L’école comme garant de la non-disparition du fait francophone ontarien

Ahmed Tessa et le directeur de l’école Maurice-Lapointe.
Ahmed Tessa et le directeur de l’école Maurice-Lapointe.

Les provinces et les territoires du Canada sont les entités administratives dont le territoire couvre totalement le territoire canadien. Le Canada compte dix provinces et trois territoires, qui sont des États fédérés possédant, dans leurs champs de compétences législatives, des pouvoirs souverains, indépendamment du gouvernement fédéral. L’un des plus importants de ces pouvoirs souverains étant le système éducatif.

Pour des raisons historiques et économiques, les provinces les plus importantes sont les deux voisines; le Québec à majorité francophone et l’Ontario à majorité anglophone. La province du Québec a pour capitale la ville de Québec, mais la principale métropole étant Montréal. Elle possède une seule langue officielle qu’est le français.

L'Ontario dont la seule langue officielle est l’anglais, est la province la plus peuplée du Canada avec ses 13,5 millions d'habitants en 2012. Sa capitale est Toronto, également la plus grande ville canadienne. Ottawa, capitale fédérale du Canada, se situe sur son territoire, à la confluence de la rivière des Outaouais, ou se trouve la ville de Gatineau.

L’ensemble Ottawa-Gatineau (anciennement Ottawa-Hull) constitue la région de la capitale nationale du Canada. C’est dans cette région où réside la deuxième plus grande communauté amazighe, essentiellement kabyle, du Canada après celle de Montréal. Elle est organisée autour de l’association ACAOH (Association Culturelle Amazigh d’Ottawa-Hull) créée en en 1999.

Au fait la création de cette association était une exigence du Ministère de l’Éducation de l’Ontario pour servir d’intermédiaire entre la communauté amazighe et le ministère en question via le conseil scolaire du district d’Ottawa-Carlton (OCDSB), notamment pour le choix des manuels et le recrutement des enseignants de la langue amazighe. OCDSB est l’équivalent d’une académie scolaire d’un arrondissement donné selon les systèmes éducatifs français et ceux de ses ex-colonies dont l’Algérie.

OCDSB est parmi les quelques autres académies scolaires qui offrent un programme dit : IPL (International Langages Program). Tamazight est parmi les rares langues acceptées avec un code, aussi bien au niveau primaire que secondaire, et ce grâce au dévouement de quelques membres fondateurs en 2000/2001. Nous reviendrons un jour pour raconter en détail l’histoire de l’introduction de tamazight au sein du Ministère de l’Éducation de l’Ontario à travers l’OCDSB.

En Ontario, il existe 76 académies scolaires publiques dont OCDSB, équitablement réparties entre établissements laïcs et établissements religieux. Seulement quatre académies scolaires laïques sont francophones alors que les 34 autres sont anglophones. Des 38 académies scolaires à caractère religieux 8 sont francophones catholiques, 29 anglophones catholiques et une seule anglophone protestantes.

Au total, 15.79% des académies sont francophones. Ce qui est immense quand on sait que selon le recensement de 2011 seulement 561 155 des Ontariens sont francophones de langue maternelle, soit 4,4 % de la population ontarienne. Faut-il rappeler que seulement 340 295 Ontariens utilisent le français à la maison, soit 2,7% de la population ontarienne.

La minorité francophone ontarienne résiste tant bien que mal pour ne pas disparaître. Le fait d’avoir 3 TVs dont TVO, Radio-Canada-Ontario et TV-Rogers-Ottawa, quatre journaux dont Le Droit et L'Express de Toronto et deux radios, est jugé pas suffisant comme antidote à la disparition du fait francophone en Ontario. Les Ontariens ont bien compris que l’école en constitue la solution adéquate. D’où l’investissement en temps, en argent et en lobby politique pour arriver au jour d’aujourd’hui à créer 350 écoles élémentaires et 105 écoles secondaires.

Le directeur de l’une de ces écoles qui fait partie de l’académie scolaire CÉPÉO se trouvant à Ottawa a reçu Monsieur Ahmed Tessa. Les deux ont eu une fructueuse discussion pour une collaboration ou un jumelage éventuel entre cette école et une autre en Kabylie/Algérie. Surtout dans le contexte de tamazight langue officielle, qui ne doit pas se contenter de quelques heures d’enseignement facultatif/optionnel par semaine. Au contraire elle doit être comme langue d’enseignement, dans les régions amazighophones, comme le Français au Québec, mais aussi dans les régions arabophones ou vivent des amazighs (Alger, Oran, ...). Exactement comme l’est le français dans les écoles publiques francophones de l’Ontario.

L’expertise de Monsieur Ahmed Tessa et sa longue expérience en pédagogie associées à une telle éventuelle collaboration, si elle se concrétise sur le terrain, pourraient être d’un grand atout pour matérialiser le fait Amazigh sur le terrain de l’éducation. Le transfert de l’expérience gestionnaire pour la sauvegarde de la langue française en Ontario à travers l’école en aidera grandement.

Rachid At Ali uQasi

Ottawa, le 1er Novembre 2016


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