A comme Algérie (19)

A comme Algérie (19)

"Le système : …un composé de parties coordonnées entre elles…Ensemble de choses qui se tiennent…Se faire un système de quelque chose, s’y tenir avec entêtement et vouloir y donner une apparence de raison…Fami… Taper sur le système, énerver…Fami… Combine. Connaître le système." (1) En un mot, rien de rassurant.

S comme système

Par définition, le système, "parties coordonnées entre elles", ne laisse aucune chance aux non-coordonnés à par l’extinction. En Algérie, le printemps arabe a eu lieu en catimini là où on ne l’attendait pas. Au lieu de "dégager", le vieux système local trouva protection auprès du jeune système mondial. Les plus à plaindre sont ceux qui n’ont pas eu le temps de connaître ni l’un ni l’autre. Telle la grenouille anesthésiée plongée illico presto dans l’eau bouillante en croassant d’aise. Dans ce cas l’Africain est mieux loti que l’Européen. L’ignorance du premier pousse à l’exil ; le savoir du second, au suicide. L’espoir de l’un se nourrit du désespoir de l’autre. Le système n’est pas l’Empire. En s’accaparant de la technique, le premier s’assure une efficacité sans failles. "S’il traite avec douceur, il traite avec empire." (Molière) Par définition, le système n’a rien à voir avec l’Empire même s’il prend son apparence comme la beauté (la laideur) fait la femme. Plus profond que la peau, tout est suspect sauf le vide. L’Empire a un nom, une identité, une visibilité fièrement assumée contrairement au système qui brouille sa source et se munit de plusieurs fausses têtes. Ce voile en dit long sur ses intentions… Les "systématisés" intègrent la cécité, la surdité et se coupent la langue avant le langage. La science moderne a fait une obsession du comment fonctionne le cerveau au lieu du comment le guérir. Ensemble parasitant et paralysant qui a eu l’idée machiavélique de s’emparer de tous les enfants pour les instruire les éduquer jusqu’à l’âge adulte à l’image de l’industrie des poules et des vaches certifiées pour l’abattoir. Un comble pour un "composé" qui doit son invulnérabilité aux inégalités extrêmes. Questionné sur le secret de son génie, Einstein, un enfant incapable de s’exprimer avant 9 ans, cancre affectionnant l’école buissonnière, a répliqué : "Tout le monde a du génie, mais si vous jugez un poisson à sa capacité de grimper à un arbre, il pensera toute sa vie qu’il est stupide". Einstein a eu la chance de vivre à une époque où le système était occupé à "grandir". De nos jours, les poissons n’échappent pas à l’élevage artificiel et la pénurie a fini par concerner aussi bien l’eau que l’arbre… Résultat, réussite à 100% du clonage sur le banc scolaire. On pense, on s’habille, on aime, on s’amuse, on consomme, on vote, on hait, on se suicide, on se drogue, on s’encanaille …kif-kif.

Dès 1971, Ivan Illich alertait (2) : "L’école obligatoire, la scolarité prolongée, la course aux diplômes, autant de faux progrès qui consistent à produire des élèves dociles, prêts à consommer des programmes tout faits préparés par les "autorités" et à obéir aux institutions." Pire, nous lui avons aussi livré notre santé et celle de nos enfants. Il a fait du cerveau, un estomac et de l’estomac, une poubelle. "Le pire con, c’est le vieux. On ne peut rien contre l’expérience." (Jacob Brande) Par ricochet, le meilleur con, c’est le jeune. On peut donc tout contre l’inexpérience. Le système algérien a de la chance de gérer un nombre écrasant de jeunes contre une minorité de vieux. Les premiers vieillissent ignorants et névrosés ; les seconds, interdits de transmission, se hâtent avant l’Alzheimer de rejoindre la tombe. Dans son étude sur le système, Lahouari Addi écrit : "L’Algérie est grosse d’une révolution que les services de sécurité s’ingénient quotidiennement à faire avorter." (3) Le problème avec l’avortement c’est qu’il n’est pas naturel. A l’excès, il finit par détruire contenant et contenu.

