Gouvernez-nous, mais taisez-vous !

Les puissants de l'heure nous assènent leur propagande à longueur de discours.
Les puissants de l'heure nous assènent leur propagande à longueur de discours.

Ce ne sont pas les coups de vos bâtons qui nous font mal ni votre gouvernance cataclysmale, ni vos matraques ni vos balles réelles, mais vos leçons de morale et vos harangues théâtrales qui vous servent de palle pour couvrir vos scandales.

Vous savez bien que vous n’avez nullement besoin de voile ou de cheval de Troie afin de vous introniser rois sans foi ni loi pour nous imposer votre choix et votre voie. Vous êtes les concepteurs des lois, vous êtes les faiseurs des malheurs et des joies, mais votre viol oral que vous croyez banal est pire qu’une pénétration anale. Il détruit le moral et il infecte la moelle.

Prenez le gaz et le pétrole et entassez les opales, le précieux métal, les euros, les dinars et les dollars, bouffez du caviar, buvez du pinard et vénérez les chouyoukh d’El Azhar, mais arrêtez vos charres et ne nous prenez guère pour des ignares, nous ne sommes pas des gniards.

Dans ce bas lieu, sur cette terre de nos aïeux, vous vous êtes proclamés Dieux, exaucez vos vœux, gouvernez-nous, mais s’il vous plaît, taisez-vous !

Vous roulez sur l’or, vous êtes les plus forts, vous êtes notre triste sort, dans la longévité, vous avez battu les records, même avec votre mort, vos torts se revigorent. Tout sur cette terre mère vous abhorre. Vous êtes notre cauchemar de l’aurore à l’aurore. Gouvernez sans décor ! Le peuple vous implore de l’épargner de vos viols sonores. Nous savons que vous détenez la boîte de pandore. Vous êtes de païens cantors. Donnez-nous des coups, tordez-nous les cous, entre vous, partagez nos sous, mais ne nous prenez pas pour des idiots, épargnez-nous de vos discours odieux ! Gouvernez-nous, mais taisez-vous !

Nous sommes labourons et vous êtes moissonneurs. Nous combattons les semeurs de l’horreur et vous leur faites la cour. Nous dénonçons les pilleurs et nous moisissons dans vos geôles. Vous laissez notre fertile terre en jachère et vous accusez la main étrangère.

Prenez l’éther, la terre, les fonds des mers et tout ce qui est sous terre sans faire d’inventaire ! Dans une main, tenez le cimeterre et avec l’autre tirez nos cercueils vers le cimetière, mais nous vous supplions de vous taire !

Nous vivons dans les douars et les dortoirs et vous dites qu’ils sont des tours d’ivoire. Nos hôpitaux sont des mouroirs et vous nous demandez de garder espoir. Nos défaites, vous les qualifiez de victoires. Du haut de vos perchoirs, vous nous lisez des grimoires pour nous convaincre d’aller aux isoloirs pour vous mandater à nous déchoir. L’école brisoir d’espoir et abreuvoir du noir, vous le décrivez de lieux de la raison et du savoir au moment où vos hoirs lisent Hugo et Simone de Beauvoir et font leurs recherches dans de prestigieux laboratoires occidentales. Chers Messieurs, chez vous nous sentons l’odeur des loups, vous pouvez rester en haut, mais taisez-vous !

Préparez vos menottes, donnez-nous de mauvaises notes, mais nous les sans-culottes, même si nous devrons manger des crottes, nous refuserons toujours votre carotte et nous ne lécherons jamais vos bottes et nous ne serons jamais des ilotes, car nous ne côtoyons pas les coyotes, alors cessez vos ragotes

Jouez aux échecs, libellez les chèques et nous, nous accumulerons les échecs. Mangez des steaks et des rumstecks et nous, nous croquerons du pain sec. Une partie de nous rêve de l’Europe, de l’Amérique et du Québec, l’autre danse aux victoires des Fennecs et la dernière songe à la Mecque pour avoir de splendides obsèques.

Vous êtes des génies dans le jeu. Vous êtes les gagnants. Prenez tout, mais s'il vous plaît, taisez-vous !

Rachid Mouaci

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Jafnouhou

Merci, Monsieur Rachid Mouaci, pour ce poème dramatique, concernant tous ces FDP qui nous gouvernent. J'ai dit FDP, mais je crois que leurs mères n'y sont paradoxalement pour rien.

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moh arwal

Thanemirth a mister Mouaci