Retour sur l'assassinat de Mouloud Feraoun et ses compagnons (Vidéos)
L'immense Mouloud Feraoun, plume prometteuse de la littérature algérienne, a été assassiné le 15 mars 1962 avec cinq autres éminents inspecteurs et responsable des Centres sociaux et éducation nationale à Alger.
"A Alger, c'est la terreur. Les gens circulent tout de même et ceux qui doivent gagner leur vie ou simplement faire leurs commissions sont obligés de sortir et sortent sans trop savoir s'ils vont revenir ou tomber dans la rue. Nous en sommes tous là, les courageux et les lâches au point que l'on se demande si tous ces qualificatifs exitent vraiment ou si ce ne sont pas des illusions sans véritable réalité. Non, on ne disctingue plus les courageux des lâches. A moins que nous soyons tous, à force de vivre dans la peur, devenus insensibles et inconscients. Bien sûr je ne veux pas mourir et je ne veux absolument pas qe mes enfants meurent mais je ne prends aucune précaution particulière en dehors de celles qui, depuis une quinzaine, sont devenues mes habitudes : limitation des sorties, courses pour acheter "en gros", supression des visites aux amis. Mais chaque fois que l'un d'entre nous sort, il décrit au retour un attentat ou signale une victime". C'est là le dernier texte écrit, le 14 mars 1962, par Mouloud Feraoun sur son journal.
Le 15 mars 1962, quatre jours avant la signature des accords d'Evian, à Alger par un commando de l'OAS. Il s'agit de l'écrivain d'expression française, Mouloud Féraoun. Auteur de plusieurs livres dont "Le fils du pauvre". Ils étaient six, ce 15 mars, à tomber sous les balles de la haine, Mouloud Féraoun, Max Marchand, Marcel Basset, Robert Eymard, Salah Ould Aoudia et Ali Hammoutène, algériens et français, tous des inspecteurs de l'éducation nationale.
Pour l'histoire, ce commando envoyé par "Roger Degueldre dirigé par deux cheeefs des commandos Delta, Jo Rizza et Gabriel Anglade et comprenant Félicien "Kixi" Gardiola, "Petit Vincent", "Pierrot la Grue" et "Jeannot" Martinez y fit irruption et exécuta froidement six hommes désarmés, collés au mur" (1). Bien des années plus tard, les terroristes qui ont lâchement exécuté ces six hommes de coeur n'ont pas exprimé de remords. L'un d'eux témoignait dans le livre "OAS, histoire interdite" : "Mouloud Feraoun avait refusé de manifester sa solidarité avec la France dans une cérémonie à Aumale. Mouloud Feraoun avait comparé nos jeunes combattants à des "vieillards impuissants" (...) Eh bien il s'est trompé ! Il nous restait encore un tout petit peu de virilité".
Encore cette année, aucun petit mot de la télévision nationale ! Ni le journal d'expression française de 19h, ni celui de 20h. Les médias publics ont remisé l'assassinat de grand auteur et ses compagnons dans les nombreux tiroirs de l'oubli. La télévision nationale a "superbement" passé sous silence cet anniversaire d'une élite qui s'était sacrifiée, malgré les risques, à inculquer le savoir.
Achour Boufetta
(1) Alain Ruscio "Nostalgérie, L'interminable histoire de l'OAS", Editions La Découverte.
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MERCI
danke schoon