Soufiane Djilali : "Il faut en finir avec le mépris du peuple-sujet de la part des gouvernants"

Soufiane Djilali, président de Jil Jadid.
Soufiane Djilali, président de Jil Jadid.

Discours de M. Soufiane Djilali, Président de Jil Jadid au premier congrès ordinaire qui se tient aujourd'hui 25 février 2017.

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux,

Mesdames et Messieurs,

Voilà cinq ans de cela, Jil Jadid venait d’organiser son congrès constitutif. Nous venions alors, avec quelques hommes de conviction, de poser les premiers jalons d’une action politique dont nous espérions depuis longtemps la concrétisation, que la fermeture politique du régime avait retardée. Mais il était loin de l’idée à sa mise en œuvre. Il ne s’agissait pas pour nous d’avoir un agrément, de porter des titres, d’organiser par ci, par là des exhibitions publiques pour discourir et donner des leçons aux uns et aux autres.

Non, pour nous, le défi répondait à un devoir que nous devions assumer. Un parti politique doit être d’abord un creuset pour une conscience politique à la hauteur des difficultés de notre nation.

Ce n’était donc pas le nombre de sièges à l’assemblée législative qui nous importait, ni les manchettes des journaux.

Nous voulions construire une organisation humaine de qualité, réunir des hommes et des femmes capables d’assumer des responsabilités, de bâtir une équipe compétente, de grande valeur morale et en prise avec le réel.

Nous avions conscience que cela aurait pu rester juste un rêve, un programme illusoire qui aurait buté contre des difficultés, pratiquement insurmontables : Pas de financement de nos activités, pas de soutien dans une société écœurée par la politique, nombreux obstacles dressés par le pouvoir, arsenal juridique stérilisant, incompréhension de l’intelligentsia.

Aujourd’hui, cinq ans après, c’est à vous, Mesdames et Messieurs, de juger sur pièce.

Jil Jadid, est le parti des nombreux cadres, jeunes, engagés, plein d’enthousiasme, qui sacrifient de leur temps, de leur argent, qui dépensent des efforts, sans compter et sans attendre une rémunération en retour sinon la satisfaction de contribuer à construire l’avenir de leur pays.

Le bilan qui vous a été présenté est celui d’une équipe. Celle-ci mérite vos encouragements et votre témoignage. Je ne doute pas que notre pays ait besoin de ce type d’initiative. Après avoir donné une identité, une personnalité et un discours à Jil Jadid, le temps est venu de présenter à l’opinion nationale un projet de société pour favoriser la décantation des idées et la formalisation de courants de pensées novateurs. C’est le défi de Jil Jadid pour les prochaines années.

Car, au final, il faut clarifier aux Algériens nos intentions. Il faut leur dire ce que nous-mêmes avons compris des problèmes de notre société pour proposer ensuite des remèdes.

Le problème politique n’est en fait que la partie visible de l’iceberg. Pour construire un système politique fiable et efficace, il faut rétablir les équilibres internes à notre société. Or, celle-ci est profondément affectée par des distorsions jusqu’ici largement occultées.

C’est autour de ces questions que nous essayerons d’initier des débats avec nos concitoyens, que nous espérons fertiles, sur la base de notre projet de société.

En effet, l’Algérie affronte une mutation profonde de ses structures sociétales. Nous passons d’une société traditionnelle à une forme de modernité naissante non encore stabilisée. Les changements des valeurs anthropologiques sous jacentes à la société ont provoqué des troubles très profonds des comportements et un désarroi de la collectivité. C’est l’univers social, affectif, qui est en cause. Une modernisation exogène et impensée, imposée à une société traditionnelle sclérosée a désorienté les Algériens et créé un malaise par la perte de repères intériorisés.

Depuis 1962, la société qui était en place, dite traditionnelle, a été attaquée violemment par des valeurs nouvelles, souvent antagonistes à celles qui la fondaient. Jusqu’à aujourd’hui, et extérieurement, malgré certains remaniements visibles, cette société traditionnelle semble être toujours souveraine. En réalité, ses piliers internes ont été sapés. L’édifice tient dans certaines de ses parties mais n’est plus fonctionnel. La tradition ne répond donc plus aux raisons qui l’ont constituée.

Les Algériens ne le savent pas encore, mais avec la destruction de la société traditionnelle, ils sont eux-mêmes directement atteints : leur programme comportemental est devenu inapte à poursuivre un travail collectif. Ils deviennent nuisibles les uns pour les autres, antagonistes entre eux et finalement sombrent tous dans le stress, le mal-être et le désarroi. Cette dynamique ne va pas sans poser des problèmes, aux hommes, bien entendu mais aux femmes elles-mêmes également.

