Affaire Ben Barka. Merci Paris…

Affaire Ben Barka. Merci Paris…

24 heures après leur diffusion par Interpol, les mandats d’arrêt internationaux visant des personnalités marocaines ont été suspendus. Vieux de 44 ans, le dossier Ben Barka fait un pas en avant et deux en arrière.

La nouvelle est tombée jeudi 1er octobre dans la journée. Des mandats d’arrêt visant des officiels marocains dans l’affaire de la disparition de Mehdi Ben Barka arrivent au siège d’Interpol France. Sur la liste, des personnalités de premier choix : Housni Benslimane, commandant en chef de la Gendarmerie royale toujours en fonction, Abdelhak Kadiri, ex-patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) aujourd’hui à la retraite, Miloud Tounzi et Abdlehak Achaachi, ex-agents des services marocains. “Ces gens détiennent une partie de la vérité sur la disparition de mon père. C’est en recollant les différents morceaux que l’on peut espérer faire la lumière sur cette affaire”, nous confie Bachir Ben Barka, fils de l’opposant marocain enlevé à Paris le 29 octobre 1965.

Mais la joie de la famille sera de courte durée. Vendredi soir, le Parquet de Paris annonce la suspension de ces mandats d’arrêt. “Interpol, constatant une insuffisance dans la rédaction de ces mandats, dit qu’ils ne sont pas exécutables en l’état”, explique le porte-parole du ministère de la Justice français. Ce revirement spectaculaire fait sortir Bachir Ben barka de ses gonds : “L’opinion publique voit aujourd’hui la manifestation de ce que notre famille endure depuis 44 ans : la raison d’Etat bafoue notre droit à la vérité”. Et d’expliquer : “Il ne faut pas oublier l’origine de ces mandats. S’ils ont été émis, c’est que la justice marocaine avait refusé d’entendre ces personnalités. Le juge Patrick Ramaël n’avait donc d’autre choix que de les faire arrêter pour pouvoir les auditionner”.

Auditions impossibles

Depuis plusieurs années déjà, les quatre personnalités objets des mandats sont dans la ligne de mire du juge d’instruction en charge de l’affaire. Fin 2005, Patrick Ramaël avait diligenté une commission rogatoire à Rabat pour les auditionner. En vain. La justice marocaine refuse de les convoquer. “Peut-être que le juge marocain n'a pas eu le feu vert du gouvernement marocain pour les auditionner. J'en suis plus qu'étonné, étant donné les déclarations faites par SM Mohammed VI”, explique Me Maurice Buttin, avocat de la famille Ben Barka. Deux ans plus tard, fin 2007, alors que Nicolas Sarkozy est en visite officielle au royaume, le juge d’instruction monte d’un cran : il signe des mandats d’arrêt pour l’arrestation et l’extradition du quatuor. L’incident diplomatique est évité de justesse. Rachida Dati, Garde des sceaux à l’époque, bloque la procédure au niveau de son ministère. Mais ce n’est que partie remise…

En juin dernier, avec le remaniement ministériel en France qui a porté Michelle Alliot-Marie au ministère de la Justice, l’avocat de la famille et le juge d’instruction reviennent à la charge.
“J'ai écrit début juillet à Mme Alliot-Marie lui rappelant que, ministre de la Défense en 2004, elle avait eu le courage de lever le secret-défense concernant les pièces du dossier Ben Barka. Et je lui signalais que les mandats d'arrêt lancés contre certaines personnalités n'étaient toujours pas rendus exécutoires par Interpol dans le monde entier”, nous raconte Me Buttin. Joseph Tual, journaliste de France 3 qui suit depuis plusieurs années cette affaire, précise : “Le ministère de la Justice, après examen, a estimé que seul le mandat visant Boubker Hassouni ne pouvait être diffusé car il manque sa date de naissance, alors que les quatre autres sont largement diffusables”.

C’est ainsi que le ministère de la Justice a donné son accord pour leur diffusion à l’international via Interpol, avant de se rétracter 24 heures plus tard. “A priori, la décision me paraît plus politique que technique”, souligne Me Buttin. Les médias français y voient d’ailleurs la main secrète de l’Elysée, toujours soucieuse de ne pas fâcher le royaume.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Darny

On ne peut que hair les arabo-baatho-islamistes, car ils sont complaisants avec les pouvoirs en place, despotiques et criminels, dans leur totalité, ils se valent tous. A travers le monde, tous les pays qui ont embrassé l'Islam, sont en proie à une guerre fratricide et destructive et tout cela pour une idéologie néfaste dont le terreau est l'ISLAMISME. Comment, d'une idéologie, peut-être saine à l'origine, on a fabriqué un monstre à plusieures têtes?? Aujourd'hui cette idéologie sert de rempart pour ces pouvoirs criminels, en place, ils emprisonnent et assassinent et puis:c'est le Grand Silense éternel!!!. Circuler, il n'ya rien à voir!! Même si, des fois, on triche dans l'écriture de l'histoire, mais la mémoire du peuple est infallible. Les criminels paient toujour à l'instar d'Hitler, Saddam Hussein et bien d'autrees! salut Darny.

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kaci

Tout est là pour opprimer. Comme de regle coloniale la Négation identitaire est le premier acte suivent les autres! La mort physique n'est plus douleureuse de l'assassinat culturel!

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