OPINION : Le CRI de l’Algérie pour le Changement

La situation du pays ne cesse de s’aggraver. Les libertés se sont amenuisées, au point où l’on ne peut parler d’opposition ou d’opinion discordante, tout simplement. L’Etat de l’économie ne cesse de se dégrader, malgré une embellie financière qui ne profite pas aux citoyens et qui continue à sourire aux prédateurs de tout acabit. L’alternance au pouvoir vient d’être enterrée par le coup d’Etat fomenté contre la Constitution par le biais d’une Assemblée populaire mal élue et ne représentant que les 20 % du corps électoral national. Un troisième mandat fatidique pour le pays, est quasi assuré par un conglomérat de partis politiques qui a pris en otage l’ensemble des Assemblées, et participe à la dilapidation du patrimoine national, à savoir sa culture, sa religion, la glorieuse histoire et ses ressources naturelles.

Le pouvoir en place qui s'est attelé le long d'une décennie à museler le champ médiatique, à miner toute tentative de création d'un mouvement politique ou citoyen, à niveler par le bas en limitant le droit au rassemblement, à déstabiliser et opérer des changements au sein des partis existants dans le but de maintenir un uranisme hérité de la période stalinienne et à dissuader le citoyen de s'intéresser aux questions politiques de son pays, en lui suggérant "qu'il est inutile de penser au changement, à partir du moment où ce pouvoir est une fatalité pour le pays"

L’Etat déliquescent de fait du terrorisme, de la bureaucratie, du népotisme, du régionalisme et de la corruption, est squatté par l’ambition d’un clan autour d'un président fatigué, dont la seule gloire est la pérennité au pouvoir méprisant tout un peuple et défiant les lois de la biologie.

Le désespoir frappe de plein fouet une jeunesse, réduite au statut de mineure perpétuel, et à qui on a imposé le choix de la misère et le chômage ou de la « Harga » et les maux sociaux. La répression est devenue le seul langage que le pouvoir réserve à toute contestation; le peuple voit ainsi ses acquis chèrement arrachés, disparaitre petits à petits.

Le bilan de la décennie 1999-2009 est frappant:

- Sur le plan politique, en 1999, le président Bouteflika a eu comme adversaires politiques les Ait Ahmed, Taleb Ibrahimi, Khatib, Hamrouche, Sifi et Djaballah des courants politiques en voie de structuration, ce qui montre que la société était sur la bonne voie de s'organiser. En 2009, le président candidat se retrouve en face du vide qu'il a crée.

- Sur le plan économique et social, en 1999, la facture des importations ne dépassait pas les 10 milliards de dollars et en 2009, elle dépasse largement les 40 milliards de dollars, équivaut à plus de dépendance de l'extérieur, à l'anéantissement du tissu industriel productif, à la mauvaise gouvernance et à la mauvaise politique agricole malgré les milliards injectés avec les conséquences socio-économiques désastreuses. La décennie Bouteflika est créatrice du phénomène des harragas et des détournements, vols et corruptions à coûts de milliards.

- Sur le plan diplomatique, en 1999 et malgré une décennie d'isolation, l'Algérie avait gardé le cap de ses positions historiques qui ont toujours caractérisé sa diplomatie courageuse et claire à la hauteur de son passé glorieux, en 2009 il ne nous reste ni positions ni même le discours mais rien que la diplomatie du cheque.

Durant les élections de 2007, organisées par le pouvoir et pour les sous traitants du pouvoir, et au mépris du citoyen, la majorité des Algériens a tournée le dos aux urnes avec une volonté clairement exprimée, pour signifier son opposition au pouvoir en place qui s’est foncièrement discrédité. Moins de 20% du corps électoral décide ainsi pour le sort de tout un peuple, voilà le miracle de la démocratie de BOUTEFLIKA qui vient se greffer à ses miracles que le peuple a eu à vérifier le long d'une décennie, marquée par la misère, la dilapidation des deniers publics, la déperdition des richesses nationales, la généralisation de la corruption et la déliquescence de l'autorité de l'Etat.

