Rien n'est fait au hasard : son parti s'appelle "Génération libre" ; il contourne le FLN et le RND qu'il critique abondamment ; il préfère les "hommes sans appartence politique" et il utilise un "langage nouveau" !
Said Bouteflika a-t-il la chance d'Alexandre le Grand, l'étoile de César ou le destin de Napoléon ? Un peu de tout cela sans doute.
Mais il a surtout le modèle Seif El Islam Kadafi.
Peu d'entre nous ont prêté attention à la récente visite à Alger, de Seif El Islam Kadhafi, le fils de son père. Dommage !
J'ai compris la stratégie de Said Bouteflika en me rappelant celle du rejeton du guide libyen. L'été dernier, Seif El Islam Kadhafi faisait scandale par sa déclaration fracassante : « Je me retire de la vie politique. Ma situation devient embarrassante. Je vais me consacrer désormais au développement de la société civile et de l'économie en Libye.» Non seulement Seif El-Islam ne « veut pas » de cet héritage mais il est allé jusqu’à fustiger les joumloukias qu’il décrit comme « une forêt de dictatures » sévissant au Proche-Orient et au Maghreb, raillant ses « Parlements imaginaires » et la manie des dirigeants de « piétiner la constitution pour se maintenir au pouvoir » !
J’avais longtemps réfléchi aux raisons qui pouvaient conduire un rejeton promis au trône et à la puissance, à renoncer à son fabuleux héritage.
Que visait-il ?
J’ai parcouru les explications d’un de ses proches, le journaliste Mahmoud Boussifi, rédacteur en chef des deux journaux de Seif El-Islam, Oya et Qurina. Il nous dit : « Seif est jeune et il espérait faire rapidement de grands pas mais il s'est heurté à cette bureaucratie à laquelle il ne s'attendait pas. »
Les arguments de Mahmoud Boussifi ne m’ont pas convaincu. Trop rationnelles.
Or, il y a une part de mystère et de stratégie cachée dans le choix de Seif et c’est cette part de mystère qu’il me fallait trouver
Je suis alors revenu sur le fonctionnement interne des joumloukias. Et j’y ai trouvé la réponse : Seif El Islam Kadhafi « se retire » de la vie politique pour revenir avec une "nouvelle légitimité".
Il a compris que le monde a changé et que les fausses républiques arabes, les joumloukias archaïques et sclérosée, n'ont plus d'avenir : les sociétés civiles s’organisent et se renforcent alors que le discours et les anciennes structures d’encadrement des joumloukia sombrent dans le ridicule et l’impuissance. Il veut toujours accéder au pouvoir, mais dans une « Lybie démocratique », adaptée à son époque, et avec une nouvelle « légitimité », sans rien devoir au passé !
Il sera chef « légitime » d’une Libye rénovée et non pas l’héritier d’un père putschiste !
Il s'appuiera sur la "société civile" !
Or, peu d'entre nous ont prêté attention à la récente visite à Alger, de Seif El Islam Kadhafi, le fils de son père. Dommage ! On se serait bien instruit à la liste des contacts secrets qu'a eus le rejeton promis à la succession en Libye. De quoi a-t-on parlé ? Mais du pouvoir, pardi ! Du prochain pouvoir, pas celui de papa, non, l'autre, celui qui va s'installer, au Maghreb, sur les décombres de l'ancien et dont il va être la continuité. Ses têtes nouvelles ? Seif El Islam Kadhafi, Gamal Moubarak, Said Bouteflika, congénères de Mohamed VI !
La stratégie de Said Bouteflika est celle de ces jeunes loups, heureux légataires de « tawrîth al sulta », l’héritage du pouvoir : il veulent sauver le système de papa en lui donnant une nouvelle « légitimité » ! Sans doute, cette démarche bénéficie-t-elle de l'aval américain et européen !
Said Bouteflika ne va pas s'appuyer sur les anciennes structures discréditées, le FLN ou le RND, mais sur les forces qui, pense-t-il, vont donner au système une nouvelle "légitimité" : une coalition impliquant la société "civile" et les islamistes !
C'est le but de l'amnistie.

M. B.
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