Le système est une vraie science exacte contrairement aux mathématiques. Ses règles sont immuables : les mêmes bourreaux, les mêmes victimes. Le système ne peut mourir sans provoquer la fin de tous. Tout le monde en est conscient. La rue ne peut se remplir que par ceux qui n’ont rien à perdre. Les endettés restent cachés dans leur maison en supposant qu’ils ont en une, rivés à leur caniveau et à leur solitude. La meilleure victoire du système c’est la destruction du couple. Certes le mariage a été conçu pour protéger les enfants non pour le bonheur des parents. Mais, le droit au divorce pour tous s’est avéré une catastrophe pour les femmes à l’exception de celles qui ont la chance de faire partie des familles en or et de nationalité bien précises. Ce qui n’empêche pas les épouses en Occident de déclencher le processus de séparation à 80 % par rapport aux époux. John Saul explique que l’ensemble du processus s’est développé sans prendre en considération la gent féminine. Il ajoute que même si les femmes sont de plus en plus à y prendre part, le système n’a pas envie de s’adapter à ce changement. Il conclut que pour la civilisation rationnelle fondamentalement masculine, la femme est considérée comme un être irrationnel. Or la raison a beaucoup à voir avec l’équilibre. Mais où se trouve-t-elle, dans le cerveau, le ventre ou le cœur ? Les 3 possèdent des neurones. Le système se "rationnalise" en déséquilibrant. Une étude américaine a révélé que plus de 90 % des délinquants n’ont pas de père au point où on a failli sanctionner les mères seules. Chez les musulmans où la polygamie empêche la solitude des génitrices, le mot arabe est rentré dans l’Histoire grâce à une femme, Zénobie, reine des Arabes, qui a réussi à faire de Palmyre un empire à inquiéter les Romains… Ce système qui exclut les êtres humains à cause de leur sexe, a fini par trouver d’autres anomalies à chaque fois qu’il juge nécessaire. Du sexisme on est passé au racisme, à l’antisémitisme, l’islamisme, l’athéisme, fascisme, communisme…sans oublier les mots ravageurs et à la mode qui se terminent par phobie : homophobie islamophobie, xénophobie etc. D’où les lois scélérates qui font qu’un Noir qui insulte un Blanc est à moitié coupable tandis que si les rôles s’inversaient, la sanction se multiplie pour le visage pâle. De la sanction qui dépend de l’origine du coupable, on a ajouté celle de l’origine de la victime.

En 2015, à Londres, un violeur s’est attaqué à deux fillettes de sa communauté, les juges de la Couronne se sont montrés cléments. Puis sous la pression, ils ont durci le verdict pour circonstances aggravantes du fait que les victimes en perdant leur virginité perdent l’espoir de faire un bon mariage. Cela rappelle l’annulation d’un mariage en France sous prétexte que la dulcinée n’était pas vierge... Dans ce patchwork social de sorcières, la division des esclaves fait l’union des maîtres. On le voit, le système doit beaucoup aux musulmans, c’est pour cela qu’il les "gâte". Ou plus exactement, il les manipule puisqu’ils ont de l’expérience... Résultat, intégristes ou pas, coupables ou innocents, les musulmans sont devenus des épouvantails et la meilleure garantie de la paix sociale. Peur pour tous et bienvenue à l’ère où le malade contamine son toubib avant de guérir. "Je me souviens d’un temps où la presse norvégienne, côté nouvelles intérieures, n’avait pas grand-chose à dire… Aujourd’hui le peuple recomposé. Ça occupe. Pas seulement les esprits. Pas un jour sans que les 1000 variations sur le thème de l’islam n’accaparent la presse."(4) "Je pourrais bien …traîner dans la boue le président de la République, traiter de nazi celui des Etats-Unis, insulter le pape, cracher sur le Christ en croix, ricaner sur la virginité de Marie, et j’en passe. Il ne m’arriverait rien, sinon une réputation d’esprit fort. Mais si d’aventure je me hasarderais à dire un mot de travers d’Allah, de Mahomet, de l’islam alors, malheur à moi ! Je serais en butte à la réprobation des réseaux dits "sociaux", à des tirades vengeresses dans Libération, à des pétitions de mes collègues "chercheurs" comme Kamel Daoud au moment même où une fatwa le menace de mort. Je serais traîné devant les tribunaux pour "islamophobie" et menacé d’être égorgé comme Salman Rushdie…" (5) "Les hommes, disait Montesquieu, ne sont guère touchés que par des noms." Pour Gide, le monde ne pourra être sauvé que par des insoumis. Par malchance, ces derniers sont menacés de disparition, pris en étau par le système et l’intégrisme. Par exemple, le poète Tahar Djaout, avec des mots aussi inoffensifs que rupture et "petite famille" l’a payé de sa vie. L’intellectuel français peut oser du moment que la voie a été balisée pour lui durant des siècles par ses ancêtres contrairement à l’intellectuel algérien qui doit tout inventer en se demandant s’il n’est pas le produit d’une génération spontanée… Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique, Superman sauveur de la planète, a invité les pays alliés et amis en les accueillant dans une salle truffée de mouchards pour réfléchir au droit à la paix et, sans rire, au droit au bonheur pour tous. Michel de Grèce, en se promenant d’une façon singulière à travers l’Histoire, a remarqué que c’est au moment où ils sont les plus puissants que les Empires se choisissent des têtes faibles. Des chefs fous, des débauchés, des psychopathes, des nuls, des clowns ou en bien mauvaise santé : Néron, Caligula, Reagan, Bush fils, Hollande, Trump ou Bouteflika IV. Ce qui explique que la mondialisation de l’Empire ne pouvait déboucher que sur le Système.