Les hommes sont souvent perdus entre l’idéal du moi qu’ils ont reçu de la tradition en héritage et la nouvelle réalité. L’homme ne sait plus ce que signifie sa virilité. Il n’est plus le seul maître des ressources financières de la famille. Il ne sait pas toujours ce qu’il peut autoriser à son épouse et à ses filles et ce qu’il doit interdire, au nom de son autorité et sous le parrainage de la tradition. Parfois, au nom de celle-ci, il s’oppose à la volonté de la femme mais n’arrive plus à se faire obéir. La contestation est toujours au bout de n’importe quelle décision.

L’homme devra réajuster ses valeurs, reconsidérer la logique de ses relations et réactualiser le sens qu’il donne à sa virilité. Il est impératif que l’école, la mosquée, les médias et les hommes de culture, lui expliquent et lui clarifient la nouvelle philosophie de vie, sans quoi, il trainera longtemps un désarroi qui peut devenir dangereux.

Quant à la femme, elle aura également à payer une contrepartie pour la conquête de sa liberté. Déjà, elle se plaint du manque de coopération de son conjoint, elle souffre d’assumer non seulement les anciennes charges des femmes au foyer mais aussi de nouvelles responsabilités domestiques, d’éducation des enfants et parfois des finances du couple. Cela explique la courbe ascendante des divorces. La reconfiguration des rapports à l’intérieur du couple cause de plus en plus de cas de séparation. La femme se retrouve face à des difficultés que la société n’a pas prévues. D’autres, en faisant le choix de la réussite professionnelle, souffrent du célibat.

Mais, la question qui se pose pour chacun de nous, à titre personnel, est : que faire concrètement ? Maintenant que la tradition est en pleine débâcle, pouvons-nous vivre sans structures sociétales ou bien doit-on (et peut-on) la remplacer par autre chose ? Y a-t-il une société «moderne» prête à l’emploi et que signifierait-elle au juste pour nous ?

Le couple société-culture moderne a donné naissance à une civilisation matérielle et technologique exceptionnelle offrant une puissance extraordinaire aux pays développés. Mais elle n’est pas sans paradoxes. Elle véhicule également des valeurs destructrices du lien social, de la solidarité et de la fraternité. La spiritualité s’est rétrécie en peau de chagrin. Les univers affectif, sécuritaire, matérialiste et spirituel sont déséquilibrés. L’homme a de grandes difficultés à trouver les raisons de vivre. Par dépit, il ne reste plus que la recherche de l’activation et l’excitation de ses sens.

Lorsque l’on regarde de près les sociétés dites modernes, surtout avec l’œil de la tradition, elles apparaissent comme froides, rationalistes à la limite du cynisme, inscrivant tout acte humain dans les colonnes «actifs» et «passifs» des livrets de comptabilité. Tout est traduit en chiffres.

Il est donc légitime de se demander si le démantèlement des traditions ne nous mènera pas au vide dépressif, voire suicidaire. Les croyances en des stéréotypes structurants étant maintenant inopérantes, seule la force extérieure des lois peut alors s’imposer. L’Etat, qui détient le monopole de la violence, est sommé de sévir pour maintenir l’ordre.

Un projet de société doit clarifier la vision du futur de la nation. C’est la dimension doctrinaire de la gestion de la cité. Pour concrétiser ces projections, il faut un instrument qui puisse engager, au nom de la société les réformes et les politiques désirées.

Dans les sociétés modernes, c’est l’Etat qui assume ce rôle. Or, dans nos sociétés traditionnelles, l’Etat est un concept encore flou et son rôle est plutôt assimilé à celui d’un régime politique. D’autant plus que pour la mémoire collective algérienne, l’Etat a trop longtemps était assimilé au pouvoir de l’envahisseur étranger. Funeste confusion.

La solidarité organique de notre société est liée au système affectif de la famille et plus largement à celui de la tribu. Les règles de légitimation de l’autorité relevaient, il y a peu encore, des relations de sang ou à tout le moins à l’appartenance tribale, ethnique ou régionale.

