"Eldjamaâ n’zik" : l’âme de la Kabylie, sous des dômes, ensevelie !

Taguemount Azouz (Kabylie)
Taguemount Azouz (Kabylie)

Ce n’est pas toujours facile de s’élancer dans un passé lointain pour y puiser des résidus de souvenirs que le poids des ans n’a pas encore totalement balayé des derniers bastions du block mémoire qui résistent encore aux implacables assauts du temps.

Mais il est peut-être utile de le faire et tenter d’identifier ce qui dans les pistes de notre Histoire récente a fait dérailler le "Home" commun pour le réduire à un conglomérat d’échecs n’ayant aucune ressemblance avec ce que l’enthousiasme collectif d’une liberté retrouvée laissait augurer aux lendemains du départ des roumis.

Quel meilleur lieu que cette authentique première école de vie que constituait "eldjamaa n’zik", pourrait nous raconter l’histoire et les péripéties de ce qui a précipité, à l’irréversible et en l’espace de quelques courtes décennies, la Kabylie, dans ces ténèbres socialo-politico-religieuses que la famille révolutionnaire approfondit sans relâche depuis plus d’un demi-siècle pour y précipiter le p’tit peuple, pendant qu’elle se prélasse joyeusement, à la brésilienne, sur les plages du Club-des-Pins ? Un club interdit aux Algériens, mais pas aux chiens de la "famiglia", faut-il le rappeler ? Alors que pendant l’occupation française, il faut insister sur ce fait, certaines plages étaient certes interdites aux indigènes, mais tout autant aux …chiens ! C’est dire l’étendue du mépris que portent sur nous les colons des frontières et leurs nombreux compères.

Mais bon, l’objet de cette chronique ne concerne pas cette famille indigne et ses chiens, mais cet endroit symbolique qui constituait, de mon temps -les hommes de ma génération doivent tous s’en souvenir aussi- le premier lieu de vie et de découverte extérieur au foyer pour un enfant, dès lors qu’il est autorisé à gambader, non accompagné, le long des sentiers étroits du village, lesquels convergent tous vers ce barycentre social de notre petite communauté de montagnards.

Comme tous les eldjamaa de Kabylie, le nôtre comportait une petite salle fermée, un vestibule à double entrée, incluant une sorte de mezzanine à l’abri des courants d’air, et un "large" espace à ciel ouvert, arrangé en petite arène rectangulaire, avec une bordure cimentée faisant office de banc continument réparti tout le long de son pourtour. La position surélevée de notre tadjmaat lui conférait une caractéristique unique ! celle d’une vue imprenable sur la quasi-totalité du village ainsi que sur le majestueux Djurdjura. Quand on s’asseyait sur le banc, nous avions l’impression d’occuper le centre pulmonaire du village, car nul mouvement, nulle animation, nulle entrée ou sortie, à pieds, à dos d’âne ou en voiture, ne pouvait nous échapper ! En cela, notre djemâa n’avait pas son pareil ! Nous le constations chaque fois que l’occasion nous était donnée de découvrir ceux des villages voisins. La position de notre colline était si stratégique que la soldatesque des roumis y avait installé un poste avancé de surveillance, à partir duquel aucun mouvement de "fellagas" ne pouvait lui échapper !

En termes d’événements, bien souvent décisifs pour le vivre-ensemble de la communauté, ce lieu de rassemblement regroupait fréquemment des villageois connus pour leur sagesse afin de débattre et de régler les affaires et les problèmes collectifs. Pour maintenir un certain équilibre des rapports de force (la force de l’argument s’entend, quoique, parfois l’argutie de la force physique s’invitait aussi), ces sages étaient délégués par chaque adhroum (quartier aux dimensions réduites à quelques familles voisines). D’ailleurs, mon village était si petit, à l’époque (200 âmes, à peine, à l’indépendance) qu’il ne comportait que deux idhroumènes (pluriel de adhroum, pour ceux qui ne le sauraient pas) : adhroum oufella et adhroum bwadda ; le quartier haut et le quartier bas. Une distinction basée sur une différence de quelques mètres d’altitude à peine, sur une colline qui surplombe le village voisin, celui de ma grand-mère, à moins de quelques centaines de mètres en contrebas du nôtre ! C’est dire combien était limité l’espace vital de nos villages ! Nonobstant telle limite, la Vie qui foisonnait au sein d'eljamaa nous donnait parfois l’illusion d’occuper le centre du monde, et que même le ciel et les étoiles n’appartenaient à personne d’autre qu’à nous, les Tighiltis !