S comme subvention

Quand on veut savoir la définition du mot subvention, on n’échappe pas au mot latin subvenir c'est-à-dire secourir, aider quelqu’un. Le dictionnaire souligne les risques de cette "générosité" : copinage, corruption, contrepartie à un appui politique, détournement de fonds etc. La subvention existe dans presque tous les pays. Rien à voir avec le "subvenir"d’une Mère Theresa. On estime que la subvention profite 6 fois plus aux 20 % les plus riches qu’aux 20 % les plus pauvres. Notamment, en Algérie, championne de la subvention toutes catégories où les produits alimentaires "aidés" font des milliardaires d’un côté et de l’autre, des engraissés aux toxines. Le gouvernement algérien, n’a pas le choix, le FMI a dû, comme d’habitude, intervenir. Faire la leçon avec une baguette-plume à cet électron "libre" injecté et injectable. Les subventions à l’aveuglette pèsent sur la balance pour le grand bonheur des importateurs et des contrebandiers. Les pays les plus subventionnaires sont aussi les plus corrompus et les plus répressifs. 5 fois plus que la moyenne mondiale : 5,7 % du PIB contre 1,3 (FMI).

Pour l’Algérie, le % est encore plus alarmant... "On a tort de nommer capitalistes les propriétaires des grosses entreprises qui vivent de subventions étatiques, de privilèges et qui devraient être appelés "nomenklaturistes". Les vrais capitalistes sont tous des pauvres qui luttent pour leur survie en déployant des trésors d’imagination pour contourner les obstacles que les pouvoirs en place mettent sur leur chemin." (Pascal Salin) Soyons optimistes, après la perte de la subvention à la bouffe, plus de pénurie du sachet de lait, plus de chaîne pour la baguette de pain, quant au sucre, les gâteaux redeviendront l’exception au lieu d’être la règle. Qu’importe l’intention des décideurs du moment que, à eux seuls, le pain, le sucre, l’huile, le lait représentent toutes les variances des élixirs de notre tension, de nos nerfs, de notre obésité, de notre diabète et de notre cancer, bras droit de la Faucheuse. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les responsables d’un pays nordique (Suède ?) ont voulu savoir l’impact de la pénurie de viande sur la mortalité. Ils remarquèrent avec surprise qu’elle fût bien bénéfique pour l’espérance de vie de leurs administrés.

En Algérie, on ne meurt plus de faim, mais d’excès d’aliments douteux vendus à bas prix. En réalité, la populace n’achète rien à bas prix puisque le dinar ne commence à exister qu’à partir de la pièce de 10 troquée pour une baguette améliorée par l’améliorant. Ce dernier est dénoncé même par les boulangers. Et là, on ne peut s’empêcher de rêver à une grève de pilotes d’Air Algérie contre la cherté du billet. Ou l’accueil de migrants au Club des Pins rendant la plus belle plage d’Algérie accessible aux indigènes de souche. En France, pays des laboratoires scientifiques et de la baguette améliorée naturellement, le prix dépasse rarement 1 euro. La malchance algérienne est dans la monnaie de singe (pardon pour le singe). Plus elle est détournée, plus elle chute en myriade de mirages. Avec une simple signature d’une seule main, d’une seule voix, le pouvoir décide de faire ce qu’il veut quand il veut : tout importer ou tout stopper à part bien sûr les armes. "Je savais que c’était défendu… Avant même que la moindre idée ne frémit dans mon esprit, il ordonnait... "permis !"… "défendu !"…depuis l’enfance. Je n’eus pas le courage de lui répondre : "Ferme-là" (6) L’auteur finit par désobéir le jour où il assista à l’autopsie du cadavre du Saint Patron, Staline… Une autre affaire si la Régence subventionnait le lait de la vache bio, le miel pur, l’huile d’olive vierge, la vraie baguette gauloise, le kilo de mouton dont le prix ne tombe jamais au-dessous du 1/10 du Smig ou simplement les dattes Nour... Quand les caisses étaient pleines, on parlait, sans étonnement, d’un pays riche avec un peuple pauvre. De nos jours, on parle d’un pays au bord de l’effondrement, sous-entendu une foule démente capable de tout saccager avant de se fracasser la tête. Et on l’oblige à soutenir des migrants venus de pays déjà effondrés. Quelle poisse pour l’arrivant et l’accueillant.

