Les casquettes de Nadine Morano ou comment on devient vite un ministre « has been »

Les casquettes de Nadine Morano ou comment on devient vite un ministre « has been »

Madame la ministre croit sans doute bien faire en profitant d’une question tendancieuse au sujet de la place de l’Islam dans l’identité française, pour rebondir en fustigeant les Musulmans porteurs de « casquettes à l’envers » (les autres peuvent dormir tranquilles) et qui parlent le verlan. Mais elle a un train de retard, Madame Morano, les jeunes des banlieues et d’ailleurs ne parlent plus le verlan depuis longtemps. Figurez-vous qu’ils sont de plus en plus nombreux à parler… l’arabe! Mâtiné d’anglais, j’en conviens. Demandez à ces professeurs qui entendent à longueur de journées leurs élèves se haranguer à coups de « chah! »( bien fait pour toi) quand ce n’est pas avec des blasphèmes « la Mecque j‘ai oublié d‘acheter le livre! » comme on dirait: « sur la tête de ma mère »! Ou encore à jurer des « Z…i !» que la bienséance m’interdit d’écrire intégralement. Si Madame Morano s’ intéresse un tant soit peu à l’étymologie, elle découvrira qu‘elle-même parle l’arabe sans le savoir, comme Monsieur Jourdain qui s’exprimait en prose et en… turc de cuisine. Eh, oui, Molière est terriblement moderne! On lira avec amusement à ce propos, le Dictionnaire des mots français d’origine arabe, persane et turque, de Salah Guemriche.

Les temps changent et la langue aussi, qui s’enrichit de jour en jour grâce à un vocabulaire emprunté aux dialectes maghrébins ou gitan, ce qu’elle a d’ailleurs toujours fait, en bonne langue vivante. Nous autres adultes, nous sommes toujours en retard d’une langue. Au moment où nous parvenons péniblement à nous mettre au verlan, voilà déjà qu’un autre idiome s’impose dans la bouche de nos chères petites têtes blondes …et brunes!! dont le couvre-chef préféré, n’est pas, comme le croit naïvement, Madame la Ministre, une casquette, à l’endroit ou à l’envers, mais bel et bien un bonnet de facture très écolière . Un bonnet de laine frappé parfois de la marque en vogue du moment, accompagné d‘une bonne grosse écharpe. Ce sont là les caprices de la mode qui, elle aussi, va très vite, les profs en savent quelque chose (ils sont aux premières loges). Peut-être qu’un jour prochain les sous-vêtements exhibés sous les baggi(encore une référence qui rivalise d’insolence avec la démodée casquette!)laisseront la place à la blouse d’antan tant décriée après mai 68, qui sait? La mode n’est-elle pas une suite capricieuse de cycles qui se répètent?

Quant à l’amour de la France, il y a bien longtemps que pour les non-musulmans (puisqu’il faut maintenant désigner les Français en fonction de leur présumée appartenance religieuse) il ya bien longtemps oui, qu’il ne signifie plus grand-chose. On aime les chanteurs à qui on s’identifie, on aime le petit coin de montagne où l’on va passer les vacances en famille, on ressort parfois le drapeau tricolore comme ce fameux été où la France avait gagné la coupe grâce à Zidane! Ah! qu’est-ce qu’on a pu lui être reconnaissant ce Zizou à tel point que personne n’a pensé à lui demander s’il l’aimait cette douce France, ni s’il prenait garde de bien la chanter en mesure sur les stades, les jours de grande émotion. Zizou a fait la fierté de ce pays et ce soir-là je me souviens que tous brandissaient les couleurs bleu-blanc-rouge sans se demander si leurs religions respectives ou présumées telles, étaient bien compatibles avec les valeurs de la république ou du foot.