Au fil du temps et des saisons, nous assistions, curieux et emballés à la fois, à toutes sortes de rendez-vous et de rassemblements d’adultes, en relation avec une gestion collective de la communauté, comme, par exemple, l’organisation de thimechrat. Ce rituel de partage absolu, organisé lors de l’aïd-sghir, commence par la récolte d’une cagnotte commune dans laquelle un représentant de chaque famille est chargé de glisser une somme à la mesure des moyens familiaux. Parfois, cela se faisait en toute discrétion, mais souvent on assistait à un jeu de surenchère pas très sain au cours duquel les plus riches s’adonnaient à des suroffres disproportionnées dans le seul but d’impressionner la galerie. Quoiqu’il en soit, cela n’enlevait rien au charme de ce rituel qui consiste à abattre un bœuf ou deux et ensuite en distribuer les morceaux de viande en les répartissant à parts égales entre toutes les familles, et ce proportionnellement, au sens de la rigueur mathématique, au nombre exact de leurs membres.

Même si nous comprenions bien l’importance et le sérieux de tels évènement, nous, les enfants, brûlions d’impatience pour que ce beau monde quitte la place, au plus vite, et que nous la réinvestissions, à nouveau, pour nos propres occupations.

Des bribes rescapées de la mémoire liée à mon enfance surgissent de nombreux autres souvenirs relatifs à l’activité multifonctionnelle de notre djamâa :

- Une épidémie de gale ou de rougeole, et nous voilà, sous les conseils avisés des vieilles du village, en train de nous rouler par terre (n’etsghli’lize) après avoir déposé quelques morceaux de pain ou des figues sèches en offrande à ces saints bienveillants qu’on nous avait appris à invoquer pour nous soigner !

- Un exilé revenant de France, nous voilà guettant de loin son arrivée. Un autre en partance, nous voilà accompagnant ses derniers pas pour un aurevoir ultime, un pincement au cœur déclenché par le fait de ne pas le revoir avant longtemps. À notre âge, un an ou deux, c’était l’éternité…

- Une naissance, et voilà que des offrandes supérieures, des œufs durs et des biscuits de toutes sortes, sont déposées par la famille du nouveau-né pour que nous nous en gavions, pendant que des "ahoudou ahounou", bienveillants à notre égard, accompagnaient toutes sortes de vœux pour le nouveau-né. Des vœux prononcés en général par la grand-mère en nous dévisageant l’un après l’autre, comme pour déceler une ressemblance cachée avec le nourrisson. Une similitude pour se rassurer et puiser l’espoir que bébé grandisse en suivant les pas des plus futés ou des plus actifs d’entre nous !

- Un mariage ou une circoncision, c’est carrément "thavaqith" de couscous qui débarque pour nous en goinfrer ! Quant au morceau de viande qu’on nous distribuait, il se devait d’être préservé et ramené chez soi quasiment entier afin qu’il puisse être partagé entre les membres de la famille, les femmes et les enfants s’entend, car les hommes étaient généralement absents ! Si le mot partage revêt une signification absolue, c’est bien celui de ces moments de manque pendant lesquels le moindre bout de viande se devait d’être équitablement réparti ! Nous tirions quelque fierté à préserver nos portions, essentiellement pour nos mamans ! Ce fut quelque part l’unique moyen de leur montrer combien nous les aimions tout en essayant de combler, un tant soit peu, le vide que laissaient ces hommes toujours absents ! "Thoudar kimat tsilmawin, 3amrat hacha thoulawine, goujlen warech…. " n’est pas juste une allusion inventée par Cheikh el Hasnaoui dans son célébrissime "Maison blanche", nous l’avons vécu !

