime tant citer doivent se retourner dans leurs tombes avec tout les malheurs qui s'abattent sur l'algérie!si on critique notre pays c'est parce que nous l'aimons profondément, et le voir dans cet état de délabrement avancé nous déchire le coeur; la france et d'autres pays occidentaux sont mes pays d'exil préférés à l'instar de milliers d'algériens. car je refuse de vivre dans les pays islamistes y compris l'algérie (les chouhadates doivent pleurer sur sort de leurs petites filles pour lesquelles elles ont arraché la liberté à la france). contrairement aux islamistes hypocrites et profiteurs qui n'aiment pas l'occident, qui critiquent violemment cet occident mais font de lui un lieu de prédilection pour y vivre avec leurs femmes et leurs enfants, exemple du barbu de Nantes qui a défrayé la chronique il y'a quelques semaines). donc nous aimons notre pays plus que tout, la france est un pays d'asile et pas notre mère patrie que ce soit claire ! parce que vous brouillez les pistes et vous essayez à chacune de vos interventions d'escquiver les vrais débats. alors, laisse nos martyrs reposer en pays et arrête de les mélanger à toutes les sauces !

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Muhend-Ukavache

Etonnant quand on regarde qui sont sont les accusateurs. Les cireurs des godasses des soldats Francais durant l'occupation qui osent donner des lecons de patriotismes aux autres. Lorsque les Francais etaient en Algerie, leurs parents etaient des Beni-oui-oui qui faisaient le plat-ventrisme devant les colons. Et qui se demandaient : Wache bihoum Zwaoua ma3 Franca? Cinquante ans apres que les Francais sont retournes chez eux, les Fils de Bakta viennent nous donner des lecons sur le patriostime et osent en plus accuser les kabyles qui ont vecus durant 7 ans et demie l'enfer des bombardement avec du napalm de valets de la France. Ahhhh... si c'etait a refaire.

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