Tchad : le report des législatives est une décision "dictatoriale" pour l'opposition

 Saleh Kebzabo, à droite, et Ahmat Mahamat Al-Habo,responsable du Fonac.
Saleh Kebzabo, à droite, et Ahmat Mahamat Al-Habo,responsable du Fonac.

Idriss Déby Itno a annoncé qu'il reportait sine die les élections législatives, prévues depuis 2015, par manque des moyens. "En période de vache maigre, on ne peut rien faire", a déclaré le président tchadien.

La ruse par la crise est la dernière trouvaille d'Idriss Déby pour renvoyer aux calendes grecques les élections législatives. Bel argument pour mettre en guillemet la démocratie.

Les législatives coûteraient aussi cher que la présidentielle, soit 52 milliards de francs CFA. "C'est trop de luxe en cette période", a justifié Idriss Déby. Réactions.

Les élections se tiendront "peut-être en 2019", a annoncé le président tchadien. Les autorités doivent "revoir leur copie", déclare à RFI maître Midaye Guerimbaye, président de la Ligue tchadienne des droits de l'Homme. "Cette fois-ci le pouvoir est allé très loin dans sa remise en cause de la démocratie au Tchad», s'inquiète-t-il. Les libertés de manifester, les libertés d’association et le droit de la grève ont déjà été remis en cause or, selon maître Midaye Guerimbaye "on ne peut pas faire de la démocratie avec le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire".

Le coût du scrutin: "une fausse question"

Et il s'étonne de l'argument invoqué par le président Deby, le coût du scrutin. "On nous dit qu’il n’y a pas d’argent, qu’on ne peut pas organiser les élections, [mais] on sait que les députés bénéficieront des salaires mensuels, c’est les indemnités qui vont être coupées", précise maître Midaye Guerimbaye.

Même interrogation du côté de Younous Mahadjir, vice-président de l'Union des syndicats du Tchad (UST) : où est passé l'argent ? "Pourquoi les recettes ne viennent pas ?", interroge le responsable syndical, selon lequel invoquer le coût du scrutin pour le reporter est "une question fausse et c’est une diversion pour les travailleurs, afin de pouvoir encore continuer à escroquer les Tchadiens."

Une décision unilatérale

La décision de reporter les élections est prise unilatéralement. Sans la moindre consultation. Ce report décidé unilatéralement est un déni de démocratie. "Comment on peut vivre dans un pays où le pouvoir, pour ne pas dire tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’une seule personne ?", interroge encore maître Midaye Guerimbaye alors que Younous Mahadjir dénonce le caractère "dictatorial" du président : "Je suis surpris que monsieur Déby décide unilatéralement de reporter les élections qui sont une affaire très importante, une affaire politique, une affaire de démocratie, une affaire de liberté, une affaire qui concerne tous les Tchadiens, et qu’il décide, comme ça, sans consulter au moins les partis politiques de l’opposition".

La rédaction/RFI

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Commentaires (2) | Réagir ?

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DSP beddiare

شكرا حزيلا

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adil ahmed

bien