Malgré tout cela, le pouvoir est resté autiste et méprisant et l’opposition n’a pas su exploité ces brèches qui se sont offertes à elle, pour s'organiser et renverser la tendance, en faisant adhérer les citoyens à son projet. Ceci est du, essentiellement, à des ambitions individuelles des leaders de l’opposition conjuguées aux pratiques d’obstructions anti démocratiques au demeurant, machiavéliques dans leurs essences, exercées par le pouvoir en place.

Aujourd’hui, les animateurs de l’opposition, qu’ils adhérent au CRI pour le changement ou pas, devraient reconnaitre qu’il est fondamentalement urgent de se rassembler pour s’opposer aux conséquences d’un troisième mandat, qui seront fatales pour le devenir du pays. Devant un constat aussi alarmant, nous sommes nombreux à partager la même conviction, celle d’œuvrer en concert pour engager une réflexion débouchant sur des initiatives concrètes pour redonner espoir à ce peuple désorienté, désabusé, mais qui continue à porter le pays dans son cœur, malgré les déceptions, les trahisons, les fraudes et la confiscation de son ultime droit à présider à son destin .

Nous sommes nombreux et nous formons l’ensemble des franges de la société, refusant de sombrer dans un populisme ravageur, ou succomber à l’attrait d’un élitisme craintif, salonnard et coupé de la réalité, aspirons à réunir l’ensemble des valeurs sûres de la nation, à fédérer tous les patriotes qui vivent avec le souci d’œuvrer à sauvegarder la nation d’un naufrage imminent, à mobiliser toutes les capacités du pays réduites à vivre dans l’ombre, afin d’accomplir l’ultime sursaut patriotique, à travers d’initiatives sous formes de réflexions et d’actions capables de redonner espoir à ce peuple trahit.

Nous sommes nombreux à récuser toute velléité de sectarisme et de régionalisme et nous refusons de faire dans la surenchère nationaliste, républicaine ou religieuse, nous sommes condamnés à travailler dans la concertation, l’échange de point de vue, la collecte d’informations et d’expertises utiles, dans la diversité sous l’unique emprise des règles de la démocratie.

Notre conviction, c’est fournir les efforts pour traduire ces idées en projet, justice et équité pour faire adhérer la majorité à ce projet, et surtout patience face aux entraves qu’on va subir. Mais, aussi, ni cupidité, ni peur, ni fatalisme. Ceci est notre crédo, notre point de mire, notre chemin et notre vocation.

Ayant une croyance, selon laquelle rien n’est imposé » à l’homme, sans son propre bon vouloir, nous devons appeler à l’affranchissement de nos concitoyens des fatalismes, des modèles préétablis, des zaïmismes, du conditionnement et des paternalismes.

Nous devons nous pencher sérieusement sur la crise qui secoue notre pays. Le pouvoir a manqué de clairvoyance, de transparence et de cohérence. La nécessité d’une opération vérité est devenue plus qu’obligatoire. On doit agir avec pragmatisme et vigueur.

Désormais, le combat n’est pas de s'opposer politiquement au président Bouteflika, car cette bataille est déjà dépassée depuis la violation de la Constitution, l’important est de préparer l’avenir, et s'opposer avec détermination à un pouvoir autoritaire et dangereux pour la cohésion nationale. Le véritable affrontement avec le pouvoir en place passe inéluctablement par cette bataille pour une démocratie durable, politique d’abord, mais aussi économique, sociale et culturelle et ainsi vaincre l’injustice et la terreur par la force de la liberté.

Sommes-nous capables de réussir là où le système a échoué, et de répondre aux exigences et valeurs incarnées dans l’esprit de l’Appel du 1er Novembre 1954, à savoir l’édification d’un Etat souverain, démocratique et sociale, dans le cadre des valeurs de l’Islam ? Tellement souillé, cet Appel est oublié, voire jeté dans les calendes grecques car, nous avons vite oublié ceux qui sont morts pour cet idéal ; un idéal de résistance. Ce même esprit de résistance qui est toujours d’actualité.