Keltoum staali

Plus d'articles de : Chroniques

Commentaires (22) | Réagir ?

avatar
cameleon

salut, chaque fois que des elections pointe a l horizon, les politicien doivent inventer une idee pour que les francais vote pour eux, et chaque fois ca marche, toujours cette peur de l etranger, et les francais ils piquent du nez, vraiment dommage, je n ai jamais imaginer que vous etiez vous les francais aussi naif, penser un peut au chomage, a l education de vous enfants, a la miser qui s instale, ca ce sont les vrais problemes. juste apres l election de sarko, j ai rencontré un taxieur qui travail avec un grand hotel parisien, autour d un café au champs, a paris il ma dit que les francais avaient de la chance d avoir elu sarko comme president, une annee apres, je rencontre le meme gars, je, vous jure qu il a ete trompé et si c etais a refaire il ne fera pas la meme erreur, a savoir voter pour le petit, mois je dit francais arreter d etre cons, vous ete une grande nation meme trop grand pour ce petit nain de president qui vous gouverne, alors qu on entend un de ces menistre tenir le meme language que lui ca ne m etonne pas, et je suis sur que la majorité des francais on changer d avis sur lui.

avatar
atuelpa yupanqui

il me semble que les modérateurs aient jugé trop "abrupt" mon commentaire. Aussi vais-je essayé d'en adoucir les contours. Je disais donc qu'il y avait dans ce texte beaucoup de mauvaise foi. Morano a parlé de jeunes. Ciblait-elle expressément les jeunes français dont les parents sont d'origines arabes et musulmanes? Il faudrait lui poser la question pour avoir une réponse nette et précise. Avant ça, nous pouvons estimer que S. Keltoum spécule. Je voulais aussi préciser que les expressions évoquées qui seraient les attributs d’une résurrection identitaire existent depuis longtemps dans le parler français, . Je connais pour ma part quelques familles juives qui glose un délicieux patatouette et un parfait « algérien » avec cet accent inimitable séfarade. On n’éprouve pas spécialement le désir de ponctuer à la setifienne (ya Z…) mais on ne se prive pas de ce petit plaisir en aparté. Beaucoup de mots algériens, en effet, se sont durablement installés dans le paysage linguistique français. Sans trop épiloguer sur les langues vivantes (tayda), on imagine que c’est un processus tout à fait naturel. Un naturel dont nous, algériens, nous détournons avec mépris au nom d’un racisme que nous expliquons par le Coran. Mais à supposer que tous les jeunes dont parle Morano soient arabes et musulmans est –il normal que l’on encourage le « ghetto » par ce genre de texte ? Puisqu’il y a solidarité du fait des origines, j’aurais trouvé normal que l’on désapprouve des comportements asociaux qui ne font qu’alimenter les rangs des laissés pour compte de la république ! De fait, S. Keltoum est dans la même logique que ceux qui mettent une partie de la population française à l’index en raison des origines. Quand vous traitez quelqu’un de con et que, frustré ou humilié, il se met à faire le con : c’en est un ! Par contre quand il fait les efforts qu’il faut, et qu’il démontre qu’il ne l’est pas, le seul con de l’histoire c’est celui qui l’a traité de con !

Quant au débat sur l’identité française je le trouve personnellement approprié. Il y a certes eu des dérapages mais la société civile française a fait une démonstration éblouissante de sa maturité. Après tout il est possible qu’une poitrine avantageuse se gagne au détriment des neurones, allez savoir. Par ailleurs Il ne s’agissait pas de la place de l’Islam dans la république française, la place de l’Islam en est une conséquence. Et là encore les consensus se sont faits : Il n’y a pas de place pour la Burqua en France, pour la polygamie etc. Je n’ose même pas imaginer ce qu’aurait donné un débat sur l’identité algérienne ! En tant qu’algérien ayant subi le terrorisme, vivant tous les jours que Dieu fait l’intolérance des miens (femmes, chrétiens, communistes, homosexuels, libres penseurs, et j’en passe et des meilleurs) je crois effectivement que l’islam, dans sa lecture actuelle, pose un problème à (voire menace) la laïcité française (l’imam Chelgoum en sait quelque chose). Défendre le principe de la laïcité que se soit en France, en Turquie où ailleurs est j’estime un devoir pour tout laïc qui se respecte et à fortiori pour le laïc musulman. Il ne me semble pas que ce dernier ait donné suffisamment de gages de bonnes volonté. D’où les craintes. Mais de toute façon, le mélange des races aidant, nulle ne doute que la citoyenneté prendra le dessus sur les races et le culte. En attendant l’une des personnes les plus aimée de France (12 années après), Zidane, français et icône internationale, choie à l’abri des regards de jolis métis qui sont l’avenir de la France. Quant à nous, nos chances d’accéder à la citoyenneté sont de plus en plus minces. A défaut d’idées, je vais me perdre dans ce décolleté vertigineux…

visualisation: 2 / 22