Qu’ils fussent occasionnels ou réguliers, ces événements constituaient les battements de cœur et le souffle vivifiant du village ! Pas la peine d’être dans le secret des saints pour savoir, par exemple, qu’une fête se prépare. Le top-départ était souvent donné, tôt dans la matinée, par les jeunes filles, lesquelles se regroupaient dans la pièce fermée du djamâa pour égayer le village d’un répertoire d’airs et de chansons fredonnées en chœur avec, pour unique instrument, un bendir usé ou une caisse à résonnance quelconque qui servait de derbouka !

Que ce soit en hiver, au printemps ou en été, notre djamâa ne se vidait presque jamais. Quand, à de rares moments, il n’y avait personne, on avait l’impression que le pouls du village avait cessé de battre et que la mort rodait dans les parages pour nous abattre !

Au fil des saisons, l’agenda d’occupation était arrangé de façon quasi précise. Les adultes, surtout les vieux, s’y retrouvaient l’après-midi. Et quand nous avions la chance de nous faufiler parmi cette assemblée mature, nous avions droit à toutes sortes de débats, souvent tempérés mais parfois houleux. Il faut dire qu’ils avaient tous du caractère nos vieux, surtout ceux qui avaient roulé leur bosse en Europe, ou ceux qui avaient fait la Deuxième guerre mondiale ! Toutes sortes de débats y passaient. S’étalant de la meilleure façon de reconnaitre et de cueillir une figue fraîche, la recette d’une bonne conservation de la figue sèche, ou encore de la manière d’effectuer une greffe, quasi chirurgicale, sur un cerisier sauvage, au pourquoi du comment de l’ascension et de la chute d’Hitler. Si le discours tenait souvent la route, il arrivait parfois que nos vieux divaguent un peu.

L’anecdote impossible à oublier est relative aux premiers pas des Amerlocs sur la lune. Nos vieux ne se laissaient pas facilement berner. Et, il était hors de question de leur faire admettre cette idée saugrenue d’une conquête d’un astre qui montrait tous les signes d’un projet farfelu, impossible à réaliser : –Les Américains se moquent de nous, comment veux-tu poser le pied sur quelque forêt qui brûle, se plaisaient-ils à affirmer, "ayagui dh’la3jab ! th’tsam’nam’th kane khounwi yeghrane !", tout cela c’est de la propagande ! Y a que vous, les naïfs écoliers, qui pouvez le gober ! Car pour nos vieux, l’éclat de la lune ne pouvait être que le résultat d’une incandescence liée à des feux gigantesques. Ils croyaient si fermement à leurs théories que nous nous contentions de glousser discrètement et d’échanger quelques clins d’œil complices entre petits écoliers ! Loin de nous toute idée de les contredire ou de les vexer ! Ce faisant, c’aurait été toute la chaine de respect que les jeunes doivent aux vieux qui aurait été ébranlée ! Pas question pour nous de jouer aux érudits et les contester, combien même ils étaient dans le tort ! C’est aussi cela l’âme de l’éternelle Kabylie !

Dans le village d’à côté, les débats n’en étaient pas moins houleux, comme par exemple celui lié au fait de savoir si l’eau est un digestif ou un apéritif. Débats, dont a été témoin un cousin germain, que l’on peut résumer par les échanges suivant :

- Wallah nekkini je ne peux rien avaler si je ne glouglote pas un bon litre d’eau avant chaque repas !

- Awah, pour moi ayagui dh’lmouhal, la moindre gorgée d’eau me coupe l’appétit ! Par contre après manger, un litre d’eau ça m’aide à bien digérer !

De tels sujets quasi-insolites n’étaient pas l’apanage exclusif des vieux, car quand nous occupions les lieux, nous, les ados, avions aussi nos envolées ! Comme ce jour ou Dda Rahat, un jeune soldat de l’armée des frontières qui s’est détaché de la voyouterie ben-belliste dès le 5 juillet, nous lança, suite à un incident tumultueux qui venait de se produire au village : "l’homme est né pour souffrir !".

Un sacré sujet de philosophie auquel l’un des enfants Ouehllous apporta une réponse cinglante dès que Dda Rahat s’éloigna du djamâa. Notre philosophe d’à peine 13 ou 14 ans, à l’époque, s’égosilla et s’emporta en ces termes : moi je ne suis pas né pour souffrir ! achimi ara’soufrigh nekkini ? wine yevghane adh’yesouffri ouchligue’ghara dheghs, mais nekkini, alla, outs’soufri’ghara ! Un sujet de philosophie évacué par des phrases simples et précises ! Chah fi le kamum (clin d’œil à Hend) des philosophes grecs !

