Sous la burka de la presse algérienne

Sous la burka de la presse algérienne

Après avoir atomiser la classe politique (plus de cinquante partis politiques aussi insignifiants les uns que les autres), pour la discréditer totalement, ce qui a réussit, le régime a fait de même dans le champ médiatique. Une multitude de journaux, qui ne sert qu’à faire de l’ombre aux journaux indépendant et à remplir les poches des copains.

Pour prétendre à créer un quotidien, dans l’Algérie de Bouteflika, il faut impérativement être parrainé soit, par le régime, représenté par la direction de la communication de la DRS dirigée par le colonel Fouzi, soit par le pouvoir, représenté par le cercle présidentiel, c'est-à-dire Said Bouteflika. Les plus malin et les plus gourmands s’arrangent pour être dans les bonnes grâces des deux. Il y a donc plusieurs catégories de directeurs de journaux ; les anciens journalistes, les anciens et toujours auxiliaires de la DRS, les nouveaux riches pour qui un journal est avant tout une bonne affaire commerciale sur le dos du contribuable et accessoirement sert à faire plaisir aux puissants. Avant de commencer, il faut admettre que certains quotidiens n’entrent pas du tout dans ce jeu là. Sans jouir d’une totale liberté, ils sont tolérés et connaissent eux-mêmes leur propre limites. Ils naviguent à la lisière d’une ligne qu’ils ne franchissent jamais. Pour cela, disons, qu’ils ont retenu la leçon du Matin. Il y a également un autre quotidien qui a un statut spécial. S’il s’en prend ouvertement à l’exécutif y compris le chef de l’Etat, Il se garde bien d’énoncé la moindre critique envers l’institution militaire. Mieux, régulièrement ses colonnes sont ouvertes à d’anciens de la DRS pour vanter son action et la sagesse de son chef, le major Toufik. Et puis, il y a un ancien porte drapeau de la démocratie et de la laïcité qui s’est rallié au clan Bouteflika. Son richissime propriétaire n’allait tout de même pas se fâcher avec le chef de l’Etat et mettre en péril son empire commercial. La chute de la maison Khalifa a servit de leçon.

Pour le pouvoir donc, il n’y a pas de bons ou de mauvais journaux, de grands ou de petits, de journalistes faisant preuve de professionnalisme ou de rédacteurs écrivant sous la dictée des puissants. Non, il n’y a que les dociles et les hostiles. C’est la seule grille de lecture. Il faut encourager les uns et harasser les autres. Le drame du pouvoir et de la DRS qui dirige cette opération c’est que le résultat est affligeant. Avec plus de 200 pages de publicité quotidienne offerte chaque jour aux publications dociles, leur lectorat reste ultra minoritaire. Ces publications ne sont pas prises au sérieux et sont considérées comme des journaux parapublics.

Etre dans les bonnes grâces

Les propriétaires des publications, qu’ils soient issus du monde de la presse ou du monde des affaires négocient directement avec le puissant colonel Fouzi. C’est lui qui détermine le nombre de pages de publicité que l’ANEP accordera.

Les responsables de publications agissent sur ordre. Leurs journaux ne sont lus par personne, entendez par là, des lecteurs, ce n’est pas là leurs objectifs; du reste. Leurs tirage est symbolique, le minimum que requièrent les imprimeries pour faire tourner les machines, c'est-à-dire 2 à 3000 exemplaires. Ils en envoient 500 gratuitement aux institutions, aux grandes entreprises pourvoyeuses de publicité et aux représentations diplomatiques. Le reste est revendu au kilo pour les vendeurs de sardines. Ils n’ont aucun lecteur. Ils occupent de la place sur les étals des vendeurs qui n’en veulent pas mais qui leurs sont imposés par les distributeurs. Ils ne sont là que pour parasiter le champ médiatique. Leur travail consiste à reprendre les dépêches de l’Agence officielle de presse (APS) et de glorifier à longueur de pages les décisions de Bouteflika. Les rédactions sont constituées de stagiaires payés moins bien que les chauffeurs et souvent non déclarés. Ils ne reprennent même pas les informations publiées par leurs confrères qui ont des journalistes sur le terrain, surtout lorsqu’il s’agit d’affaires de corruptions ou de décisions incompréhensibles de l’exécutif, imitant en cela les médias officiels (Radio et télévision). Quelques fois ils reproduisent des articles écrits directement par les officiers de la DRS; se contentant d’y apposer leurs noms ou des initiales. Mais le plus souvent ils répondent à des injonctions quasi quotidiennes au téléphone de leurs officiers traitants.

