ANALYSE : Qu’est ce qui se joue aujourd’hui avec Gaza et la Palestine

 ANALYSE : Qu’est ce qui se joue aujourd’hui avec Gaza et la Palestine

Par-delà la complexité bien réelle de la situation, au regard de son histoire déjà longue et de l’état de double dégradation de la société palestinienne et de la démocratie israélienne, il nous faut en venir à une analyse froide et raisonnée. Bien entendu l’urgence appelle un cessez le feu immédiat. Il est normal que l’émotion, à la vue des images de massacres, il n’y pas d’autres mots, prenne le pas. Cependant la situation des dernières années à Gaza le montre (on peut avoir le même raisonnement pour la Cisjordanie) la sortie de guerre passe par une paix viable avec un Etat palestinien véritable, une véritable économie, une vraie société, une vraie souveraineté.

Deux questions me viennent ensuite : à quoi sert cette guerre du point de vue capitaliste, au niveau mondial et global ? A quoi joue la France et son président, une France qui est loin d’être neutre et joue un rôle phare sur le devant de la scène mondiale ? Question qui s’insère dans la première, sarko ne dit-il pas que cette guerre est un enjeu international, certes mais de quel enjeu parle-t-il.

I/ Sur le premier point.

A quoi sert cette guerre du point de vue capitaliste, au niveau mondial et global ?

Intéressons nous tout d’abord au contexte du capitalisme d’aujourd’hui. Un monde qui s’est structuré autour de 2 choses : la victoire du libéralisme économique et l’entrée en guerre du monde dit libre, ou encore occidental, contre le terrorisme depuis le 11 septembre. Une entrée en guerre qui facilite la mainmise sur les marchés, le pétrole, le gaz (tiens tiens avec le conflit autour de Gazprom...)...

Un monde pourtant déligitimé en peu de temps sous l’effet de multiples facteurs, tous convergents :

la crise financière mondiale parti du coeur du capitalisme, les states ;
les crimes US en Irak et en Afghanistan avec la mise en évidence d’une volonté de + en + colonialiste et une perte de légitimité morale ;
on peut aussi citer le développement à la fois de la misère / précarité dans le monde et la prise de conscience des drames écologiques à venir qui font du modèle de production capitaliste un modèle désuet, même si pour beaucoup il reste le seul modèle existant.

Parallèlement les résistances augmentent : C’est vrai en Amérique du Sud, il y a aussi l’enjeu chinois. En Europe aussi, la situation est fragile, singulièrement après les échecs successifs du Nouveau traité Européen qui n’a pas marqué une adhésion des populations. Regardons les dernières révoltes de la jeunesse grecque, un pays aux racines anti capitalistes fortes. En France, observons ce qui bouge, les résistances, la grande journée du 29 janvier, le mouvement enseignant qui touche aux fondements mêmes de la société, de notre vivre ensemble ce que l’on appelle tout bonnement la République et fait reculer à plate couture Darcos et le gouvernement.

Indiquons aussi, l’effet, l’espoir, suscités au niveau international par la victoire d’OBAMA. Je ne parle pas de ce qu’il est et fera, je parle du ressenti des peuples.

Aujourd’hui pour le capitalisme l’enjeu me semble double :

comment conserver son hégémonisme, y compris par la force des armes (version Bush) ou par la persuasion (version Obama/Al Gore) les deux versions pouvant au demeurant converger, il n’est pas inutile toutefois de marquer des différences à ce niveau.

comment garder l’avantage idéologique, la guerre aide bien avec tous les concepts qu’elle peut véhiculer : peurs, repli, haine de l’autre... Il y a aussi un enjeu autre : pour exister, être légitime le capitalisme a besoin d’un ennemi, d’un adversaire. Sera t-il progressiste ou terroriste ?

