MATSOTICH !!!

Abdelmalek Sellal s'est laissé aller à des guignolades qui ont fait beaucoup rire les Algériens.
Abdelmalek Sellal s'est laissé aller à des guignolades qui ont fait beaucoup rire les Algériens.

L’actualité des discours ces derniers jours a été au plagiat éhonté. Dieu merci, une telle forfaiture ne peut pas frapper chez nous pour la simple raison que dans une déconfiture totale que peut-on greffer hormis le vacuum absolu ? Et quel est l’insensé qui commettrait l’impair de s’en prétendre père ?

Le discours dont il est question nous a plongés dans une dimension fort sympathique, limite clownesque, mais où le clown n’est autre que le sinistre ÇA, qui a traumatisé des générations entières, récidive assidûment et ô comble, nous aussi en lui tendant le billet gagnant qu’il déchirera autant que les vieux oripeaux décousus qui nous collent à la physionomie. C’est de la fashion politique, non pas la fantasque qui ne dure qu’une semaine mais l’éternelle, celle qui ne sait que se distendre et se distordre et surtout décimer. Tout a trépassé en nous, même la coultrophobie. Nous les applaudissons même. Et nous avons fini par leur ressembler. Nous partons dans tous les sens, en tous lieux. Nous sommes là où on nous attend et on attend au tournant. Nous quémandons amours alors que nous ne savons qu’honnir. Nous paradons dans nos costumes grotesques. Nous faisons la tournée de nous-même sans sourciller. Nous accumulons les représentations, pire, nous nous croyons acclamés là on nous objurgue. Nous avons perdu le sens des réalités. Nous sommes l’effraie qui n’effraie même plus. Nous sommes des clowns et de la pire espèce. Tristement écarlates, même pas quelques larmes pour la romance et surtout nous nous gargarisons des autres alors que ÇA se repaît de nous et sans vergogne.

Revenons à nos moutons si un tant soit peu, nous les avons quittés. Ah le discours, il fait rire tout le monde, ben non il est juste Kafkaïen, suintant l’imagination qui a lâché ses brides mais au lieu de s’exonérer de toute vraisemblance, il en est truffé. Mais là où même Kafka est battu, celles-ci sont réellement absurdes, oppressives et sans issue. Autrement dit, il dépeint une réalité abyssale où la sujétion coquète tellement avec la suggestion qu’elles finissent par fusionner au point où l’on ne distingue plus qui est quoi et surtout d’où les coups partent ? C’est un peu du « cinquante nuances de grey » sauf que les frappes sont vraies, voir mortelles et leurs auteurs carrément immortels. Il en est question d’ailleurs dans cette insultante harangue qui plaque la femme contre le treillage de l’absurde et la somme de s’incurver pour que prise et emprise s’empêtrent et surtout ne cessent jamais. S’en est suivi un tissu d’antilogies si inconséquent que beaucoup se sont pincés pour vérifier si ce n’est pas Morphée qui a déjanté. Ben non, c’était juste le système qui voulait se remettre en place sans grincer. Et quoi de plus indiqué pour ce faire qu’un cruel badinage en vase clos entre ennemis que rien ne sépare à la conclusion duquel chacun connaitra sa place et sera tellement comblé qu’il valsera avec sa propre hérésie.

Donc "Femmes, je vous exhorte à prendre les commandes, à vous insurger contre…Le sceau de la culpabilité systématique qui nous frappe ? À la bonne heure ! Non, bécasses, contre l’apathie de vos maris. Soyez fortes le jour du vote, participez en masse aux législatives…. On veut bien mais quoi de neuf pour notre statut ? Vos statuts, Mme Samia s’en chargera à la fin et les fera bien chalouper… you you you you yi ? Assez ! Ce sont vos vauriens de maris que je cible. Réveillez les le jour du vote… Mais il y a des portables pour ça ! Refusez de leur servir le café tant qu’ils n’ont pas voté… Comment refuser de faire ce qu’on ne fait même plus ? Comment les pousser à faire ce qui ne sert même plus ? Aucune philosophie ! Soyez plus tôt physiques et celui qui ne vote pas, rouez le de coups…. Mais on ne veut ni frapper ni l‘être ! Ecoutez-moi bien espèces de gourdes, vous traînez vos vauriens de maris aux bureaux de vote sinon on vous rentre dedans…. Mais la loi l’interdit ! Pas la justice… Bref, assez tergiversé ! Vous savez qu’on est ensemble jusqu’à ce que même la mort s’épuise alors je vous propose un deal… Dites toujours. Mourrez maintenant… OK mais en échange de quoi ? Mme Samia, augmentez la musique olééé, dansez avec vos sépultures. J’aurai aimé le faire avec vous mais le temps des braves a sonné."

Parce que et c’est affligeant de le dire, même le temps a été saisi par ÇA, il s’allonge et se rétracte à sa guise. Quant à la femme et ce discours burlesque le prouve, ses chaînes se rénovent certes et intègrent les nouvelles technologies, son champ de manœuvre s’évase aussi mais son espace public rétrécit et ses issues s’étranglent de plus en plus. Elle reste une image que tous les anathèmes strient. Le miroir fêlé qui déforme son vis à vis. La friandise qu’il est préférable de racler. La tendre face qu’il faut rabougrir pour que même la probité s’ennuie. Un solitaire qui fixe un gant. Une main qui prolonge un plâtre. Un bras incapable de signer son honneur. Un tapis qui se déroule en vase clos mais qu’on piétine à cors et à cris. Le moi qu’on exècre, le toi qu’on écroue, le tout qu’on ne déchiffre même plus, le rien qui ne s’appartient même pas.

L’homme ? La proie de lui-même qui se croit prédateur et le carnet de la jungle déployé par ÇA le confirme, il n’a pas évolué d’un iota. Toujours à se vautrer abjectement dans le marais patriarcal qui lui a été légué et notarié. Il ne se pose aucune question au sujet de cette hiérarchie brutale qui gaine les positions et proscrit toute discussion. Il y a vu le jour, il l’a subie, il l’a bien intégrée et compte mieux la reproduire. L’espace public lui appartient, la sphère privée lui obéît. Ses viols sont soit légitimes, soit légitimés. Des tapis aux mailles de fer se déroulent à ses pieds. Préceptes religieux, us et coutumes, régimes phallocrates, allégeances infuses ouvragent pour lui. Son regard sur l’autre est conditionné par sa supériorité religieuse, celui qu’il accorde à la femme est faisandé par toutes ses prépondérances. Il est bombé d’avantages mythiques, symboliques, mais cumule les perfectibilités. Il est autorisé à transgresser les droits des autres mais n’en possède même pas un. ÇA le lui rappelle si bien. Il est mal dans son poil rêche et il l’exprime en sombrant dans sa seule légitimité, ameuter le reste de sa famille et faire violence à autrui.

Alors ÇA, eu égard de tout ce qui précède et du fait que votre appel ne me concernait même pas personnellement, je n’irai pas voter aujourd’hui. Quant à mon conjoint, il est libre de le faire ou pas et je n’interfèrerai en aucun cas de la façon dont vous l’ordonnez. Vous savez pourquoi ? Parce que les aurores joyeuses que vous promettez sont au cœur des ténèbres que vous avez instaurées. Et ma raison me dit qu’à l’instant même où la pensée outrageuse de battre ton mari t’effleurera l’esprit, celui-ci t’aura déjà défigurée, ovationné par moult hérésies, alors BELEKI ? MATSOTICH. Point barre.

Houria Mära

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baker_st mazouz

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Le Matin d'Algérie

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