C’est en s’inspirant de l’esprit et des valeurs du 1er Novembre que l’on peut mobiliser, à travers un débat sérieux, serein et responsable, pour engager cette bataille salvatrice pour la nation. Car, ces valeurs ont, ensemble ou séparément, la capacité de motiver ceux qui désespèrent et d’inciter à se battre ceux qui ont perdu le gout du militantisme et des risques qu’il implique.

Sommes-nous prêts à nous battre et capables d’adopter comme projet politique, celui qui vise à mettre en œuvre la démocratie, à travers les valeurs de solidarité, de liberté et de responsabilité dont elle est porteuse ?

Sommes-nous prêts à nous battre au quotidien pour que nous puissions vivre et exprimer nos points de vue dans les différents domaines, qu’ils soient politiques, économiques… afin d’éradiquer les inégalités et la précarité, sources de frustrations, de violences et d’instabilité permanente.

Aussi, sommes-nous capables de nous battre pour que la culture soit à la portée de chacun, que le développement soit bénéfique à l’ensemble des citoyens et l’éducation soit le ciment de la République, que la santé soit accessible pour tous, que la justice soit indépendante, que la solidarité sociale soit effective, bref pour l’édification d’une société algérienne plus humaine, plus généreuse, plus justes et morale ? Le CRI de l'Algérie pour le changement aspire à faire de la démocratie et de la liberté d’une part et du savoir et de la connaissance d’autre part la clé de lecture des problèmes de notre pays et de l’ensemble de la société algérienne.

Soyons nombreux à répondre à l’appel du CRI de l'Algérie pour boycotter les urnes afin de montrer à l'opinion nationales et internationales que les Algériens en ont assez de ce pouvoir anti démocratique et autoritaire, pour signifier à ces gouvernants d'un autre temps, notre maturité, notre refus du tutorat imposé et notre ras le bol de la précarité de notre situation. Seule une longue résistance pacifique est capable de rétablir les citoyens dans leurs droits fondamentaux

Haider BENDRIHEM Coordinateur National du Parti EL BADIL non agrée

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Commentaires (29) | Réagir ?

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baha

1. La Fédération Anarchiste est une association d’anarchistes révolutionnaires reconnaissant la lutte des classes. Nous visons l’abolition de toute hiérarchie, et luttons pour créer une société mondiale sans classes : le communisme anarchiste.

2. Le Capitalisme est fondé sur l’exploitation de la classe ouvrière par la classe dirigeante. Mais l’inégalité et l’exploitation s’expriment aussi en termes de race, de sexe, de sexualité, d’aptitude, d’âge ainsi qu’au niveau de la santé, et dans ce sens une partie de la classe ouvrière en opprime une autre. Ceci nous divise, provoquant un manque d’unité de classe, dans un combat qui profite à la classe dirigeante. Les groupes opprimés deviennent plus fort lorsqu’ils agissent d’une façon autonome en contestant les rapports de pouvoir sociaux et économiques. Il faut abandonner le pouvoir de l’un sur l‘autre à un niveau individuel aussi bien que politique pour atteindre notre objectif.

3. Nous croyons que combattre le racism et sexisme est aussi important que les autres aspets de la lutte des classes. On ne peut pas arriver au communisme anarchiste tant que le racism est sexism existent. Afin d’être efficaces dans leur lutte contre leur oppression au sein de la société et de la classe ouvrière, ils se peut que les femmes, les homosexuels/lesbiennes et les Noirs aient besoin de s’organiser de façon indépendante. Cependant, il faudrait que ce soit en tant que femmes, homosexuels/lesbiennes et les Noirs de la classe ouvrière, puisque les mouvements interclassiste cachent les vraies différences de classes et sont peu efficaces. Sans l’abolition du capitalisme, l’émancipation complète est impossible.

4. Nous nous opposons à l’idéologie des mouvements de libération nationale qui prétend qu’il ya un intérêt commun entre la classe ouvrière et le patronat du même pays devant la domination étrangère. Nous sommes en faveur des luttes prolétaires contre le racisme, le génocide, l’ethnocide, el le colonialisme politique et économique. Nous nous opposons à la création d’une classe dirigeante quelle qu’elle se soit. Nous rejetons toutes formes de nationalisme, puisque ceci ne sert qu’à redéfinir les divisions au sein de la classe ouvrière mondiale. La classe ouvrière n’a pas de patrie et il faut éliminer les frontières nationales. Nous cherchons à construire une internationale anarchiste pour travailler avec d’autres révolutionnaires libertaire partout dans le monde.

