Sans partis, ni syndicats et sans peuple, le naufrage du pays est-il programmé ?

Le peuple ne se reconnaît pas dans les députés
Le peuple ne se reconnaît pas dans les députés

Le Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD) analyse dans ce communiqué la dramatique situation du pays.

L’Algérie indépendante s’apprête à marquer son 55ème anniversaire. Le 5 juillet 1962 aurait dû être plus qu’une naissance, une véritable renaissance ! Mais les vicissitudes de l’Histoire en ont décidé autrement. L’Algérie de 2017 n’est même pas à la hauteur d’honorer le combat de celles et de ceux qui ont été les héros de son indépendance.

Jean-Marie Larribère, militant communiste et gynécologue de profession, a offert ses services à l’Algérie comme médecin et combattant dans les rangs de l’ALN mais à aucun moment, ce pouvoir n’a daigné rendre hommage à sa mémoire. Pour célébrer cet exceptionnel militant anticolonialiste, nous joignons notre voix à toutes celles et à tous ceux qui voudraient perpétuer sa mémoire pour qu’enfin soit baptisée officiellement en son nom : Larribère, la clinique dont il avait fait don à l’Algérie. C’est ainsi que l’Algérie reconnaîtra celui qui a eu l’honneur et la charge de participer au combat contre le colonialisme français et d’apporter sa pierre à la construction de l’Algérie aux balbutiements de l’indépendance.

Aujourd’hui, l’Algérie est dans un contexte international délétère et vit une conjoncture nationale périlleuse marquée par les attaques répétées d’un terrorisme islamiste qui ne désarme pas et une situation socio-économique qui enfonce le pays inexorablement dans le chaos.

En effet, au plan international, la situation est alarmante et incertaine d’autant qu’à la tête des USA, Trump s’avère être un président ultra-réactionnaire et imprévisible. Un de ses objectifs prioritaire aujourd’hui est de rebattre les cartes au Moyen-Orient pour redonner le leadership à l’Arabie Saoudite dans le monde musulman et l’imposer comme figure de proue de la politique américaine au Moyen-Orient face à l’Iran d’une part, qui revient sur la scène politique grâce au soutien de la Russie et à la signature avec l’Europe de l’accord sur le nucléaire de 2015, à la Turquie où le tout puissant émir Erdogan rêve de restaurer sous son aile le califat Othoman et au Qatar, dont les prétentions politiques régionales se sont singulièrement accrues depuis une dizaine d’années sous la houlette des frères musulmans.

Si des fractures nouvelles sont apparues dans la galaxie islamiste comme le montre la brutale détérioration des relations entre l’Arabie Saoudite et le Qatar, est-ce pour autant que l’islamisme politique risque le déclin ? Ces deux Etats sont les faces de la même médaille islamiste. Il n’y a aucune différence de fond entre les frères musulmans et les wahhabites. L’Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie se nourrissent de la même idéologie. Ils sont directement impliqués dans le terrorisme islamiste et ont un rôle incubateur important dans l’expansion du djihadisme dans toute la planète. Ils appartiennent donc au même camp et l’Amérique ainsi que l’Europe sont leurs maîtres.

Au plan national, nos frontières sont de plus en plus menacées. Ce qui aggrave notre insécurité, remet en cause sérieusement la stabilité et l’unité du pays. Son flanc sud est à la merci de groupes armés islamistes qui ont fait la jonction avec les narco-trafiquants du Mali et du Niger. Quant à la Libye, elle s’enlise dans l’anarchie et le déchirement, ce qui affaiblit l’est du pays et le rend particulièrement vulnérable aux incursions armées.

Du côté de la frontière occidentale, précisément au Maroc la population du Rif est en ébullition depuis plus de six mois. Cette région, victime de décennies d’abandon étatique croupit dans une misère généralisée. Face à ce soulèvement légitime, le pouvoir marocain n’a eu qu’une seule réponse : la violence policière. C’est pourquoi nous nous insurgeons contre l’absence de dialogue avec les représentants de ce mouvement social, dénonçons la répression qui s’est abattue sur les manifestants et exigeons la libération de ses dirigeants. Nous nous interrogeons cependant sur les ambiguïtés politiques de ce mouvement par rapport à l’islamisme politique et la nature de ses liens avec le mouvement séparatiste du MAK.

Le pouvoir vient de faire main basse sur le scrutin des "élections" législatives du 4 mai 2017. Avec ce nouveau hold-up, celui-ci s’est taillé une place hégémonique à l’Assemblée Nationale en s’offrant la part du lion en s’adjugeant une majorité écrasante de sièges. Les Algériennes et les Algériens échaudés depuis longtemps par les pratiques frauduleuses du pouvoir, ont boudé comme à leur habitude massivement ces "élections". Ils savent pertinemment que, tant que leur choix sera instrumentalisé et détourné, leur volonté politique ne peut pas trouver de traduction réelle dans les urnes.

Mais cette fois-ci, l’abstention a atteint des seuils inédits, plus de 60% au niveau national selon les sources officielles !! De tels chiffres records bien que largement sous-estimés par l’administration, sont la signature la plus spectaculaire du divorce entre le peuple et le pouvoir. Ils montrent de façon indéniable que celui-ci a épuisé tous ses ressorts d’influence dans la société et qu’il est dans l’isolement total.

