Colonialisme et discours de Dakar : Réponse à Jean Daniel

Jean Daniel, à qui quoi qu'il arrive (malheureusement c'est arrivé depuis longtemps), j'aurai admiré son parcours..., publie sur Le Monde.fr un "point de vue" titré "L"omission de Ségolène Royal". Le lien: L'omission de Ségolène Royal, par Jean Daniel

Je suis émue de m'adresser ou de mettre en cause cette figure qui est pour moi légendaire, ce Jean Daniel dont je suivais les éditos il y a longtemps déjà sur l'organe de presse qui était à mes yeux le nec plus ultra de la gauche éthique.

Je ne me rappelle pas du nom d'avant de cet hebdo, devenu "Le Nouvel Obs", lorsque j'ai fait connaissance et dont je ne laissais jamais passer une semaine sans descendre l'acheter afin de m'instruire tout en profitant de ma nouvelle liberté citoyenne. Hélas, todo pasa... et sans regrets... Il y a déjà quelque temps que je ne le lis plus, ou si peu...

En revanche, j'ai toujours un pincement au coeur lorsque je constate, tout en me demandant si ce n'est que maintenant que je le vois et culpabilise de ma naïveté éventuelle, ces raffinements utilisés par ces personnages de plume et de culture, de légende, pour faire passer ses messages subliminaux tout en nous fascinant pour ne nous faire voir que ce qu'ils veulent que nous voyons.

Je cite Jean Daniel dans ce "point de vue":

"Dans le discours de Nicolas Sarkozy qu'elle a dénoncé, il y avait en effet deux grandes parties d'égale longueur. Elle n'a cité qu'une et ce n'est pas bien..."

Donc, j'ose affronter ce grand homme de lettres et de culture qu'est Jean Daniel et lui répondre, en effet, que Madame Royal n'aurait pas dû se contenter de ne citer qu'une petite partie des horreurs énoncés sans fléchir, au nom de la France que non des français de bonne volonté - je n'en doute pas - par Monsieur Sarkozy qui aurait dû se demander à mesure qu'il lisait "son" discours s'il n'était pas tombé sur une méchante plaisanterie de la part de l'un de ses proches ennemis, et s'arrêter puis improviser.

Sans doute que Jean Daniel compte sur nous et le peu d'intérêt que nous portons à la lecture des dossiers, nous contentant de prendre pour argent comptant ce que les apôtres daignent nous passer comme évangiles. A moins que lui-même ne l'ai pas lu en entier, se contentant...

Moi, je l'avais lu ce discours. Les dix pages. Je ne vais pas répertorier tout ce qui me suffoqua à sa lecture, quelques parties dont Madame Royal fait omission lors de son propre discours à Dakar, il y a une semaine, suffiront pour départager:
"La colonisation n'est pas responsable de toute les difficultés actuelles de l'Afrique. Elle n'est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n'est pas responsable des génocides. Elle n'est pas responsable des dictateurs. Elle n'est pas responsable du fanatisme. Elle n'est pas responsable de la corruption, de la prévarication. Elle n'est pas responsable des gaspillages et de la pollution."

Monsieur Sarkozy aurait dû se faire accompagner par Monsieur Bolloré, le cynisme de ce paragrhaphe aurait pris toute sa splendeur.

Moi, je ne retiens que la dernière phrase, la pauvre planète sait à qui s'en prendre dorénavant!

Si la colonisation n'est pas responsable des génocides et de la corruption, l'Afrique à elle toute seule encore moins. Le Rwanda, le Darfour, le Congo... ne sont, sans doute, que des points de détails, comme dirait l'autre.
"Je veux donc dire à la jeunesse d'Afrique, que le drame de l'Afrique ne vient pas de ce que l'âme africaine serait imperméable à la logique et à la raison. Car l'homme africain est aussi logique et raisonnable que l'homme européen" (?)
"Dans cet univers où la nature commande tout, l'homme échappe à l'angoisse de l'histoire qui tenaille l'homme moderne mais l'homme reste immobile au milieu d'un ordre immuable ou tout semble être écrit d'avance.

