RPK : "Le printemps amazigh est un rendez vous avec la résistance face au déni identitaire"

RPK : "Le printemps amazigh est un rendez vous avec la résistance face au déni identitaire"

Le Rassemblement pour la Kabylie RPK) nous a fait parvenir cette déclaration à l'occasion de la célébration du 20 Avril 1980.

L'anniversaire du 20 avril 1980, date historique fondamentale dans le combat pour l’amazighité et les libertés démocratiques, constitue aujourd'hui pour les peuples amazighs un moment de rassemblement autour de ces valeurs communes. En ce jour de commémoration, notre pensée va vers ces générations de militants de la cause amazighe qui ne sont plus avec nous, notamment les jeunes du printemps noir de 2001 assassinés dans l’impunité totale jusqu’à ce jour. Leurs luttes engagées jusqu'au sacrifice ultime ont permis de faire avancer notre combat et d’aboutir à quelques acquis, certes insuffisants, mais indéniables concédés par le pouvoir autoritaire et discriminatoire algérien ayant fait usage de toutes les formes de répression et d'intimidation.

Sur le plan constitutionnel, la dimension amazighe identitaire a été ajoutée mais comme dernier complément à la construction identitaire alors que l’affirmation de l’Algérie en tant que pays arabe (terre arabe dans la version arabe) demeure encore inscrite dans le préambule de la constitution, ce qui participe du déni historique. L’Algérie n'est pas un pays arabe, c'est une terre amazighe sur laquelle s'est construite une pluralité de cultures et de langues, résultant de notre histoire, avec différentes communautés/peuples d’expression amazighe et arabophone. L’Algérie, en représentant l'ensemble de ses citoyens, se doit de réorienter ses adhésions géopolitiques régionales et internationales vers l'ensemble nord africain et méditerranéen.

L’Algérie officielle, pour être l’émanation de l’Algérie réelle, est appelée à reconsidérer ses fondements et admettre que la nation algérienne est une nation multiculturelle. Tout comme la question de l'identité nationale, la question linguistique demeure posée malgré l'inscription de tamazight comme langue officielle dans la constitution.

Le statut qui lui est réservée est en contradiction avec l'énoncé du principe de la co-officialité des langues : une langue officielle est par définition une langue de l’Etat. Le rattachement de l’Académie Amazighe à la présidence de la république, la non promulgation d'une loi organique augurent que cette reconnaissante ne sera que symbolique et ne se traduira pas dans le vécu des amazighohones, nous rappelant ainsi que la lutte pour des droits culturels effectifs est toujours à l'ordre du jour.

En rappelant qu’il n’y a pas de solution linguistique équitable dans l’Etat-Nation jacobin, le RPK réaffirme que la langue tamazight doit être la première langue des communautés amazighophones et consacrée langue d’enseignement à l'école ; ce qui exige un changement institutionnel profond de l'Etat avec la reconnaissance de statut d'autonomie pour les régions. Il revient de droit aux locuteurs de l’amazighité de décider souverainement de la politique linguistique à adopter pour le développement et la sauvegarde leur langue, loin de toutes manœuvres de blocage ou d'interférence idéologique à travers une graphie ou un contenu œuvrant à la déculturation.

Dans sa déclaration fondatrice, le RPK a affirmé qu’il s'inscrit pleinement dans le combat amazigh pour le recouvrement de l'identité première de l'Afrique du nord en travaillant à la solidarité avec tous les mouvements amazighs activant dans cet espace géographique en mutation. En observant cette lame de fond qui traverse plusieurs pays, nous sommes fiers que l’éveil à la conscience amazighe ait émergé sur notre terre kabyle et que ce flambeau pour la liberté et la dignité ne se soit jamais éteint, sa lumière allant même en s'amplifiant pour atteindre toute l'aire de l'amazighité, des Iles Canaries à l'oasis de Siwa.

On ne peut pas évoquer le printemps berbère sans faire un état des lieux sur les questions démocratiques et les droits de l’Homme. Sur le premier point, même s’il y a un semblant d’ouverture politique, nous ne pouvons pas manquer de relever que depuis son accès à l’indépendance en 1962, l’Algérie n’a jamais connu une alternance dans le pouvoir, les élections se suivent et se ressemblent mais c’est toujours le même personnel politique, résultant de la filiation du clan d'Oujda, qui gouverne à ce jour. Concernant les droits humains fondamentaux; malgré leur consécration constitutionnelle, les libertés d’expression, d’opinion et de croyance sont quotidiennement violées. En Kabylie, les militants souverainistes font l’objet d’un harcèlement permanent des services de sécurité, à travers les interpellations et les intimidations, alors que dans la vallée du M’Zab, des prisonniers politiques, à leur tête Kamel Eddine Fekhar, continuent de subir une privation de liberté intolérable.

Face à la volonté manifeste de confiscation par le pouvoir de la symbolique du 20 Avril, le RPK réaffirme que le printemps amazigh est un rendez vous avec la résistance face au déni identitaire, à la domination culturelle et à la domination politique. Toute volonté de folklorisation de cet événement est vain, aussi nous invitons les citoyens à célébrer le 20 Avril, dans la dignité, la diversité et dans les formes qui ont permis son émergence.

Kabylie, le 19 avril 2017

Le Coordinateur du RPK

Hamou Boumedine

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Service comptabilité

merci pour les informations

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adil ahmed

merci

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