En été, les constellations d’étoiles, la grande ourse, la petite ourse, Cassiopée et son W, ou la ceinture d’Orion, n’avaient aucun secret pour nous. Nous les repérions et suivions leurs périples soir après soir ! Pendant les soirées sans lune, la voie lactée nous semblait si basse et si proche dans le ciel que nous avions l’impression qu’il suffisait de faire des bonds de niveaux olympiques pour en décrocher les étoiles ! Des étoiles qui nous faisaient tellement rêver que nous nous nous amusions à en évaluer les distances en années lumières. Le calcul de l’équivalence année-lumière - kilomètres, nous l’avions déjà posé et effectué en inscrivant les opérations qui s’y prêtent sur la poussière du sentier principal qui menait au village, il y a de cela 50 ans, alors que nous n’avions que 15 ou 16 ans pour les plus vieux d’entre nous !

Au-delà de ces petites anecdotes à faire déborder la nostalgie, les moments les plus savoureux, les plus féconds, ceux où l’agitation atteignait des pics culminants, sont, sans aucun doute, ceux qui ont jalonné notre phase d’adolescence. Ces soirées d’après-diner où notre djamâa se transformait, en quelque minutes, en moments d’effervescence subtiles pendant lesquels nous procédions à des échanges de livres et d’illustrés de toutes sortes. En ces années 1960-70, nous avions développé une dépendance chronique à la lecture ! Un préalable quasi vital avant que Morphée ne nous happe et que la suie de la bougie ne se consume tout à fait ! Chaque soir, dans l’espace sans toit de notre tajmâat, c’était le même rituel :

- Wa Velka, tu as lu le dernier "Zembla" ?

- An3am a Dda Mohand, mais Lounes vient juste de le reprendre ! Par contre, il me reste encore "Akim" et "Kiwi" !

- Awith-nide issine ! je te rends le James Hadley Chase et je t’ai ramené le "Mandrake" promis.

- Alla (Ah non), "Mandrake" enni, c’est moi qui le prends, ce soir ! C’est-ce qui était convenu hier, s’insurge Ferhat ! Et puis Velkacem n’a pas encore fini le dernier San-Antonio.

- Mâalich Ferhat, ihi arnoude "Tartine" enni pour terminer la soirée !

Sans exagérer, chaque été, ce devait être quelques centaines d’ouvrages divers qui s’échangeaient ainsi dans cette foire à la lecture qui battait son plein chaque soir dans ce djamâa, transformé en bazar du livre à ciel ouvert sur les hauteurs de Kabylie !

C’était, il y a....longtemps ! Ce fut un temps que les moins de 60 ans ne doivent pas connaitre ! Un temps dont il ne reste que quelques souvenirs diffus et éparses, la nostalgie ayant fini par tout remplacer et prendre le dessus !

Cette nostalgie s’amplifie et laisse place à de l’amertume impossible à contenir chaque fois que je débarque au village et que, de loin, au premier virage qui dévoile la crête centrale, on aperçoit la coupole agressive de la mosquée (reconstruite dans les années 1980) posée telle une chape gigantesque pour écraser tout signe de vie et interdire ces instants magiques d’échange et de culture ! Cette magie de convivialité et de frétillements subtils, entre jeunes et vieux, ont disparu à jamais ! C’est comme si le cordon ombilical, ce phénomène de passation de culture ancestrale qui se transmettait d’une génération à l’autre dans ce djamâa bâtit par la première poignée d’occupants de cette Tighilt (colline), notre berceau, a été sauvagement tranché !

Nombreux sont nos vieux qui avaient compris que refaire le djamâa aux normes "modernes" représentait une forme de suicide collectif. Il me revient en mémoire ce dialogue entre un groupe de jeunes et Dda Ravah, un vieux du village, au début des années 1990.