Comment est distribuée la manne publicitaire

Le deal est clair : aucune critique envers le pouvoir, ni contre le régime et autant que possible des articles qui vantent les mérites des dirigeants.

Tous les directeurs de journaux savent cela, la plupart l’acceptent et en tirent un profit sonnant et trébuchant. Plusieurs d’entre eux se retrouvent à la tête de fortune qu’ils finissent par investir à l’étranger. Ils négocient leurs quotas, non pas auprès de l’ANEP, ni même auprès du ministère de la communication mais directement à Ben Aknoun avec le colonel. C’est lui; d'une certaine manière, qui détermine le volume financier de chaque publication. Le tirage, la qualité des journaux, le salaire des journalistes ne l’intéresse pas. Seul l’allégeance compte. Avec plus de 200 pages par jours à 100.000 dinars en moyenne la page de publicité, le colonel Fouzi, dispose d’environ 20 millions de dinars (200.000 euros) à distribuer chaque jour. A lui seul, ce chiffre explique les sollicitations dont il fait l’objet.

Cet argent provient des milliers de communes, des dairas, des wilayas, des entreprises publiques, des centres culturels, des offices, des ministères, bref de tout ce qui est étatique. Un texte oblige toutes ces institutions à confier leurs publicités à l’ANEP. Cela va des recrutements, aux appels d’offres, en passant par les concours ou les condoléances. Toutes les publications légales. C’est ainsi que l’on retrouve une publicité pour un appel d’offre consistant à refaire 50 mètres de trottoirs à Ouargla publié dans un quotidien qui n’est présent qu’à Alger. Les exemples de ce genre sont légions et les communes, notamment se plaignent en permanence, l’ANEP n’en a cure. Ce trésor de guerre, argent du contribuable, est utilisé sans aucun contrôle. Il est géré comme une véritable caisse noire et distribué selon le bon vouloir du pouvoir. Le but se constituer une clientèle et discréditer la presse dite indépendante.

Y. El Mizrani

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Commentaires (27) | Réagir ?

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zerkani.mohamed

Depuit les horizons, l'actualité en une vingtaine de pages, je n'ai plus jamais regardé un quotidien sauf de passage ou les premiere pages, maitenant j'ai beaucoup de nostalgie pour la politique du parti unique et de l'ancien systeme economique, à Regarder la une d'EL KHABAR ou d'EL CHOUROUK çà donne à vomir, aujourd'hui on exerce le nomadisme mediatique, ce n'est plus l'intox des annees 80 et 90;mais c'est vraiment honteux pour un pays comme la notre qui a connu des grands noms dans le domaine du journalisme.

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lhocin At Said

Pendant les années 70 nous avions fait l'économie de salaires de parlementaires oui oui de maires sans autorités de journaux relatant des libertés non consommables. Notre vénéré Président nommait de la même manière qu'aujourd'hui du planton au ministre couché. Boumédién s'accommodait même de minisres nommés pour bien vivre leur jeunesse même si ce ministre créait des scandales dans les Nights de stocklom. Notre peésident rédacteur en chef du seul et unique quotidien 3El Moudjahed"

se permettait le luxe de nous rappeler que nous étions libres de:

-Chanter les louanges de notre bienfaiteur

-Remercier le saigneur de nommer nos policiers, nos

juges, nos préfets et tous ceux qui se servent pour nous.

-de dipatcher les recettes de l'état en fonction de notre asservissement.

En fait nous étions uniques et le nombre UN se

retrouvait dans la vie de chaque jour. UN Président UN Parti UNe Langue UNe Ethnie UN Journal. Les mauvaises langues diront que nous reproduisons le même shéma "Que la pluralité est virtuelle"Les policiers sont au service du Président, les juges ont un portable et ils n'ont pas inérêt à s'en défaire

sinon il leur arriverait le même destin que la chèvre de monsieur Seguin qui s'est détaché la nuit.

Les jounaux faute de pub s'éclipseront. Avant on n'avait pas le droit de parler maintenant on peu écrire en Français au vu

du nombre minime de lecteurs et à consommer

à l'extérieur.

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