Ali Benflis : "L’Etat national est dans une situation de crise profonde"

Ali Benflis : "L’Etat national est dans une situation de crise profonde"

Ali Benflis, président de Talaïe El Hourriyet, a fait une intervention le bureau territorial du parti à Jijel.

"En Algérie, le colonialisme a pris toutes les formes d’un crime d’agression, d’un crime de génocide et d’un crime contre l’humanité", tonne Ali Benflis dans son discours devant acquise à sa cause.

"Il y a cinquante cinq ans, l’Algérie recouvrait sa souveraineté et son indépendance (...) Mais après cinquante cinq ans, dans certains milieux français, la mentalité coloniale est toujours là ; l’esprit colonial est toujours là ; les obsessions coloniales sont toujours là. Le système n’admet pas sa défaite ; il n’accepte pas son démantèlement ; il ne veut pas reconnaitre que l’Histoire lui a donné tort et qu’elle l’a condamné de manière irrécusable", observe-t-il.

L'ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2014 revient longuement sur les méfaits de l'ordre colonial, rappelant qu'"il n’y a rien, absolument rien à glorifier dans le système colonial. Il n’y a que des torts à redresser ; il n’y a que des méfaits pour lesquels il faut savoir exprimer des regrets. Il n’y a que des blessures profondes et des souffrances indicibles injustement infligées à notre peuple et pour lesquels il faut savoir présenter des excuses".

Dans son réquisitoire contre le colonialisme, Ali Benflis rappelle que de grandes Nations coloniales ont fait leur "examen de conscience", citant la Hollande, l'Allemagne, l'Italie, la Grande Bretagne qui ont demandé des excuses aux pays qu'ils ont colonisés. Puis il s'interroge : "pourquoi donc l’ordre colonial français ferait-il exception dans cette tendance mondiale ?"

Pourquoi l’ordre colonial français s’exonérait-il de ses méfaits et de ses crimes ? Et pourquoi l’ordre colonial français resterait-il le seul à continuer à s’enorgueillir d’une tentative de destruction totale d’un peuple et d’une Nation ?

Après avoir fait un long détour par l'histoire moderne algérienne et ses nombreux combats, Ali Benflis en vient à l'actualité brûlante.

"L’Algérie, occupe-t-elle avec dignité et fierté, la place qu’elle mérite parmi les autres Nations du monde ou, au contraire, n’est-elle plus qu’un sujet de dérision pour certains et d’apitoiement pour d’autres ?", s'interroge Ali Benflis. Puis de demander encore : "Algérie, qu’est-il advenu de ta victoire ? Le rêve pour lequel sont tombés les meilleurs des enfants de ce pays et cette ambition que la génération de Novembre a placé plus haut que tout tardent à se réaliser. L’Algérie n’est toujours pas un Etat démocratique, un Etat de droit et une société des droits et des libertés."

Algérie, qu’est-il advenu de ta victoire ? Les algériennes et les algériens ont-ils recouvré la plénitude et l’intégralité de leurs droits et de leurs libertés ? Hélas non. La jouissance des libertés est brimée, réprimée et vidée, chaque jour un peu plus, de son sens et de sa substance. L’exercice des droits légitimes est contenu et placé sous haute surveillance.

L'analyse est sans concession puisque selon l'ancien chef de gouvernement : "L’Etat national est, aujourd’hui affaibli, vulnérable et menacé par un système politique qui s’est mis lui-même et a mis avec lui l’Etat national dans une situation de crise profonde et sans précédent".

Benflis convoque les mânes de la révolution et remet en perspective les objectifs ratés des gouvernants. "Les Algériennes et les algériens ne contrôlent pas leurs gouvernants qui estiment n’avoir de comptes à rendre à personne."

Il y a quelques mois Ali Benflis a déclaré qu'il n'y a aucun projet présidentiel, précisant l'importance de celui-ci pour aller de l'avant. Il ne se privera de pourfendre "l'impasse politique totale avec pour enjeu la pérennité de l’Etat national". Benflis en appel à un examen sérieux de la situation économique du pays. "La lucidité de reconnaitre la gravité de la situation actuelle du fait de la concomitance d’une crise politique, d’une crise économique et d’une crise sociale". Ajoutant que "l'inertie et l’immobilisme ne peuvent absolument pas être une option salutaire pour notre pays."

La rédaction

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Commentaires (7) | Réagir ?

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fateh yagoubi

merci

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adil ahmed

merci

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