- Nous, nous somme contre le FIS, s’égosillaient-ils, exactement à l’endroit où, 20 ans plus tôt, nous avions, en kilomètres, évalué la distance correspondant à l’année lumière !

- Ah bon ? Si vous êtes contre le FIS, expliquez-moi ! "i’wihene dhachouth ?" (C’est quoi ça, là-bas ?), pointant du doigt le dôme de la mosquée, réplique le vieux, entre deux pincées de chemma !

Il n’avait pas tort Dda Ravah, aujourd’hui disparu, malgré la disparition du FIS, tout ce qu’il représente s’est partout infiltré. On m’a appris, il y a quelques années, qu’avec la complicité de certains pratiquants natifs du village, un groupe de salafistes venus de Tizi-Ouzou y avaient stockés des cartons entiers remplis de Corans ! Sans la vigilance du comité de village, la petite colline de mon enfance et de l’innocence aurait été transformée en camp avancé de la fourberie et autres folies salafistes ! Combien de temps peut encore résister mon village, ainsi que tous les autres ? Allez savoir ! J’ose espérer, néanmoins, que la conquête salafiste ne se fera pas de mon vivant ! Je ne sais si je survivrais à telle dévastation !

Aux dernières nouvelles, le village "Gaulois" des irréductibles Kabyles, situé à proximité de Bouzeguène, lequel a vaillamment résisté à la construction d’une mosquée aux normes ténébreuses, vient de succomber ! Ainsi, dira-t-on plus tard, disparut le dernier rayon de lumière qui illuminait les hauteurs de l’éternelle Kabylie ! Il aura suffi d’un simple dôme pour lui cacher les étoiles et les galaxies !

À moins que des Saïd Sadi, des Nourredine Ait hamouda, des Ferhat M’henni, etc., (eux qui passent leur temps à se déchirer et se tromper d’ennemi) ne réagissent à l’unisson et comprennent enfin que le danger imminent qui emporte inexorablement la Kabylie, ce ne sont pas les schtroumfs du pouvoir, condamnés à disparaître un jour ou l’autre, mais les tempêtes incessantes du vent mecquois. Même si, nos augustes sanafirs ne savent rien faire d’autre sinon canaliser ces vents pour les faire souffler sur le peuple, tout en veillant à ce que la petite famille se trouve bien à l’abri, éloignée de l’œil du cyclone mecquois. Un p’tit tour à club des pins suffit pour s’en apercevoir ! - On se croirait sur les plages de Copacabana ! m’a confié un proche qui a pu s’y infiltrer, je ne sais par quel stratagème, pas plus tard que ce premier week-end de juillet 2017.

Tajmâat n’zik était un lieu d’échange et de transmission de ces valeurs culturelles ancestrales qui ont traversé siècles et millénaires. Un lieu ou rayonnait l’âme de la Kabylie ! Un jeu malsain de suivisme pervers l’a recouvert d’un dôme qui le soustrait, de nuit comme de jour, de toute lumière ! Seuls quelques pratiquants zélés fréquentent encore le nôtre, pendant que des centaines de jeunes et de vieux s’agglutinent comme ils peuvent par petits groupes disparates, çà et là, à divers recoins peu commodes et étroits. Les vieux pour ruminer "thawaghith yedhrane" "à l’insu du plein gré" de l’écrasante majorité, les jeunes pour se laisser entrainer par une surenchère de "kalla allah, kalla rasoul", l’unique formule de « sciences islamiques » retenue par tous, au terme de nombreuses années d’assiduité scolaire ! La route leur est déjà tracée pour rejoindre et occuper le dôme de notre djamâa, en maîtres suprêmes de la bêtise et des ténèbres. Ils participeront ainsi à l’enfouissement scabreux des derniers souffles de vie de nos éminents terroirs !

Sans batailles ni armées, le vent de folie d’Arabie aura vaincu, par la grâce d’une FLiN-toxerie abjecte qui, en moins de 50 ans, aura réussi l’exploit de tout souiller ! N’est-il pas déjà trop tard pour sauver, en Kabylie comme ailleurs, ce qui reste de nos cimes non infectées ?

Dieux des cieux, que je voudrais tant me tromper !

Kacem Madani

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Commentaires (17) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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fateh yagoubi

merciii pour l'information

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