Lougha el-watania dans tous ses états: "- C’est de l’ignominie ! - Ech’koune enta ?"

Peut-on vraiment croire que Boudjedra ne connaît pas Saïd Bouteflika ?
Peut-on vraiment croire que Boudjedra ne connaît pas Saïd Bouteflika ?

L’échange bref, et "accessible" à tous, entre Rachid Boudjedra et Said Bouteflika, aura, au moins, eu le mérite de mettre à nu le déphasage flagrant entre le discours officiel et la réalité du terrain, en haut lieu.

Car, en ce qui concerne les citoyens d’en bas que nous sommes, nous le savions déjà : le greffon de cette langue nationale importée d’Arabie a beaucoup de mal à prendre racines dans les diverses ramifications de la société algérienne, sauf évidemment dans les milieux islamistes, lesquels font de la langue arabe un gage d’appartenance à cette oumma chimérique qui n’a de centre de gravité commun qu’un embrun mystique qui divise ses composantes bien plus qu’il ne les rassemble, depuis l’ère "d’abou-lahabi et tabet-yada-hou !".

Plus d’un demi-siècle après avoir constitutionnellement imposé au peuple une langue qui n’est pas la sienne, au seul motif que c’est la seule que Dieu parlerait et comprendrait (!?), il est pour le moins amusant de constater que ceux-là même qui nous l’ont prescrite n’ont maîtrisent pas le moindre contour ! Car "sussetété" le cas (petite pensée pour Abdou B.), au lieu de l’échange banal et compréhensible qu’ils nous ont servi, nous aurions eu droit à un dialogue mystique d’ordre supérieur, entre Saïd Bouteflika et Rachid Boudjedra.

Un échange que l’on peut retranscrire, à peu près, en ces termes : Saïd : - Hadha 3aroun kabiroun, koun’toum kad ta3aradhtoum ! (C’est de l’ignominie qu’ils vous ont fait subir). Rachid : - Maa antoum ! (Qui êtes-vous). (Purée ça rime de partout la langue de notre rassoul bien-aimé (qsssl) !).

Blague à part, une langue ça sert à quoi finalement ?

- Uno : à communiquer de manière claire et intelligible avec ceux qui nous entourent. En premier lieu le cercle familial, du berceau à "juste avant le mariage". À cet égard, il serait intéressant de savoir s’il y a des mamans qui communiquent avec leurs petits chérubins, dans leur phase de développement guili-guili, ou des couples qui s’échangent un peu de tendresse verbale, en arabe nucléaire. Ça serait marrant à voir !

- Secundo : à interagir avec le monde extérieur. Avec le voisinage, l’administration, au marché, etc. Mais, à titre d’exemple, mise à part la paperasse rédigée en caractères arabes, quand on se présente au guichet de la mairie ou de la préfecture du coin, pour une majorité écrasante d’Algériens, c’est toujours avec la même terminologie, héritée des koufars, "ixtri d’nissance, cardentity, passepourt, cazyi judiciyire, etc » que l’on s’adresse à nos administrateurs pour toute délivrance de papiers officiels !

- Tertio : à s’imprégner des connaissances du monde, via l’Ecole, du primaire au lycée, et au-delà, à l’Université. Mais force est de remarquer que malgré la multitude de matières enseignées en arabe d’Arabie, des cours de récréations de tous les établissements scolaires aux campus universitaires, il est peu probable que l’on communique entre élèves et étudiants en cette "lougha el’watania" que l’on impose juste parce que les autres langues sont considérées comme des dialectes inefficaces et que le français est la langue du colon, à bannir de notre génétique orale, verbale et vocale !

Ce n’est pas sérieux tout ça ! Car, pour le bien de l’Algérie, à moyen ou long terme, le bon sens aurait voulu que l’on fasse fructifier l’unique "butin de guerre" qui vaille la peine d’être sauvé et distribué de façon équitable entre tous les citoyens d’Algérie, d’Est en Ouest, du Nord au Sud de la patrie ! Tel butin, uniformément réparti, aurait eu comme conséquence celui d’élever les consciences individuelles et collectives, seules à même de tirer le pays vers le haut, dans un référentiel universel de développement. Mais bien évidemment, dans un tel jeu de course à l’intelligence, cette médiocratie, érigée en mode de gouvernance par la famille FLiN-tox et ses satellites "islamocratiques", n’aurait jamais pu survivre plus d’une demi-génération ! 10-20 ans, au maximum. Certainement pas 55 ans !

Moralité : une langue nationale importée c’est pas bien ! Une langue internationale arrachée par nos aînés et moult sacrifices, c’est mieux, beaucoup mieux ! Mohamed VI l’a bien compris, puisque le français est introduit au Maroc dès la première année de scolarité ! Pourquoi ne pas l’imiter ?

Malheureusement, aux yeux de nos gouvernants, depuis 1962, il serait ignominieux de prendre exemple, bon ou mauvais, sur nos voisins marocains !

À propos de dirigeants, et à leur endroit : -ech’koune entoum exactement, yarham babakoum ?

Allez ! si Boudjedra et Saïd l’accessible, ta3atayna bi-eldjawab el-haquiqui ! Une réponse débarrassée de toute feinte ou ignominie, cela nous permettrait d’avancer enfin, au lieu de reculer sans cesse depuis 1962 !

Kacem Madani

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Commentaires (31) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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fateh yagoubi

merci

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