Le système et le changement

Le système et le changement

Il faut fermer la parenthèse actuelle et amorcer un processus démocratique seul à même d’arrêter la descente aux enfers des dix dernières années. » Le propos a été tenu par Rachid Benyelles, général en retraite, qui a relevé que l’armée ne pèse plus rien sur la scène politique car neutralisée par Bouteflika et son ministre de l’Intérieur qui ont « installé un régime policier ». Il propose la suspension de la Constitution et des partis politiques, la dissolution du Parlement et la mise sur place d’un Conseil national « devant garantir l’instauration de la démocratie ». Cette approche se veut un approfondissement du débat sur les moyens de sortie de la crise actuelle caractérisée principalement par l’absence d’alternance politique au pouvoir. Mais le changement du système par le système proposé par Rachid Benyelles a-t-il des chances de voir le jour au vu du rapport de forces actuel ? Depuis une cinquantaine d’années, Aït Ahmed propose à peu près le même scénario – une Constituante – mais sans résultat aucun.

Car il y a une réalité souvent sous-estimée : le système – ou l’ordre établi – est devenu particulièrement fort, nourri des relations d’intérêt, de clans et de régions qui se sont tissées au fil des décennies, puisant leur source dans la guerre de libération, voire dans le mouvement national. Tout un personnel politique a été porté au pouvoir où il s’est autoproclamé détenteur de l’intérêt national et continuateur de l’esprit de Novembre. Ces gens-là, nul ne pouvait les déloger sauf lorsqu’ils règlent des comptes entre eux, parfois avec violence. Toutefois, la société a montré qu’elle pouvait dire son mot et parfois même changer le cours des événements. Octobre 1988 a été la riposte foudroyante des jeunes à un horizon de désespoir, le printemps berbère puis Avril Noir des réponses au déni identitaire institutionnalisé.

Les émeutes populaires sont apparues comme des réponses appropriées au mépris des autorités et les syndicats libres ont appris à arracher des espaces de négociation sur le terrain des luttes. C’est dans cette combativité de la société algérienne que réside le changement véritable, loin des appareils stériles et c’est ce que n’ont pas compris nombre de partis et de personnalités politiques qui, en tournant le dos aux luttes et aux souffrances, ne sont pas allés bien loin, finissant souvent par servir d’alibis aux autorités en quête désespérée de crédibilité démocratique ou par peur de mourir dans l’opposition cédant carrément aux sirènes du pouvoir. Le discrédit d’une partie de l’opposition politique trouve sa source dans cette incapacité à se hisser au niveau des exigences populaires et dans leurs querelles mesquines de leadership.

La volonté du régime incarné par Bouteflika de se pérenniser, de reconduire les mêmes mœurs et les mêmes hommes, alors qu’ils sont porteurs d’échec total, se nourrit des errements, des hésitations et des égoïsmes au sein de tout ce qui est communément appelé le camp démocratique ou le camp du changement. Un retournement de situation est-il possible ?

Par Ali Bahmane (EW)

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Commentaires (17) | Réagir ?

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rayan hamiani

du moment que le general mohamed mediene existe l'algerie se portera tres mal l'homme par qui tous les corompus de l'algerie s roconaisse

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Benali

Aucun peuple au monde n'accepterait de confier son sort à un président malade physiquement et mentalement.

A fortiori lorsqu'il s'agit d'un grand peuple comme le peuple algérien, qui a toujours été au rendez-vous de l'Histoire.

Et l'Histoire l'interpelle aujourd'hui, dans toute sa splendeur.

Hommes et Femmes de toutes les régions du pays, Jeunes, Vieux, Civils et Militaires toutes fonctions et grades confondus, disons Basta à cette poignée de malfrats, menés par un président totalement out, qui s'agrippent honteusement a leurs koursis usurpés, pour continuer la mise à sac du pays, commencée en 1999.

Vive l'Algérie éternelle !

A bas les régionalistes et les dictateurs.

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