Gazoduc - Maghreb - Europe : une pure spéculation médiatique

Mohammed VI et Muhammadu Buhari
Mohammed VI et Muhammadu Buhari

Le Maroc est un royaume souverain et reste libre de mener sa stratégie comme il l’entend. Si dans le cadre de ses prévisions long terme, ses dirigeant jugent de s’en passer du gaz algérien, c’est leur droit absolu.

L’information rapportée par le journal marocain "L’Economiste" cite le ministre de l’Energie Aziz Rebbah, qui a exposé les grandes lignes du mégaprojet "Gas power" en situant au passage l’échéance 2021. Il n’a, à aucun moment, fait allusion au contrat qui lie l’Algérie au Maroc dans le tronçon du gazoduc Pedro Duran Farell. Mais c’est l’hebdomadaire français Usine Nouvelle qui a fait le rapprochement entre la date annoncée par le ministre de l’Energie marocain et qui coïncide avec la fin du contrat de fourniture du gaz par l’Algérie au Maroc pour déclarer à qui veut l’entendre que ce dernier ne veut plus du gaz algérien comme si le milliard de m3 dont la moitié est cédée au titre de redevance va faire mal aux exportations algériennes alors que cette transaction ne représente en fait qu’à peine 0,2% des recettes.

La presse française est habituée depuis plus d’un demi-siècle de saisir la moindre occasion pour faire pression sur son ancienne colonie. On se rappelle quand l’Union européenne visait une diminution des prix de ses membres qui s’approvisionnaient de Sonatrach en gaz, elle n’a pas trouvé mieux que d’envoyer François Hollande pour étaler les dossiers aux dirigeants algériens.

Le scandale des "Panama papers" par le quotidien Le Monde, lequel journal avait annoncé il y a à peine un mois que Total compte exploiter le gaz de schiste en Algérie dans des blocs gardés confidentiels pour chauffer à blanc les population du sud dont le seul but chronique d’ailleurs de faire pression sur le gouvernement à la solde le compte des entreprises Françaises qui contribue à son financement. D’ailleurs la France n’a aucun intérêt à ce que l’Algérie renoue ses relations avec les frères marocains.

Par ailleurs, lorsque l’ex premier ministre, Sellal qui inaugurait une unité de lubrifiant appartenant à Total à Oran avait déclaré que la France allait nous aider pour valoriser notre gaz pour ne plus le vendre en brut mais développer un pôle pétrochimique avec la relance de l’unité de steam cracking à Arzew toujours avec Total, est ce que le Maroc ou les autres pays qui s’approvisionne en gaz algérien lui ont ils reproché cette vision stratégique légitime ? Pourquoi, chacun est libre à condition de respecter ses engagement dans les délais et avertir ses clients à temps pour tous changement afin qu’ils prennent leurs dispositions. Plus grave, nos experts sont rentrés dans ce jeu paradoxal afin d’étaler leurs théories en portant un jugement sur les intentions du Maroc et attiser ainsi le feu dans une relation déjà très tendu.

En effet, comment peut-on croire à une théorie de complot qui consisterait en une combine entre le Roi Mohamed VI et le président du Nigeria dont le pays baigne dans les difficultés pour changer le tracé du gazoduc transsaharien (NIGAL), au demeurant mort-né par la logique même du marché et plus grave le faire passer par le Sahara occidental pour avoir sur le dos l’ONU et l’ensemble de la communauté internationale qui reconnait l’autonomie des Sahraouis. Pourquoi ? Uniquement pour "emmerdera" l’Algérie.

Comment aussi imaginer que le royaume alaouite dont le modèle de développement est totalement extraverti par un choix délibéré de longue date se permettrait-il de barrer la route au gaz algérien qui passe par son territoire pour approvisionner ses partenaires de la communauté européenne qu’il le qualifie de projet prioritaire. Il s’agit là d’un délire loin de toute analyse pragmatique et qui montre la fragilité à laquelle est arrivée l’Economie nationale. S’il y a quelqu’un à blâmer se seront certainement les dirigeants Algériens eux même qui au lieu de retrousser les manches pour diversifier leur économie, continuent à la tripoter pour la rendre vulnérable à la moindre rumeur sur la fluctuation du prix du baril ou celui du dollar

Rabah Reghis, Consultant et Economiste Pétrolier

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Commentaires (19) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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adil ahmed

Merci pour cet article

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