Iran : une autre tragédie se profile à l’horizon

Iran : une autre tragédie se profile à l’horizon

Vingt et un prisonniers politiques risquent la mort après avoir entamé une grève de la faim.

Suite aux informations faisant état du transfert d’un nombre de prisonniers politiques détenus à la sinistre prison de Radjaï-Chahr où de nombreuses exécutions politiques ont eu lieu, une vingtaine de prisonniers ont entamé une grève de la faim depuis le 30 juillet pour protester contre leur transfert brutal, de la salle 12 de la section 4 à la salle 10 de la même section, accompagné d’actes d’une extrême violence, déclarant que leur grève de la faim continuera jusqu’à leur retour au lieu précédent de leur détention. Ce mouvement de protestation intervient alors que la santé de la plupart d’entre eux était déjà dans un état grave en raison de plusieurs années passées en prison sous une torture systématique. Les réseaux sociaux en Iran regorgent de protestations des internautes contre ce traitement barbare infligé aux prisonniers de conscience.

Le dimanche 30 juillet, ces prisonniers politiques reçoivent l’ordre de quitter leurs cellules sans prendre leurs effets personnels pour être transférés à la salle 10, où auparavant 25 prisonniers sunnites d’opinion étaient détenus avant d’être tous exécutés. Après ces exécutions, la salle a été équipée d’une quarantaine de caméra-vidéos et 64 appareils d’écoute dans toutes les cellules et même dans les toilettes et les salles de bain. Elle a été totalement isolée des autres sections et est privé de réfrigérateur, téléviseur, système de climatisation, appareils d’eau potable ou encore de téléphones.

Après la publication d’une déclaration commune des prisonniers à l’occasion de l’anniversaire du massacre de 30 000 prisonniers politiques en août 1988, dans laquelle, ces prisonniers avaient réclamé que les auteurs de ce massacre rendent des comptes tout en protestant contre l’absence de toute liberté, en raison du vaste écho de leur voix à travers le pays, le régime a, de toute évidence, décidé de les isoler entièrement et par tous les moyens possibles, de la population.

En 1988, quand la machine de guerre lancée par Khomeiny, s’était essoufflée, ce dernier craignant que les prisonniers politiques ne redeviennent des moteurs véhiculant les revendications politiques, sociales, culturelles et des libertés fondamentales, étouffées jusqu’à ce moment-là sous prétexte de la guerre, avait ordonné le massacre de 30 000 prisonniers politiques en l’espace de trois mois, gagnant ainsi 30 années de plus de vie pour son régime.

Avant ces exécutions de masse, toutes les visites des familles de prisonniers avec leurs proches avaient alors été interdites sur ordre de Khomeiny de la même manière décrite plus haut. Aucun prisonnier ne pouvait contacter ses proches par téléphone. Les téléviseurs même dans les salles publiques avaient été éteints pour garder les détenus sans aucune nouvelle venant de l’extérieur. C’est une des raisons pour laquelle, la communauté internationale est restée dans l’ignorance de ce drame pendant plusieurs mois.

Et c’est pourquoi la mise en isolement des prisonniers politiques de manière à ce qu’ils ne puissent plus même respirer tranquillement et surtout leur transfert dans une section où les prisonniers sunnites d’opinion ont été exécutés, représente un signe alarmant pour leurs familles qui craignent que le régime iranien n’abuse une fois de plus de l’indifférence et du silence de la communauté internationale pour reproduire la tragédie d’il y a une trentaine d’années. Les nombreuses tentatives des familles auprès des autorités du régime pour demander le droit de visite ou au moins l’hospitalisation des prisonniers politiques sont restées sans effet.

Dans son communiqué détaillé du 2 août, l’organisation de défense des droits humain Amnesty International affirme que les défenseurs des droits humains en Iran, notamment ceux qui réclament de la justice pour les victimes du massacre de 1988, sont actuellement sévèrement réprimés et qu’Hassan Rohani, le président nouvellement "réélu" du régime de Téhéran, a été incapable d’améliorer la situation des droits de l’Homme. Et cela alors que l’un des plus importants acteurs du massacre de 1988, son ministre de la Justice jusqu’ici, a été récemment remplacé par un autre exécutant du massacre, Alireza Avaii, qui se trouve sur la liste noire de l’Union européenne, justement en rapport avec son rôle dans la violation des droits de l’Homme en Iran, l’interdisant de séjour sur le sol européen. Ainsi, Hassan Rohani, avec un sourire signifiant, dit à tous ceux qui avaient mis leurs espoirs en lui, que tant que ce régime existe, parler des droits de l’Homme et la laïcité en Iran relève d’un humour amère et grinçante.

Amnesty International vient de publier un communiqué pour s’alarmer sur le sort de ces prisonniers politiques grévistes de la faim. L’ONG exhorte les autorités du régime iranien à permettre aux observateurs internationaux, y compris le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Iran, de procéder à des inspections indépendantes et inopinées de la prison Rajai Shahr.

Une exposition sur les droits de l’homme en Iran est prévue à l’initiative du Comité de Soutien aux droits de l’Homme en Iran (CSDHI) à la Mairie du 2ième arrondissement de Paris à la fin du mois d’août. Elle sera accompagnée d’une conférence le 31 août dans cette mairie en présence de défenseurs des droits humains et des témoins qui furent des prisonniers politiques dans les geôles des mollahs en Iran.

Hamid Enayat

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Commentaires (3) | Réagir ?

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adil ahmed

merci pour le sujet

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adil ahmed

DANKE

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