En Algérie, le sentiment d’appartenance à la nation est encore fragile. Le territoire est immense et malgré l’uniformité religieuse les différences identitaires sont multiples. L’histoire, hachée et caractérisée par des flux et des reflux des pouvoirs dynastiques médiévaux et des indépendances et colonisations successives, n’est pas un liant suffisamment puissant pour créer un capital symbolique puissant et dépasser sans risque la grave crise actuelle. Seule, la révolution algérienne a pu constituer un mythe fondateur encore vivace pour la nation. Malheureusement, ce capital symbolique a été très largement entamé par le régime politique établi depuis l’indépendance du pays.

Dans l’optique d’un ressourcement de la nation, il faudra régler définitivement la question identitaire en général et du tamazight en particulier. Son enseignement à large échelle, y compris en dehors des zones amazighophones devient une nécessité historique même si cela doit se faire progressivement et en respectant les particularités régionales.

Il est donc venu le moment d’ouvrir très sérieusement le dossier de la question identitaire. Celle-ci relève non pas d’une quelconque position politique chauvine ou idéologique mais d’une dimension touchant à l’intégrité de la nation. Ce débat doit être mené de concert avec la classe politique, la société civile et les universitaires qui lui ont déjà consacré leurs efforts, leurs travaux et leur intelligence.

L’Amazighité doit être comprise par tous comme un patrimoine fondateur de la personnalité algérienne. Elle doit trouver auprès de tous, les moyens de son sauvetage d’abord puis, de son épanouissement, selon les modes d’expression que le génie populaire lui attribuera. Un effort académique devra être mené à son terme. Une valorisation des différents dialectes du tamazight devra être engagée et développée. Le recensement du patrimoine oral mais aussi culturel au sens large devra être entamé au plus vite. En tifinagh, en lettres arabes ou latines, l’essentiel aujourd’hui est de recueillir notre mémoire collective et de la préserver. Quitte à ce que la génération suivante fasse le choix définitif de sa graphie.

Il n’y aura pas, à l’évidence, une société algérienne fière d’elle-même sans l’Islam. Mais il n’y aura pas d’avenir pour l’Islam historique et de civilisation, s’il n’y a pas clarification rationnelle de ses fondements et un retour à la spiritualité divine.

L’Islam a d’immenses réserves spirituelles. Ce sera l’atout déterminant pour faire épanouir et renforcer notre personnalité et notre identité. Dans cette optique, il sera essentiel de déconnecter l’Islam des structures de la société traditionnelle. L’Islam ne doit pas être mis au service d’une forme obsolète de société. Tout au contraire, l’Islam, dans sa dimension divine et spirituelle doit aider les hommes à devenir des êtres libres et libérés des conditionnements sociaux archaïques.

Pour trouver une solution contemporaine à leurs graves problèmes, les musulmans devront comprendre qu’ils doivent discerner entre l’essentiel et l’accessoire, entre spiritualité et rite, entre l’adoration de Dieu et celle du chemin qui mène à Lui. Réactualiser notre approche et notre compréhension de l’Islam sera notre "akaba".

Mesdames et Messieurs,

L’Etat qui fut constitué à l’indépendance est exposé à une contestation d’une part pour son manque flagrant de légitimité et d’autres part pour des raisons intrinsèques à la société qui n’a pas encore consolidée son sentiment national. Or, la nation ne sera confortée qu’avec le sentiment de citoyenneté, ce qui suppose deux conditions : le dépérissement des atavismes tribaux et régionalistes et la forte présence d’un Etat de droit.

Dans cette phase historique d’effondrement des structures de la société traditionnelle, c’est à l’Etat de remplir le vide qui s’annonce à l’horizon. La déstabilisation de l’univers religieux qui accompagne la déliquescence de la tradition a porté un coup à la morale en générale. Le désordre s’installe alors inexorablement dans tous les compartiments de la société, la menant peu à peu vers sa désagrégation.

Pour maintenir un ordre social, il faut recréer de nouvelles structures sociétales à même de remplacer les anciennes et réinventer une cohésion et une cohérence sociales perdues.

Les vieilles valeurs anthropologiques n’étant plus en mesure de maintenir debout et fonctionnel l’édifice de la société, il ne reste plus d’alternative en dehors d’un "exosquelette"conçu par le politique, formalisé par le législateur et imposé, au besoin par la force de la légitimité et de l’autorité publique. Autrement dit, cet "exosquelette" prend l’apparence d’un Etat moderne. Or, sa fiabilité et sa pérennité dépendent de sa légitimité : le pouvoir politique doit être soumis à la volonté populaire et son action doit être juste, morale et applicable à tous, sans discrimination ou exclusion.

