Très cher Ramadan...

Très cher Ramadan...

Très cher Ramadan, Les Algériens dépensent presque sans compter durant votre passage, se font plaisir, et gaspillent comme, croient-ils, feraient les riches en des temps fastes.

Lorsqu’on aime, on ne compte pas, vous disent-ils affectueusement. Les économies y passent, les dettes enflent comme doublent nos tours de taille.

Cher mois sacré,

En termes de prix, c’est votre premier jour qui annonce les tendances du mois pour les aliments les plus demandés, et cette année, l’espoir de voir des tables bien garnies, colorées et diversifiées à moindre coût s’évapore à la visite des marchés.

La ruée inexpliquée des Algériens vers les épiceries, à chacun de vos passages, même en temps de crise demeure une énigme pour tous les spécialistes économiques. Ce qui est sûr par contre, c’est qu’elle contribue à cette inflation explicable sinon par une pénurie réelle, du moins par la spéculation.

Cette année encore, le constat est amer, puisque les prix des denrées alimentaires ont augmenté d’approximativement 20 % en une semaine, après un sensible recul ses derniers temps.

Très cher mois de la miséricorde,

À Alger, la patate avait le cœur gros ; elle est passée de 40 DA à 60 DA le kilo dans plusieurs marchés, une manière de se revaloriser après l’humiliation à 25 DA qu’elle a subie ces derniers jours. La tomate quant à elle, était rouge de rage ; elle est passée à 80 DA le kilo au même titre que le poivron qui ne voulait vraisemblablement pas se faire railler dans la "tchektchouka" du ftour. Le prix de la carotte était plutôt salé, ce qui a mis nos cœurs en bouillie ; elle était proposée hier vendredi à 120 DA le kilo au marché à Ain Taya. Le petit-pois, lui disputait la vedette et se vendait comme un grand à 120 DA également. La courgette n’est pas du reste puisqu’elle s’est appréciée à 120 DA le kilo alors que la veille, verte de honte, n’était proposée qu’à 80 DA.

Et que dire des fruits, sinon qu’ils se prennent déjà pour les VIP de nos tables : les dattes reines de nos désirs sucrés fluctuaient entre 450 DA et 750 DA le kilo. La pastèque et sa rouge fraîcheur nous faisaient saliver même à 80 DA le kilo. Le jaune vif du melon, et son odeur enivrante, masquaient presque son prix exorbitant de 120 DA le kilo. Quant à la cerise, 300 DA le kilo, elle reste le fruit préféré des rois. La banane à 350 DA le Kilo nous laisse un peu sans choix : son goût est à nos papilles ce que son prix est à nos bourses. La pomme, grande absente des étales est à elle seule, un appel au péché originel, une incitation à la débauche !

Très cher mois de la piété,

Voyez ce que les fidèles ont fait de vous ; une vulgaire fête commerciale. Ils spéculent sur la faim, surfent sur la misère, parient sur les envies, misent sur nos boulimies, manipulent nos comportements, aiguisent nos désirs et anticipent nos choix ! Ne dit-on pas que le but de votre venue, ô vénérable Ramadan, est de corriger nos habitudes malsaines, de nous inculquer le sens de la persévérance et les vertus de la privation ? Ne parle-t-on pas de spiritualité, de force interne, de surpassement de soi et de consolidation des âmes ?

Se démolir la panse de nourritures, après une journée de privation n’a rien de spirituel. C’est de l’acharnement digestif, du pur gavage. C’est un inversement de régime et rien d’autre : on mange toute la nuit pour dormir la journée !

Alors cher Ramadan, si vous lisez ceci, tâchez de prendre en compte ces quelques remarques amicales, pour que l’année prochaine, vous expliquiez à vos pratiquants, votre vocation première. Sinon, pour le moment, votre venue n’est synonyme que de cherté, dépenses, business et voracité de tous bords !

Hebib Khalil

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Commentaires (4) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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chawki fali

Thank you very nice article website

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