Depuis le 11 septembre, les jeux étaient faits. L’ennemi désigné et terroriste. Belle alliance objective en fait entre 2 pôles capitalisme et Al Quaida. Elle rend aussi les choses faciles : désormais tout acte de résistance est assimilable au terrorisme. Elle rend les choses + délicates pour les forces progressistes dans ce monde binaire qui convient bien à Bush : monde libre, entendez monde capitaliste contre terrorisme.

On n’en voit pas moins toutes le potentialités avec des peuples n’ayant pas perdu leurs aspirations progressistes, à cela s’ajoute la force du débat, de la démocratie dés lors qu’elle peut s’épanouir.

D’où l’importance de délivrer une lecture progressiste à la fois du passé du présent et des potentialités d’avenir. De donner des clés de lecture, de compréhension face à la com déferlante de l’idéologie dominante, d’ouvrir un champs d’espoir.

La France est un pays clé à ce titre par sa dimension progressiste et son rayonnement international qu’il ne faut pas sous-estimer.

Cela me conduit au deuxième point : quelle mouche pique sarkozy aujourd’hui

II / A quoi joue la France et son président, une France qui est loin d’être neutre et joue un rôle phare sur le devant de la scène mondiale ?

Il se conduit en fait comme le VRP d’un capitalisme qui utilise avec Israel l’un de ses bras armés. Il se positionne de fait comme l’un des leaders, sous protection américaine quand même, du capitalisme.

On ne peut enlever à sarko, une cohérence idéologique forte lui qui vient de faire des voeux « Otaniens » aux Armés ; vient faire la leçon au peuple de Gaza, se porte en leader du capitalisme et vient de tenter à Paris de relégitimer le capitalisme. Nicolas Sarkozy a estimé jeudi que la crise du capitalisme financier n’était pas "la crise du capitalisme" et que l’anticapitalisme était "une impasse", à l’ouverture de la conférence internationale "Nouveau monde, nouveau capitalisme" à Paris. Ce jeudi 8 janvier. "La crise du capitalisme financier n’est pas la crise du capitalisme (...) l’anticapitalisme, c’est une impasse, c’est la négation de tout ce qui a permis d’asseoir l’idée de progrès", a-t-il estimé devant la chancelière allemande Angela Merkel et de l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair. "On doit moraliser le capitalisme et pas le détruire (...) il ne faut pas rompre avec le capitalisme, il faut le refonder", a insisté le président français, accusant ceux qui refusent cette "refondation" de "faire le lit de ceux qui veulent détruire la capitalisme". "Soit on refonde le capitalisme, soit on le détruit", a poursuivi Nicolas Sarkozy, se prononçant une nouvelle fois pour un capitalisme "d’entrepreneurs" que l’Etat devrait "animer, entraîner". "Il faut rééquilibrer les rôles respectifs de l’Etat et du marché", a-t-il dit estimant que la crise actuelle signait "le retour de l’Etat (et) la fin de l’idéologie de l’impuissance publique".

Il n’est pas neutre que le président d’un pays comme la France légitime, car il s’agit bien de cela, le recours à la guerre comme mode de règlement, tout juste se cantonne-t-il au crédo humanitaire. C’est comme pour le capitalisme, il faut simplement moraliser la guerre !!!!! En clair il donne un blanc seing, un permis de massacrer à Israël. Le tout sur le même mode binaire que Bush : d’un côté le monde occidental, libre, démocratique, capitaliste, de l’autre des peuples terroristes et pas simplement des organisations comme le Hamas. Il légitime toute la politique d’Israël qui a repris toutes les approches, y compris sémantiques de l’ère Bush : guerre préventive, territoire déclarée hostile (comme gaza part l’Etat israélien), mise sous tutelle permanente, recours à la force systématique en ayant que faire des règles internationales, de l’ONU.