Pendant cette campagne des législatives, les candidates femmes ont été victimes d’un traitement discriminatoire. En effet, sur certaines affiches, leur portrait a été escamoté et le visage, réduit à un vide, masquait totalement leur identité. Que les islamistes veuillent effacer les femmes de l’espace public, ce n’est un scoop pour personne mais que des partis démocrates comme le FFS ou le RCD singent les islamistes au nom de la "tradition", voici une régression nouvelle de leur part qui n’avoue pas son nom et une compromission de plus qui en dit long sur leur dérive. Tout est bon pour justifier l’islamisation du pays. L’inamovible Ouyahia appelle le gouvernement à basculer "rapidement" dans la finance islamique pour "capter l’épargne importante qui alimente l’économie informelle".

Le ramadhan rime comme à l’accoutumée avec inflation. C’est le mois où le consommateur est sous les fourches caudines d’une faune de commerçants-escrocs, de trabendistes et de maquignons du marché informel qui, profitant d’une course effrénée à la consommation et d’une production nationale à la peine, surchauffent les prix pour faire fortune. C’est à se demander comment vit l’Algérien qui est au SNMG ? Comment dans ces conditions faire face aux dépenses incompressibles du loyer, de l’électricité, du gaz ou du transport quand l’aïd est là ? La société est prise dans le cercle vicieux de l’inflation et du chômage et le pouvoir d’achat ne cesse de se dégrader. En fait, le pays est entre les mains d’une économie informelle dominante et une oligarchie financière impitoyable qu’il s’agit de combattre sans concession pour sortir le pays du marasme.

Au plan culturel, les islamistes continuent à exercer des pressions considérables sur la société et les élites. Leur cible privilégiée reste bien évidemment l’Ecole. Ils sabotent les timides réformes de l’Education Nationale et les mesures qui règlementent le code vestimentaire dans les collèges et les lycées et dont le but est de juguler la prolifération de la tenue salafiste. Récemment, ils se sont organisés en mode punitif pour briser la scolarité des filles qui ne portent pas le hidjab en leur interdisant l’entrée des établissements scolaires.

Le système éducatif de façon générale, tourné vers le passé est défaillant et miné par la corruption. Il est incapable de propulser nos enfants vers l’avenir. C’est le cas de l’université qui, au lieu d’être, le lieu du savoir et de la connaissance, l’espace du foisonnement des idées et du débat contradictoire a chuté dans le raidissement de la pensée, la paresse intellectuelle et l’institutionnalisation de la fraude et la violence comme vient de nous le confirmer cet assassinat odieux au marteau d’un professeur d’université, Karoui Serhan par 2 de …ses « étudiants » et le repêchage des retardataires au baccalauréat, sur ordre du président Bouteflika et ce, en contradiction avec la décision du ministre de l’Education !!

Après la fatwa prononcée contre le romancier Kamel Daoud, c’est au tour de l’écrivain Rachid Boudjedra d’être victime d’une cabale et traîné dans un sordide traquenard par une chaîne de télévision islamiste. Par cet acte inquisiteur, les islamistes voulaient d’abord et avant tout jeter l’anathème sur un libre penseur éminent pour l’isoler dans la société et le désigner comme cible à leurs assassins. Par ailleurs, en portant atteinte à l’image de marque d’un grand écrivain et en le discréditant sur un média lourd, les auteurs de ce coup monté veulent instiller la peur aux intellectuels pour les faire taire, confisquer le débat à leur profit exclusif et porter un coup mortel à la pluralité démocratique. Les assassins d’hier de Djaout, Alloula et Medjoubi sont de retour et à nouveau réengagent la balle dans le canon pour semer la terreur et pourfendre la liberté d’expression. Mais c’est sans compter avec la vigilance des citoyens dont la riposte a été forte, résolue et à la mesure de la gravité de l’événement.

L’Algérie a eu plusieurs fenêtres d’opportunité pour se remettre d’aplomb mais les stratégies de réponse à la crise peinent à émerger. Le pouvoir est face à une crise sans précédent de la représentation politique. La société ne se reconnait pas en lui mais l’échec cuisant de ces élections législatives ne semble pas l’orienter vers l’ouverture politique et la recherche de nouveaux espaces de dialogue. La déréliction du pays creuse les antagonismes de la société autour de failles sociales, culturelles et religieuses.

Si les solutions tardent à venir, le ciment qui scelle l’unité du pays risque de céder devant les dynamiques de fragmentation de la société. A force d’usurper la parole du peuple et de faire de la rente l’alpha et l’oméga d’une stratégie politique nationale, l’Algérie est devenue un contre sens de l’Histoire. Un système qui fonctionne sans partis, sans syndicats, donc sans espaces de médiation va irrémédiablement au mur et à l’affrontement avec la rue car la culture de l’entre soi entretient la frustration, tue tout espoir de renouvellement et entraîne le pays vers l’inconnu et le risque d’éclatement. Si nous voulons entrer de plain-pied dans la modernité, alors il nous faut nous convaincre de l’urgence du changement, et tout faire pour unir les forces patriotiques les plus larges pour inaugurer une nouvelle ère par la mise en chantier d’une transition républicaine et démocratique.

Alger le 2 juillet 2017,

Le Bureau National du PLD.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Service comptabilité

merci bien pour les informations

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algerie

Very good content. With thanks.

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