Au moment où le Ministre des importations critique l’importation des amuse-gueule à 157 millions de dollars pour la seule année 2016. Au moment où la Ministre des PTT veut racler les fonds pour arabiser sa paperasse et son numérique. C’est dans les gènes de l’État de jouer à la fois, Ali Baba, les 40 voleurs, le magicien, la lampe et le génie sauf à ceux qui ont fait la magie de la grotte : les victimes. La question n’est pas qui paie, mais qui a la baraka pour que le malheur des uns s’ajoute à celui des autres sans explosion dans un pays où on ne fête plus les mariages qu’avec des feux d’artifice. Bombardée durant la décennie noire sans relâche par de vraies rafales, la masse se réveille en manque d’un traumatisme terroriste. Au moment où l’Etat découvre la pollution, les poubelles, l’incompétence et la ruine sous un ciel gris, 40 degrés à l’ombre. Même la nuit, les feux d’artifice n’ont aucune chance de faire danser les fêtards alors que les vraies étoiles peinent à percer la voûte au cœur de l’été africain. Pourquoi continuer à importer, à tolérer ces trucs-là qui ne se mangent pas, mais qui font d’autres dégâts plus sournois y compris envers les oiseaux qui restent une des rares évasions accessibles … Dans les subventions, il y a quelque chose de malsain et on se demande pourquoi les arabo-musulmans ont un faible pour ce gagne-pain à la mode qui n’est ni un droit ni un devoir et quand on le case dans l’un, il se réclame de l’autre. Seule certitude, si tendre la main est une aubaine pour les uns ; pour d’autres, il vaut mieux naître manchot. On a 3 moyens pour vivre : le travail le vol ou la mendicité. Quand on se retrouve au chômage et qu’on n’est pas doué pour les deux derniers, on se laisse crever avec soulagement. Notamment en Occident où on éduque l’enfant à ne trouver son bonheur que dans le compter sur-soi tout en lui donnant le droit de sanctionner les responsables dans l’urne. Les politiciens machiavéliques l’ont bien compris en réservant leurs services sociaux en priorité aux étrangers qui savent être reconnaissants le jour des élections. En Algérie où les logements sociaux sont distribués à des « nécessiteux » bien spécifiques ne risquent pas de choir à des étrangers.

Les Algériens, y compris les députés, rêvent d’être sur la liste des bénéficiaires. Tout en s’interdisant de se poser la question sur cette spécificité made in bled capable de tirer la rue de sa léthargie pour la faire basculer dans la folie. De la rente de la razzia à celle du pétrole, la mentalité rentière a fini par s’inscrire dans l’ADN. Et dire que depuis des millénaires, l’espèce humaine survit grâce à sa sueur et l’inquiétude qui la pousse à avancer pour assurer le prochain repas. Rahma, sinistre compassion, exploitation aussi dévastatrice qu’humiliante de l’homme par l’homme. Plus répandue chez nous qu’ailleurs et qui permet à la fois d’embrasser et de mordre, d’assassiner et de ressusciter. A habiller le voleur en bienfaiteur et l’escroc en saint. Ce qui explique la malédiction de notre indice de développement humain qui s’entête à occuper la dernière place dans le monde.

Mimi Massiva

Notes

  1. Dictionnaire : "Le Nouveau Littré"

  2. "Une Société sans Ecole" (Ivan Illich)

  3. "Système politique et paix civile en Algérie" (Confluences Méditerranée numéro 100

  4. Revue "l’Esprit de Narvik" (25/12/2015 Monde Religion)

  5. Pascal Bruckner ("Un racisme imaginaire : islamophobie et culpabilité")

  6. "L’Evangile du Bourreau" (Arkadi et Gueorgui Vaîner)

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Commentaires (6) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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fac droitsp

merci pour cet article

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