Il n’est pas anodin de voir que sarkozy fait cette démarche en même temps que dans ses voeux aux armées délivrées depuis le Liban avec un passage éclair il indique que la France va réintégrer toutes les dimensions de l’OTAN. Le chef des armées a évoqué la complémentarité de l’Alliance Atlantique, l’OTAN, avec l’Europe de la Défense, précisant que « les deux seront d’autant plus forts que la France y participera pleinement ». On retrouve là, la dimension guerrière qui était intégrée dans le Traité européen avec une approche mondiale.

On voit bien la démarche enclenchée de faire de cette visée une démarche récurrente du nouveau capitalisme qui resterait campée sur le fonds des années Bush avec une Europe mise aussi dans le sens de cette marche.

On remarque aussi l’inflexion de la politique française qu’il convient de bien mesurer, notamment dans ce qui faisait l’une de ses originalités par le passé. L’ami est désigné : Israël, l’ennemi aussi : le Hamas, quand au peuple palestinien il peut se faire massacrer tranquille avec le cynisme le plus total. C’est un retournement complet qui en impose aussi à Mahmoud Abas et aux palestiniens qui se retrouvent avec un allié de poids en moins.

Dans le même temps, se pose le développement futur des événements avec notamment les enjeux pétroliers et l’Iran. Quelle logique va prévaloir : guerre ou coopération ? En ce sens, cette guerre est aussi une mise en condition de la future administration OBAMA lequel n’est pas clair avec l’Iran, chauffant alternativement le chaud et le froid. Pour l’heure, le capitalisme continue de choisir la voie guerrière, une voie qui doit en imposer à tous les peuples, aux forces et aux individus qui se lèvent pour résister, créer un autre monde que celui des subprimes, de la précarité, du chômage, de la faim, des morts de froid.... Dans le cadre de la cohérence évoquée, en France le plan de relance inclut plus de 2 milliards d’€uros de budget.

Un monde de peur, remarquons comment sarkozy et les médias à son service s’en servent pour incliner à la soumission, au repli sur soi, à la peur de l’autre.

Résister, c’est peut être commencer par comprendre les enjeux qui se cachent derrière ces événements, les comprendre pour mieux les maîtriser, échanger, débattre et se battre. Et mesurer le niveau de cohérence idéologique de la droite en France, une droite + que dangereuse. A nous de relever le défi idéologique et politique.

Vianney le Vacon

Janvier 2008

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Toufik

Salut a tous les lecteurs, j'ai une question a poser tous les lecteurs ou a tous ceux qui sont pris par le probleme de Gaza:peut-on étre un roi plus que le roi?peut-on étre des palestiniens plus que les palestiniens?Sur le plan economique :Palestine importe plus de 76% de ces importations, et les arabes disent qu'on doit boycotter les produits israelien. c'est vrai qu'un a moment donné y availt le probleme entre l'etat hébreu et l'etat palestinien mais maintenant il n'est plus un probleme entre etats, c'est un probleme entre palestiniens, un probleme entre Hamas et Fatah:Hamas a concquis la bande de Gaza, et Fatah n'a pas pu l'arracher de ces mains et il trouve que c'est un danger pour lui alors il a fait appel a son adversaire de libérer Gaza de la main mise de Hamas. Y a t i que Gaza qui interesse les juifs?pourquoi pas les autres localités, mais ces localités sont entre les mains de Mahmoud Abbas et qui dit ce dernier dit Israel mais pas l'etat qu'il soit-disant représente. Je voudrai bien saluer Hamas mais pas ceux qui reculent pour rejoindre la société civile qui est victime des attaques. Enfin, c'est choisir entre la peste et le Choléra (Fatah ou Hamas). Opter pour l'abstension tout de meme c'est un choix imposé. Comme disait Ford: il faut bien choisir la couleur de sa voiture a condition qu'elle soit noire. et merci

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indigéne

Le massacre en Palestine a commencé avant l'arrivée du HAMAS ou du FATAH de Yasser Arafat. S. V. P. par respect aux civils assassinés garder votre venin pour d'autres circonstances moins dramatiques.

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