Jamais l'homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin.

Le problème de l'Afrique est permettez à un ami de l'Afrique de le dire, il est là. Le défi de l'Afrique, c'est de rentrer davantage dans l'historie. C'est de puisser en elle l'énergie, la force, l'envie, la volonté d'écouter et d'épouser sa propre histoire.

Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance."

Comme toujours, après culpabiliser et insulter son public, ce que Monsieur Sarkozy omet de dire c'est que si par malheur ces Africains osent sortir de cet scénario qui plaît aux amis des amis, ces amis le leur feront bien sentir. Cela doit être le devoir d'ingérence bien compris, sauf pour l'avenir de la planète toujours.

Et voici la conclusion de ce discours qui comporte autant de "perles" que l'on veut chercher, dont c'est à se demander quel autre public cultivé d'un autre pays que ce pays poli, cultivé et aimable qu'est le Sénégal aurait supporté jusqu'au bout tant de sottises; ils ont, sans doute, pour eux leur longue histoire humaine et leur ironie moqueuse à propos du grand Homme Blanc:

"Alors, mes chers Amis, alors seulement, l'enfant noir de Camara Laye, à genoux dans le silence de la nuit africaine, saura et comprendra qu'il peut lever la tête et regarder avec confiance l'avenir. Et cet enfant noir de Camara Laye, il sentira reconciliées en lui les deux parts de lui-même. Il se sentira enfin un homme comme tous les autres hommes de l'humanite."

L'exemple choisi c'est le comble: "L'enfant noir" de Camara Laye qui est d'ailleurs rejeté par la grande majorité d'Africains.
Alors, Jean Daniel, j'éprouve le besoin de souligner, avec vos propres mots, cette défaillance de votre part, ayant consacré une bonne partie de votre vie à l'anticolonialisme.
Dans ce discours, le colonialisme n'est pas mort, de même que dans les faits pour ce qui est dans pas mal d'actions menées au nom du progrès.
Je regrette aussi que vous, connaissant le Sénégal et l'Afrique, n'ayez pas salué l'action de coopération entre les régions Poitou-Charentes et Fatick.
Je regrette aussi que la Licra ne se soit pas émue en son temps du contenu discriminatoire et raciste de plussieurs parties de ce discours de Dakar de juillet 2007.

URL source: Les omissions de Jean Daniel, à qui je ne veux faire nulle peine, même légère...
Liens:
[1] L'omission de Ségolène Royal, par Jean Daniel

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Commentaires (9) | Réagir ?

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Long John Sylver

Mon cher Ulysse,

Contrairement à certain -j'utilise le singulier à dessein- mon humour n'a pas eu "l'heur" de vous irriter. J'en prends acte et je bas ma coulpe !. Pour le reste, je ne juge pas -ce n'est vraiment pas le genre de la maison- je ne fais que constater : quand vous dites "salade judéo-chrétien" vous ne faites rien d'autre que réagir en raciste avéré ! Si vous vous étiez borné à dire : "salade franco-française", je n'aurai sûrement pas réagi. S'agissant de Jean Daniel, je suis d'accord avec vous.

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ulysse

@long john silver, il n'y a ni racisme ni xénophobie, mais si vous suivez la scene politique vous verrez qui a changé de veste pour barrer la route à mme royal, si vous etes observateur vour verrez qui est contre la turquie en europe, qui s'est precipité a faire voter en europe la loi contre les immigrés, qui a fixé un chiffre pour les "humains" à expukser, qui prone la delation pour denoncer les citoyens qui viennent au secours de pauvres gens..... svp ne vous precipiter pas à taxer les gens.... les lois sont faites pour empecher les gens de s'exprimer et vous savez chez qui..... dans les "democraties"!!!!!

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