L’Algérie, grâce à la révolution, a érigé un Etat. Cependant, celui-ci présente trop de faiblesses et trop d’incohérence pour pouvoir être qualifié «de droit». Pour des raisons historiques faciles à appréhender, le régime politique n’a jamais légitimé son action par un véritable consensus national. Les luttes pour le pouvoir ont jusqu’à présent prévalu sur le droit. Les institutions sont fragiles, souvent malmenées par les luttes d’influence et les scrutins frelatés. L’armée, colonne vertébrale de l’Etat depuis la lutte pour l’indépendance, se retrouve sous contrainte, enjeu des différents groupes d’intérêt. Elle perd peu à peu, par le jeu des alliances familiales et des puissances d’argent montantes, sa liberté décisionnelle et son rôle d’ultime arbitre.

Entre 1962 et 2016, la société a beaucoup changé et s’est complexifiée. Les enjeux financiers et économiques, les difficultés du développement, les besoins immenses d’une démographie incontrôlée et vigoureuse, le terrorisme, l’insécurité géopolitique et géostratégique, le vieillissement et l’usure des gouvernants… appellent à des réformes très profondes du mode de fonctionnement de l’Etat et de son organisation.

Les institutions politiques doivent retrouver leur rôle primordial de médiateurs entre les différents compartiments de la société. La justice doit absolument assumer son rôle et ses responsabilités. L’administration doit être renouvelée tant dans sa composante qu’en qualité. L’Etat de droit doit assurer la sécurité, la justice et l’équité entre les citoyens. Il doit organiser la vie politique et l’accès aux responsabilités institutionnelles. L’administration doit être au service de l’Etat et celui-ci, au service de la société.

Pour atteindre ces objectifs, il faut donner une légitimité et un dynamisme à l’Etat de droit par une organisation politique démocratique. En effet, c’est par le jeu sain des institutions démocratiques que la société peut retrouver une stabilité, un dynamisme et une vitalité qui la libère du fardeau du sous développement et de ses incohérences endogènes dû à l’obsolescence et à la désagrégation de ses anciennes structures.

Désormais, l’autorité doit être le résultat d’un rapport de raison pas celui d’un rapport de force. Le consensus doit être obtenu par le dialogue et la négociation. Processus long et difficile mais inévitable pour une construction sûre et pérenne de l’Etat.

La démocratie ne peut être imposée par décret. Cependant, il ne faut pas s’abriter derrière l’échec de la première tentative de démocratisation dans les années 90 pour reporter sine dia toute ouverture. Démocratie ne doit pas signifier désordre et anarchie. Toutefois, ordre et paix civile ne peuvent signifier régime autoritariste, élections trafiquées et justice aux ordres.

Un pouvoir responsable de sa charge doit préparer très sérieusement les mentalités à l’exercice de la démocratie. Il ne s’agit pas forcément de copier les régimes démocratiques mais d’entamer un processus qui doit aboutir à la sélection d’une classe politique digne de ce nom.

En effet, il n’est pas logique, qu’au nom d’une démocratie mal comprise, n’importe quel individu puisse se proposer à être élu pour présider aux destinées de sa collectivité locale ou pour concevoir les lois du pays ou même diriger l’Etat. De vrais écoles de formations doivent préparer les citoyens à devenir responsables et ce, en dehors de tout critère idéologique ou d’appartenance politique. La notion de mérite doit trouver là matière à réflexion et à traduction dans les faits.

Pendant longtemps encore, la nature du régime algérien restera d’ordre présidentialiste. La mentalité algérienne et la mémoire collective exigeront à la tête de l’Etat, un homme incarnant la volonté générale. Plus que cela, l’institution sécuritaire formera l’axe central de l’Etat. Ce n’est pas ici une question philosophique ou politique mais ontologique.

La société algérienne, hormis au niveau locale, n’est pas outillée pour un régime parlementaire. Ni son histoire, ni sa psychologie ne s’y prêtent. D’ailleurs, dans la phase actuelle, l’un des écueils à la démocratie est cette réticence au travail d’équipe et au respect des institutions dans leur fonctionnement. Les partis politiques ont les plus grandes difficultés à se construire sérieusement. Il est vrai que le pouvoir en place ne les aide pas, tout au contraire. Il reste que le chemin est encore long pour aboutir à une démocratie épanouie. Pourtant il est essentiel de s’atteler à la construire dès maintenant. L’avenir passe par l’action du présent.

