L’hommage de Mme Toumi à Coluche

L’hommage de Mme Toumi à Coluche

Sans doute parce que, de leur vivant, ils ont tout dit et qu’après leur mort, ils nous invitent toujours à en rire plutôt qu’à les pleurer, il n’a jamais été aisé de faire l’éloge posthume des grands humoristes. L’exercice est délicat qui risque de déclencher une hilarité malvenue dans un instant de recueillement ou, pire, de faire offense à la mémoire du comique par une oraison indigne de son talent. Aussi l’homélie à la mémoire des grands amuseurs est-elle laissée aux gens d’esprits, quand il s’en trouve, les seuls dont on attend qu’ils s’acquittent du panégyrique en s’évitant les blessantes platitudes.

C’est pourtant avec brio, et sans être un grand esprit, que Khalida Toumi, la ministre de la Culture, a rendu un éclatant hommage à Coluche, samedi, sur la radio Chaîne III, dans la bien nommée émission « En toute franchise ». D’une voix claire et un brin offusquée, Mme Toumi s’est indignée de la mauvaise polémique qui entoure le film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, s’emportant contre les faux procès faits au réalisateur par des politiciens français et, solennelle, rappelant que « Rachid Bouchareb est un créateur », raillant une controverse autour « d'un film de fiction qui touche à une période où il y a les massacres du 8 mai 45 et la guerre de libération. »

« Une fiction ! C'est tout ».

C'est tout ? Une fiction comme « Le village de l’Allemand » de Sansal ou « Journal d’un homme libre » de Benchicou, deux livres pourtant interdits par madame la ministre pour « atteinte à la guerre de libération » ? Une fiction, c’est tout ?Mme Toumi, avec deux mimiques et un accent outragé, venait de consacrer Coluche qui disait : « C'est pas compliqué, en politique, il suffit d'avoir une bonne conscience, et pour ça il faut avoir une mauvaise mémoire ! » Quel bel hommage à l’humoriste que celui d’une ministre interprétant, avec tant de gravité, tant de vanité et tant de vraisemblance, un personnage de Coluche, un de ceux-là même qui nous gouvernent dans l’arrogance et la bêtise, si brillamment puéril, si benêt, tellement vrai, une ministre prise dans la vérité coluchienne, oui madame, le plus dur pour les hommes politiques, c'est d'avoir la mémoire qu'il faut pour se souvenir de ce qu'il ne faut pas dire, mais comment faire, n’est-ce-pas...

Enfin, une parodie digne du grand comique ! Et ce rire d’outre-tombe : c’est Coluche. « Je ferai aimablement remarquer aux hommes politiques qui me prennent pour un rigolo que ce n'est pas moi qui ai commencé. » Non, les hommes politiques, chez nous, là où règne l’hypocrisie, sont toujours plus drôles. Plus drôles et intarissables. Mme Toumi, emportée par son talent, continue avec une nouvelle plaisanterie. Elle s’en prend au secrétaire d'Etat français à la Défense, Hubert Falco. « Ce qui n'est pas normal, c'est qu'un secrétaire d'Etat, donc membre du gouvernement français, se permette d'émettre un avis sur un film qu'il n'a jamais vu ».

C’est du pur Coluche !

Mme Toumi, qui s’autorise, elle, un avis sur les livres qu’elle n’a jamais lus, confirme que ce n’est décidément pas compliqué, en politique, il suffit d'avoir une bonne conscience après avoir censuré Sansal, Bachi, Mehdi El Djazairi ou Benchicou, et pour ça il faut avoir une mauvaise mémoire. Pas besoin d’être Hubert Falco. Juste un personnage de Coluche. Un de ceux dont il disait : « Rappelez-vous toujours que si la Gestapo avait les moyens de vous faire parler, les politiciens ont, eux, les moyens de vous faire taire. »

Puis, sérieuse, Mme Toumi lâche : « Parce qu'en faisant cela, Hubert Falco entraine le gouvernement dans une affaire qui dérange beaucoup un principe sacré dans les démocraties, dont la France, qui est la liberté de création. » Bravo, madame ! C’est l’apothéose ! Avoir une si bonne conscience et si peu de mémoire ! La liberté de création ? Oui, vous avez bien dit « liberté de création », c’est si drôle dans votre bouche, mais n’est-ce pas là le style coluchien ? Après tout, « à quoi ça sert le pouvoir, si ce n'est pour ne pas en abuser ? », a dit Coluche.

Bel hommage.

Il restera une dernière vérité d’outre-tombe dans une salopette à rayures : « La moitié des hommes politiques sont des bons à rien. Les autres sont prêts à tout. »

L’émission est finie. Madame la ministre est ravie.

L’ombre du comique passe par là.« La vie est finie quand tu ne surprends plus personne. »

Coluche a toujours le dernier mot.

M.B.

Plus d'articles de : Actualité

Commentaires (47) | Réagir ?

avatar
Ali

Pauvre Algérie, tous les journaux algériens sont sous contrôle judiciaires, on ne peut plus critiquer le pouvoir, plus de liberté d'expression, à quand une révolution de 1954 pour libérer l'algérie??? l'Algérie est pillée, ruinée, se vide de son peuple, aucun état de droit depuis les accords d'Evian, l'indépendance de l'algérie n'est qu'un papier pourri, vivrez vous encore l'injustice, normal vous êtes habitué à subir des oppressions de l'armée, l'algérie c'est une passoire...

avatar
zofa

On voilà un spécimen du reniement des khali...

On ne prend un ou une Kabyle que pour mieux le retourner contre leurs frères c'est la spécialité des morbides.

Ce pouvoir ne fait rien sans rien, surtout, s'agissant des kabyles, rien n'est le fait du hasard..

-A travers khali.. da la Boccus kabyle;c'est toute la strétagié des machialvels d'oujda qui est trahie.

Boutef et sa famille diabolique ne s'entoure que des ennemis de la kabylie pour mieux l'enterrer à jamais et par de là enterrer les kabyles et la démocratie dont aspire la majorité Algériens..

Mais les rebelles kabyles qui ont bravé le napalm, l'opération jumelle de bigeard ne s'arrêteront jamais devant les imposteur ni les petits serviteurs à se battre pour arracher leur liberté essence de leur existence à vivre en hommes libres et dignes, n'en déplaise aux maîtres traitres et leurs serviteurs rentiers.

La kabylie n'oubliera jamais ceux et celles qui l'ont trahi!!

Une Khali.. da ne peut être une KAHINA, tellement leur combat, les y oppose. la prmière au service des bourreaux des ses frères et soeurs la seconde au service de son peuple.

Kahina en femme libre et inaliénable a préféré la mort à la soumission, khalida hier qui se voulait démocrate et Européenne. Aujourd'hui, la-voici soumise au dictat des esclavagistes de" femme debout"elle est passée à

la "femme assise" affublée d'un fichu en guise de soumise.

L'Algérie DES KHALI.. DA nira pas loin, un jour ou l'autre elle sera rattrapée par celles des SOUMER, KAHINA BOUHIRED et tant d'autres pour leur siffler la fin de la partie.

Que lui restera-il de sa trahison?

LAART..

visualisation: 2 / 47