5. À côté de l’exploitation et l’oppression de la plupart des gens, Le Capitalisme menace le monde par la guerre et par la destruction de l’environnement.

6. Il n’est pas possible de supprimer le Capitalisme sans révolution, qui émergera du conflit des classes. La classe dirigeante doit être complètement renversée pour réaliser le communisme anarchiste. Parce que la classe dirigeante n’abandonnera pas le pouvoir sans l’emploi de la force armée, cette révolution constituera une période de violence aussi bien que de libération.

7. Les syndicats, de par leur nature, ne peuvent devenir des véhicules pour la transformation révolutionnaire de la société. Pour fonctionner, il faut qur le capitalisme les accepte, donc ils ne peuvent jouer de rôle dans son renversement. Les syndicats divisent la classe ouvrière (entre les salariés et les chômeurs, le commerce et l’artisanat, entre les ouvriers qualifiés et non qualifiés). Mêmes les syndicats anarcho-syndicalistes sont contraint par la nature fondamentale du syndicalisme. Tout syndicat doit pouvoir contrôler sus membres afin de traiter avec la direction. Ils négocient pour réaliser une forme d’exploitation plus équitable pour le personnel. Les intérêts des dirigeants et des représentants seront toujours différents des nôtres. La classe des patrons est notre ennemie. Pendant que nous nous battons contre elle pour de meilleures conditions, nous devons nous rendre compte qu’elle peut revenir sur les réformes réalisées aujourd’hui. Notre objectif final doit être l’abolition complète de l’esclavage capitaliste. Ce n’est pas en oeuvrant dans un syndicat que nous pourrons atteindre cet objectif. Cependent, nous ne disons pas aux gens de quitter les syndicats jusqu’à ce que leur existence soit rendue inutile par l’événement révolutionnaire. Le syndicat est un point de départ commun à beaucoup d’ouvriers. Les initiatives de la base peuvent nous fortifier pour la bataille pour le communisme anarchiste. L’important c’est de nous organiser collectivement, en nous battant pour que les ouvriers contrôlent leur luttes eux-mêmes.

8. La véritable libération ne peut se réaliser que par l’activité revolutionnaire autonome de la classe ouvière à une echelle de masse. Une société communiste anarchiste signifie non seulement la coopération entre égaux, mais aussi leur participation active en ce qui concerne la mise en forme et la création de cette société pendant et après la révolution. En temps de trouble et de lutte les gens auront besoin de créer des organisations révolutionnaires contrôlées par tous ses membres. Ces organisations autonomes seront en dehors du contrôle des parties politiques, et en leur sein nous apprendrons beaucoup en ce qui concerne l’activité autonome.

9. En tant qu’anarchistes nous nous organisons dans tous les domaines de la vie pour faire progresser le processus révolutionaire. Nous croyons qu’une organisation anarchiste importante est nécessaire pour nous aider à cette fin. Contrairement à d’autres soi-disant socialistes ou communistes, nous ne voulons ni pouvoir, ni domination pour notre organisation. Nous savons que la révolution ne sera effectuée que directement par la classe ouvrière. Pourtant, il faut que la révolution soit précédée par des organisations qui peuvent convaincre les gens de l’alternative et de la méthode communistes anarchistes. Nous prenons part à la lutte comme des communistes anarchistes, et nous nous organisons de façon fédérative. Nous rejetons le sectarisme et travaillons pour un mouvement anarchiste révolutionnaire unifié.

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fakhamatou

Si pour vous... en 1999 la société était sur la bonne voie de s'organiser..., nous ne parlons pas de la même société. Comment pouvez vous citer Ait Ahmed, Hamrouche, Taleb... qui ont préféré jeter l'éponge? Les dés étaient pipés? Oui, et ils le savaient. Mais ils pensaient que leur seule présence (leur ego) allait changer les règles du jeu, tout comme Benflis en 2004. Quelle naïveté! Et ça veut diriger un pays!

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