Le système institutionnel algérien doit donc être réformé en fonction de ces données. Pour les résumer, il s’agit d’impliquer la population à assumer ses responsabilités politiques à travers les partis politiques mais en canalisant l’accès aux institutions à travers des normes raisonnables et progressives dans leur ouverture.

A un autre niveau et même si le Président de la République incarne le choix souverain de la population, des balises constitutionnelles très strictes sur l’emploi du pouvoir doivent être clairement posées. Il faut rapidement sortir de l’ère du "zaïmisme" absolu et entrer dans celle des institutions fortes. Il faut mentalement quitter l’esprit tribal et familial pour entrer dans l’organisation institutionnelle et légale. Il faut en finir avec le mépris du peuple-sujet de la part des gouvernants et entrer dans l’ère du peuple-citoyen.

Aux côtés des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, un pouvoir sécuritaire doit être défini sans complexe. Rappelons-nous qu’in fine, l’Etat n’est que l’outil le plus moderne et le plus évolué qu’a exigé l’univers sécuritaire psychique de l’homme depuis toujours. C’est l’Etat qui est chargé du monopole de la violence. C’est lui, qui défend la patrie et la nation. Et le monopole de la violence légale est dévolu à l’Etat, à travers ses institutions sécuritaires.

Le monde d’aujourd’hui est peu sûr. Les transformations dans le monde arabo-musulman vont causer des troubles dans la région pendant de longues années devant nous. Monde arabo-musulman qui vit la phase de destruction de la société traditionnelle exactement comme l’a vécue l’Algérie durant la décennie 90. Des pays conservateurs, donnant l’image de la stabilité sont appelés à entrer dans le tourbillon de la modernité avec fracas dans un avenir proche. Pour toutes ces raisons et pour d’autres encore, l’Algérie aura besoin pendant longtemps encore d’une sécurité renforcée et d’un Etat fort au sens politique.

La société algérienne est à la recherche d’elle-même. Même si un projet de société cohérent et d’avenir est engagé dès maintenant, il faudra néanmoins du temps pour voir les premiers fruits. Entre temps, alors que le pays devra s’ouvrir, édifier l’Etat de droit et se préparer à une vie politique démocratique, il sera nécessaire de maintenir une politique répressive à l’encontre de la violence et de la délinquance dues à l’effondrement de la société traditionnelle avec ses conséquences sur la déliquescence de la morale. Lorsque l’Etat de droit aura réussi à conforter les nouvelles structures d’une société désirée par les citoyens, alors la dimension sécuritaire s’apaisera ; elle sera bien moins sollicitée. La paix sociale reviendra lorsque la paix des âmes sera une réalité. D’ici là, il y aura fort à faire : éduquer et former les nouvelles générations.

Eduquer les générations montantes et reconstruire une société qui soit moderne, efficace et agréable à vivre, exige la mobilisation des médiateurs et des formateurs.

Dans la situation actuelle du pays, le pouvoir politique à travers les hommes et les femmes publiques aura une très grande responsabilité. C’est à lui de donner l’exemple, de faire les sacrifices nécessaires, de montrer sa disponibilité et surtout son respect absolu pour les lois et la morale publique.

Cependant, ils ne seront pas les seuls à devoir assumer ce rôle. La société civile, l’élite en générale, les icônes tant sportives que culturelles devront s’impliquer. Mais au-delà de tous ces acteurs, certaines catégories seront plus précisément et plus spécialement concernée.

Mesdames et Messieurs,

Aujourd’hui, nous sommes devant vous, et à travers vous, devant l’opinion nationale.

Nous voulons vous avouer nos limites.

Nous voulons dire aux Algériens, que seuls, nous ne pourrons pas aller aussi vite que la situation de notre pays l’exige.

Nous avions tant voulu que les partis politiques se solidarisent pour aider le système à changer. Cette voie est pour le moment encombrée d’égoïsmes et de calculs politiciens.

J’ai espoir, qu’avec la société dite civile, une véritable coopération puisse s’engager.

Je lance d’ici un appel à toutes celles et à tous ceux qui sont convaincus que nous devons, ensemble, assumer le devoir qui nous appelle.

Nous avons besoin les uns des autres. Entendons-nous sur l’espoir, sur l’avenir, sur la paix, sur l’entente et la fraternité, et offrons-les à notre peuple qui les attend depuis trop longtemps.

Merci à vous,

Vive l’Algérie.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Service comptabilité

merci pour les informations

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DSP beddiare

Merci et bonne journée

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