La guerre mondiale contre le terrorisme est-elle une arnaque ?

L'Irak dévasté.
L'Irak dévasté.

A en croire une étude issue d'un sondage d'opinion réalisé entre 2015 et 2016, et financé par les services du Pentagone, la grande majorité des musulmans de l'Irak et de la Syrie ne soutiennent pas Daech. En plus, la petite minorité de ceux qui lui ont prêté main-forte sur le terrain évoquent, ironie du sort, plus le souci de revendications sociales, économiques et politiques que celui de convictions idéologiques ou même parfois religieuses !

A Mossoul, par exemple, 46% de la population sondée pensent que la principale menace pour la sécurité de leurs familles et de leurs biens vient des frappes aériennes des forces de la coalition alors que seulement 38% d'entre eux l'imputent aux exactions des soldats de l'État islamique (EI). Le chiffre parle de lui-même, à vrai dire, et souligne en creux combien est atroce la machine ultrasophistiquée de la guerre dont se sont servis, ces dernières années, l'Oncle Sam et ses alliés pour tester leur technologie militaire de pointe, et surtout rendre davantage plus fluide un marché d'armes en crise. Mais l'inconvénient, c'est que cette guerre internationale contre le terrorisme, ayant été déclenchée par l'administration Bush Junior dès septembre 2001, aurait coûté, jusque-là, environ 4.000 milliards de dollars sans qu'elle porte de résultats tangibles.
Plus grave encore, n'ayant pas ménagé la vie des centaines de milliers de civils innocents pris pour cible des raids militaires, soit par erreur, accident ou sous prétexte de leur sympathie ou appartenance, soit à Al-Qaïda de Ben Laden ou à l'EI et les autres groupes terroristes affiliés, les armées occidentales ont plus que jamais déstabilisé le Moyen-Orient et créé un phénomène migratoire des plus terribles. Par-delà cet aspect-là, celles-ci ont omis de déclarer aussi, paraît-il, comme le révèle au demeurant une autre enquête publiée au mois de février dernier par le journal "Military Times", près d'un tiers de leurs frappes aériennes en Afghanistan, en Irak et en Syrie, soit en tout environ 6.000 opérations intensives depuis 2014 ! Prenant en compte ces données-là, Hriar Cabayane, le responsable du Centre d'évaluation multicouche stratégique (Strategic multilayer assessement "SMA"), aurait récemment expliqué, du coup, que la rancœur des sunnites irakiens est parfaitement compréhensible.
Manquant de protection et sans cesse persécutés après l'effondrement, en mars 2003, du régime de Saddam par les chiites au pouvoir, ils n'ont trouvé aucune autre voie de salut à part celle de prendre des armes et se venger de leurs détracteurs. Le danger est qu'après la reprise de Mossoul, les mêmes méthodes d'exécutions sommaires et de chasses à l'homme feront leur retour, ce qui est à même de mener à une nouvelle forme de résistance terroriste. Il n'y a pas pire que les relents de ressentiment, source de colère, de représailles et de terrorisme. D'ailleurs, en juillet 2016, une hausse significative des attentats a été relevée par les spécialistes au Pakistan depuis que le programme américain des frappes de drones a décidé de cibler quelques provinces peuplées de civils.
Ainsi s'avère-t-il, en fin de compte, compliqué de vaincre militairement et de démanteler les réseaux terroristes dont la capacité de reconstitution est incroyable. Ces derniers possèdent partout des cellules dormantes d'activistes, s'appuient sur des groupes armés épars, voire des «loups solitaires» envoyés en kamikazes en Europe qui peuvent ressurgir là où les capitales occidentales s'y attendent le moins.
Kamal Guerroua

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Commentaires (3) | Réagir ?

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chawki fali

merciiiiiiiiiiiiiiiiii

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adil ahmed

merciii

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